Déviance

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Parfois, il arrive que nous nous pointons au mauvais endroit au pire moment, là encore, une seconde suffit à commettre l'irréparable. Je n'ai pas seulement détruis mes amis, je devine que je ne m'épargne pas non plus, m'incluant dans l'horrible lot de mes victimes.

Je ne me rappelle pas les raisons de ma mort mais à tous les coups, je me suis auto-détruit, loin de mon rôle d'innocent bienveillant. Tout arrive pour une raison. Je m'efface par culpabilité, inéluctablement rattrapé et accusé par mes insanités. Celles qui me poussaient à tirer à la mauvaise heure. Je suis un fou qui avoue. J'ai tué mon père.

Pourtant, avant mon long départ, j'aidais. D'ailleurs, j'ai sauvé Daniel. — L'an dernier, il pleuvait au beau milieu du printemps, les gens se plaignaient des météos insensées.

Quelques mois lui suffisait à en arriver aussi bas, assez ironique de se jeter du haut d'un bâtiment lorsqu'on se sent si inférieur. Le temps gris lui appartient désormais.

Quelqu'un interrompu nos cours, nous prévenant pour le gars désespéré, au-dessus du monde, maître de sa destinée. Je croisa Sam, me rappela de ce jour où il cita une réplique de Titanic, à nouveau, elle semblait adaptée cyniquement.

Il se tenait, là, en-haut d'une foule qui se développait et je regardais, devinant qui se plaçait sur le toit des dortoirs. Le sculpteur tenta d'attraper mon bras et de me demander ce que je fichais, ses mains salies l'en empêchèrent, je l'ignora en me rapprochant.

Je compris de qui il s'agissait et couru, montant les escaliers quatre à quatre, paniqué, je manquais de tout dévaler en roulade, heureusement, je carburais à l'adrénaline et aucun retour en arrière. Un instant, la gravité ne m'atteignait plus.

Essoufflé, j'ouvra la porte qui menait au haut. Par chance, il ne sauta pas immédiatement et je lui cria :

« DANIEL !

-Paul ? N'essaie pas de m'en dissuader.

-Je t'en supplie, écarte-toi du vide !

-Non !

-Je t'en prie je suis à bout de souffle là...excuse-moi, viens, on va en parler.

-Ma vie ne peut pas être pire que ce qu'elle est !

-Alors elle ne peut que s'améliorer !

-Ça ne marche pas comme ce que t'aimerai me montrer !

-Qu'est-ce qui mérite que tu sois au bord du vide, que tu finisses aussi misérable ?

-De la confiance mal placée. »

Nos erreurs, nos douleurs, nos regrets amers six pieds sous terre, tous se raccrochent à la même question, celle concernant les personnes qu'on considère comme apte de notre foi. Un rien nous fracasse et ce rien est relié à ces gens.

— Un rien nous différencie et nous sommes les nuances du monde. Je suivais les tristes pistes, me traînant à utiliser une arme contre un semblable. Pour nous la vie s'arrête là, tout ça n'a plus d'importance.

Cependant, vivant sur l'instant, je piquais une crise d'angoisse à la surface, incapable de me débrouiller seul, je me précipita sur la cabine téléphonique la plus proche, composa le seul numéro qui me revenait :

« Evan ? Je sais, il est tard.

-Allô ?

-C'est Paul.

-Quoi ? Est-ce que ça va ?

-Pas vraiment.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-J'ai besoin que tu viennes. Je ne suis pas fier de ce que je viens de faire.

-Hein ?

-Je t'expliquerai, essaie de prévenir les autres.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant