Schémas

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Les vieux schémas ressortent, ce matin, je propose : « Une infusion ? », par habitude, je reçois une réponse affirmative, pourtant, je ne m'imaginais pas quelqu'un d'autre, autre que Paul, ailleurs que dans mon lit, évitant d'autres endroits, dormir chez-moi.

Elle insiste : « Je peux aider pour le loyer. » Je refuse : « Tu dors sur le canapé, non. » Eva boit ce que je lui sers et commence à s'inquiéter :

« Tu te couches tard.

-Je me fatigue d'ennuie, dans ce moment où j'arrête de penser.

-Tu bois combien de café ?

-Je n'en sais rien, un et deux thés. Je sais, c'est terrible, surtout en observant les plantes que je laisse crever à côté.

-Tu t'occupes de toi, si je t'ai laissé ton lit c'est surtout pour cette raison. »

J'avale ma deuxième tasse de café, je suis un désastre. « Merci de comprendre. » je dissimule un mensonge. Je me débrouille mais je n'irai pas jusqu'à approuver que je m'occupe bien de moi. Déjà, si c'était le cas, je commencerai par fermer les yeux la nuit, arrêter de dériver de mon travail universitaire, me focalisant sur le cas de l'absent.

— Seul dans mon lit, je me repasse notre histoire, je me perds au cours de mes nuits en manque de sommeil stable. Je lis et fui, fatiguant mes yeux qui ne suivent plus. Peut-être qu'ailleurs, déchirant l'espace-temps, il existe un autre univers dans lequel je ne ruine pas l'important à cause de mes émotions réprimées. —

Sam exclut, je confia à Daniel que je le jalousais à une époque, il était surpris et je lui expliquait le pourquoi. Il ne visait pas entièrement faux en nous casant en tant qu'amours du poète. Il a ajouté qu'il le glissait déjà auparavant, subtilement alors j'ai réalisé que je devais le partager à mes amis cette fois.

Je ne doutais pas de sa fidélité, au moins, j'ai la certitude que quelqu'un m'aimait. —Aucune idée de là où il se trouve, qu'est-ce que je vais faire ? Me la fermer et enquêter. Je ne montrerai que ce que je contrôle.

Je reçois un nouveau message de Sam, hier, il essayait de se maintenir éveillé mais à un moment, plus de nouvelles de lui. Il s'excuse de ne pas être Batman ou un acolyte qui ne se repose jamais. Dès le réveil, mes yeux me piquent, le café et le thé me dépannent dans le contexte. Lorsque dans l'ennui, on ne retrouve plus de repose, nous tombons bas.

Incapables de passer un jour entier seul ces derniers temps, on covoiture. Sam klaxonne, Eva songe :

« On est une famille toxique, tous ensemble où rien.

-Donc hier, c'était un repas de famille ?

-Je ne règle pas l'additions de beaucoup d'inconnus, je confirme. Vous vous amusez à créer des compils ?

-Evidemment, je ne sors plus sans.

-Comportement de l'oncle classe, se moque Eva.

-Non, seulement celui d'un vrai SAM dans l'anagramme du bon conducteur, 'Sans Accident Mortel', tu sais.

Pourtant, à travers la matinée sombre, d'autres phares apparaissent, fonçant droit sur nous, à deux doigts d'exploser le par brise et nous en même temps, une seconde suffit, nous sourions tous.

J'hurle, me déchire presque la voix, Sam me réprimande : « La ferme ! Je ne veux pas perdre le contrôle du véhicule, je l'aime cette voiture. » Je me mélange d'excuse, je me perdais dans l'irréel paraissant si vrai.

Et là, je sais que je suis une épave, à confondre stupidement le rêve et le monde où j'évolue. Gêné, j'en conclus : « J'ai dû m'assoupir. » et le conducteur recommande de ne pas me fondre en terreur nocturne.

Nous descendons, affrontant les regards de ceux qui nous entourent, l'épuisement que je me cause diminue l'impact, je suis affaibli. Je deviens plus social, pas besoin d'alcool.

J'adresse mon plus agréable sourire à la foule constante, aux gens qu'on ne reverra plus, qui vivent tous plus-ou-moins pire ou meilleur que nous et on se contentera de quelques regards, coexistant un bref instant sur la même place.

D'après une étude, on croiserait au moins trois psychopathes dans toute notre vie. Si demain, si on me prouvait que Paul le dissimulait, rien ne m'étonnerait notamment depuis la pire nuit de ma vie, j'effacerai les détails, les trainerai hors de ma mémoire et me tairai.

Daniel sort de la foule, agitant ses doigts en guise de salut, je l'incite à nous rejoindre d'un signe de tête et il s'approche. Ils arrêtent de rire, pour Sam, on ne remarque rien de naturel dans sa façon de se couper. Je ne suivais plus l'échange, focalisé ailleurs, je les présente et le nouveau s'étonne :

« Tu es LA Eva ?

-Célèbre ?

-Tout dépend de ce que tu entends par-là.

-Celle qui a embrassé mon ex alors qu'on sortait toujours ensemble.

-Non ? s'intéresse Sam.

-Là, ça devient captivant !

-Quoi tu n'es plus avec Sierra ?

-Je me suis barré longtemps, je lui ai laissé sa liberté.

-Oui, je l'ai embrassé...

-...Attends quoi ? s'exclame Sam, je te voyais comme quelqu'un de plus responsable. Je me sens...

-...Trompé ? Je comprends, moi aussi.

-Joli vocabulaire ! je complimente.

-...Mais pour me défendre, je n'en savais rien.

-Sans rancunes et puis, de toute façon on n'est plus ensemble. »

Les mots 'je luis ai laissé sa liberté' tournent dans ma tête, alors qu'on continue de taquiner Eva, fatalement, je replonge dans notre pire rencontre.

« Sa personnalité me faisait craquer, comment tu t'attendais à ce que je réagisse ? » essaie-t-elle, nous coupant. Il lui conseille de foncer, elle explique que rien ne changera par sexualités contradictoires et ajoute : « Sa couleur ressemblait à celle de l'amour, comment la larguer ? » Il justifie : « Parfois, on se fuit à cause de nos ambitions excessivement différentes pour continuer, j'ai décidé d'arrêter là. »

Je comprends, m'associe à chaque paroles. Paul et moi, toujours presque. Encore et encore. Pourtant, jamais rien, jamais quelque chose. Toujours au bord. Il suffisait d'un pas de plus, de trois mots, d'une affirmation, nous n'en avons pas parlé.

— Sous la lune bleue, je pleurs, nos conseils, nos contacts, nos mots, nos gestes, rien ne comptera. Je suis victime du ciel meurtrier à cause d'une simple lettre :

« Mon cher amour,

Tu valais l'absolu, patientant pour ce que je ne saurai te laisser.

Dans un monde où l'amour se cache, je devais être voulu.

Je me suis senti attendu,

J'ai été voulu.

Tu m'as aimé.

Désolé... » J'évite les mots suivants.

Pauvre écrivain. Je dérive en quelqu'un de rasoir. Je ne pensais pas péter autant les plombs. Je suis fracturé, non, abandonné et entièrement brisé. Froissés, il ne fonctionneront plus nos schémas.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant