Treize

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Paris,
mars 2022

𝗔𝘇𝗮𝗹𝗲́𝗲

Mon téléphone sonne soudainement me réveillant mais je n'ai pas la force de sortir de ma couette alors je le laisse sonner, il sonne encore une bonne dizaine de fois avant que de violents coups résonnent dans tout mon appartement, je sais que c'est Mathieu mais encore une fois je n'ai pas la force de sortir de mon lit pour aller lui ouvrir.

La porte d'entrée s'ouvre brusquement et se referme dans un claquement sourd avant que les pas du blond n'arrivent jusqu'ici.

- Putain Azalée tu peux pas répondre quand on t'appelle ? Je ne répond rien mais étouffe un sanglot contre ma main, je l'entend faire le tour de mon lit puis le matelas s'affaisse juste devant mon moi. Tout va bien ?

Il soulève la couette mais je la rattrape et la remet sur ma tête, il la reprend et tire plus fort cette fois-ci.

- Laisse Mathieu. Je lance avec difficulté.

- Parle-moi Azalée.

Il écarte les mèches de cheveux de mon visage et découvre par la même occasion mes larmes, ses sourcils se froncent et il me relève avant de poser ses mains sur mes joues.

- Putain Azalée dis moi c'que t'as.

Je secoue la tête et plonge contre son torse en le serrant aussi fort que je peux.

- Je peux pas vivre sans lui. J'ai encore besoin de mon père.

Une de ses mains tient fermement ma tête contre son torse tandis que l'autre me caresse doucement le dos. Il se déplace un peu pour mettre son dos contre ma tête de lit et rabat la couverture sur mon corps à moitié dénudé.

- Fais pas comme si tu m'avais jamais vu à poil Mathieu. 

Il rigole et embrasse le sommet de ma tête.

- C'est pas pareil aujourd'hui.

- J'y arrive plus Mathieu, j'aime mon travail mais maintenant c'est devenu une corvée pour moi de me lever et de me retrouver devant mes élèves.

- Alors arrête, te rend pas malade.

- Je peux pas arrêter de travailler comme ça.

- Azalée écoute. Je lève ma tête vers la sienne qui arbore un sérieux que je ne lui reconnais pas. Ce que je vais te dire va sûrement pas être cool à entendre et j'accepterais la réaction que tu auras mais tu as passé ta vie à vivre en fonction de ton père pour qu'il ne se sente jamais seul ou abandonné et tu t'es impliquée à fond dans ton taf sans jamais penser à toi mais tu devrais vivre pour toi, faire des choses pour toi, sois heureuse pour toi et non pour les autres.

- Mathieu-

- Tu te rend compte que toute cette situation te rend physiquement malade ? Tu peux pas continuer Azalée.

Je sens une fissure se former dans mon cœur quand la voix de Mathieu se brise à la fin de sa phrase, je pensais pas que mon état l'inquiétait autant. Je me redresse et m'assois en tailleur à côté de lui, il remet la couverture sur mes jambes nues créant mon sourire. Il a raison sur toute la ligne et j'ai du mal à accepter cette vérité.

- Je suis désolée de t'inquiéter autant. Il pose sa main sur ma joue et m'offre un petit sourire.

- C'est quand les vacances pour toi ? Me demande t-il en laissant tomber sa main sur ma cuisse.

- Le 22 avril au soir.

- Alors profite en pour partir quelques part, oublie tout pendant deux semaines et repose toi.

- Tu viendras avec moi ?

- Je pourrais pas mais tu m'appelle quand tu veux.

Je hoche simplement la tête triste qu'il ne puisse pas venir mais je comprend qu'il a du travail, qu'il doit certainement préparer sa tournée et je ne veux pas non plus lui imposer ma mauvaise humeur.

- Tu veux manger ?

- J'ai pas faim mais si tu veux manger fais comme chez toi.

- Bouge ap je reviens.

Il quitte ma chambre et je m'assois en m'adossant à la tête de lit, la douleur de sa perte est toujours aussi atroce et je ne sais pas si j'arriverais à vivre avec cette douleur pour le reste de ma vie. Mes pensées sont interrompues par le retour de Mathieu avec un paquet de chips et un pot de glace, il retire ses chaussures et s'assoit sur mon lit en ouvrant le paquet de chips.

Il prend la télécommande et allume ma télé avant de mettre un film au hasard, il va pour mettre sa main dans le paquet de chips mais je le lui vole avant.

- Pas faim ? Me demande t-il en riant.

- L'appétit est arrivé.

Il éclate de rire et ouvre le pot de glace qu'il pose entre nous deux avant de me tendre une cuillère, je me déplace et me rapproche de lui.

Je tourne par la suite ma tête vers Mathieu qui a l'air à fond dans le film, j'analyse son visage et ses cheveux où ses racines commencent à bien se voir maintenant.

- Tu compte un jour arrêter les décolorations blonde ?

- Un jour. Me répond t-il avec un petit sourire.

- Tu finiras chauve ou avec une calvitie si tu continue. Il me pousse doucement et je me rattrape à son bras. Je dis seulement la vérité.

- Ça va me porter la poisse, tu devrais la fermer. J'éclate de rire devant son visage tout grimacé et il passe une main dans ses cheveux avant de se tourner vers moi. J'ai pas de calvitie hein ?

J'inspecte ses cheveux minutieusement en prenant bien mon temps et place ensuite mon visage en face du mien.

- Aucune calvitie à l'horizon monsieur.

Il souffle soulagé tandis que j'essaye de l'imaginer chauve dans ma tête, il tourne son visage vers moi et attrape mon menton entre ses doigts tatoués.

- Pourquoi tu souris comme une guedin ?

- Pour rien. Il hausse un sourcil et lâche mon menton.

Le paquet de chips et le pot glace se retrouvent vide et sur le parquet de ma chambre, je suis allongée la tête sur les cuisses de Mathieu qui est concentré sur son téléphone.

- Pourquoi tu m'a appelé au fait tout à l'heure ?

- J'ai pas le droit d'appeler ma pote ?

- C'est pas ce que j'ai dis Mathieu. Je rétorque en lui pinçant la cuisse.

- Aïe mais t'es une ouf toi. Je rigole alors qu'il relève ses jambes pour se détacher de moi.

Il ramasse nos emballages vides et sort de ma chambre en râlant. Je l'entend faire un bruit pas possible dans la cuisine mais je ne me relève pas pour aller voir. Il revient ensuite et se rassoit dans le lit en attrapant ma tête et en la remettant sur ses cuisses sans aucune douceur.

- Toi et la douceur vous êtes pas amis. Il me pince les côtes et j'éclate de rire.

- J't'emmerde Azalée.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant