Fumer tue

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S'ils se rendaient compte qu'ils recherchaient quelqu'un de toxique, abandonneraient-ils mes traces ? Certains entraînent d'autres vers le bas et malheureusement, parfois, j'étais ce mauvais poison, cette dangereuse fréquentation.

Laissez-moi abandonner mes rôles : le fils exemplaire, le meneur, l'ami vénéneux, le poète, l'étudiant... La pression ne me réussissait pas : je finissais par me damner à coup de tabac. Ce choix lâche déplut à mes amis.

Je me suis battu pour des proches, voyez-le bien, soyez fière, dans peu de temps, on me transformera en poussière alors n'oubliez rien de moi. Souvenez-vous, malgré mes faces cruelles, j'aimais.

Avril me surprit en pleine fin d'après-midi, autour du parking, fumant en espérant que personne ne me dérange :

« Paul ! Tu fumes encore ?

-Ah ! Avril ! Je ne m'attendais pas à te croiser par-là.

-Je conduis.

-Je bloque ta portière ? Désolé, ...

-...Non, pas du tout, je suis garé à côté.

-D'accord... ?

-Jette un œil à ça, ça vient d'un ami, c'est pour les jeunes qui ne veulent pas rester bloquer dans des addictions.

-Je verrai ça plus tard. » J'accepta d'embarquer son affiche en ayant pour but initial de l'abandonner dans la première poubelle.

Finalement, Evan la retrouva au fond d'une de mes poche, je me plaignais que je n'arrivais pas à couper les ponts avec le monstre qui détruisait mes poumons, il m'avait convaincu de considérer le tabagisme de cette manière. Il attira mon attention :

« Franchement, tu devrais t'intéresser à cette affiche.

-Encore ?

-Comment ça encore ?

-Avril m'a quelque peu forcé la main.

-Paul, il a raison d'essayer de t'aider.

-Mes problèmes ne le concerne pas. Non mais de quoi je me mêle !

-T'accepterai de regarder pour ta santé ?

-Je vais considérer ton point de vue.

-T'as absolument intérêt. Laisse-moi soutenir une partie de tes problèmes.

-Parfois, j'abuse, merci de m'arrêter Evan.

-Je rends service aux lèvres qui t'embrasseront. » Il rit.

Mes yeux tournent autour des lettres sans les comprendre, une première fois, puis je m'oblige à lire plus sérieusement. Demain, je tenterai d'entrer dans le cercle des moins de trente ans submergés par leurs problèmes, se réfugiant dans une solution destructrice, comme moi.

Le premier jour, j'angoissais, dans une minable chaise en plastique, comme ceux qui se présentaient autour de moi. J'oubliais ce que je fichais ici, ma tête bouillonnait, bien sûre, rien ne m'empêchait de fuir ce moment, Evan se souciait de moi, donc je persistais à survivre à une étape de mon sevrage. Ma seule solution de le rassurer : assister aux réunions.

Plus d'issus sur les jours qui se succédaient, une rencontre influença ma perception et bouleversa mes réactions du jour où mes poings reprirent le contrôle sur un abruti.

L'élève qui insulta mes amis me dégoutait, il me sembla apercevoir la pire version de l'humain en lui dès qu'il dépassa la faible limite, rien qu'une remarque déplacée et il signait sa défiguration.

Sur le coup, la foule qui assista à la scène pensera seulement que ce jour-là, j'agissais excessivement, ce bouffon de Billy en valait entièrement la peine.

Sa phrase finit, je le poursuis, exige des excuses, dès qu'il tourne la tête en ma direction, la chance me sourit, j'en profite pour lui coller le premier coup, droit au visage. Il surréagit, je cherche à le détruire, plus de règles.

« Arrête Paul, il n'en vaut pas la peine ! » me freine Sam, personne ne s'en tire indemne quand on ne cherche qu'à ruiner l'autre. Il essaie de se défendre, me gâchant le nez pour commencer, une joue commence à pleuvoir du sang, l'effet de masse noie les seuls à pouvoir nous arrêter.

Il pleurait presque à mes pieds, on s'est bien amoché, on m'a empêché de le ruer de coups, personne ne me reconnaissait et on m'accompagna d'abord à l'infirmerie pour me préparer à une entrevue avec le principal. Mes amis m'attendaient, on s'occupa de Billy et je patientais pour qu'on me prévienne quand je pourrais retirer la poche de glace sur la bosse de mon visage.

Avant qu'on ne me soigne, qu'on ne me rince les mains, elles étaient rouges, cet enfoiré avait la peau dur. Evan m'aidait en passant un mouchoir mouillé sur des plaies, Sam me dévisageait et Eva s'inquiéta :

« Paul ! Tu vas bien ?

-Billy se défend. C'est blessant, presque insultant. Je crois que je serai couvert de bleues demain.

-C'était trop, remarqua Sam.

-Complètement démesuré, soutient Evan, imbécile.

-Aïe ! Evan fait gaffe.

-Pardon. T'es pas au bout de tes souffrances.

-J'endure. Ne vous inquiétez pas. Il le méritait.

-Hein ? s'exclama Sam.

-Oubliez.

-Sympa de nous protéger, me souriait Eva.

-T'es un bon idiot, remercia Sam.

-Il faut croire. Merci, suivit Evan.

-Je suis votre idiot dévoué. Désolé de vous angoisser, vous valez tellement plus à mes yeux. » Je m'excusa. « Les autres devraient le comprendre. »

Puis on m'accompagna dans le bureau de la personne la plus importante du bâtiment, on m'obligea à m'expliquer. Je soutenu qu'il avait encouragé mon comportement, que ce qu'on disait de lui me motiva, ensuite, je demanda pardon pour ma pitoyable action, mes amis m'ont convaincu qu'il n'en valait pas autant au final.

Issu d'une famille influente, je m'en sortit sans grandes conséquences : deux jours de réflexion, d'exclusion plus simplement. Je voulais qu'il paye mais il n'a pas non plus eu de grandes sanctions.

A mon retour, les regards me prouvaient que j'étais un héro invincible. Mon choix pathétique se transforma en succès, une réussite.

Malheureusement, je n'entendais que mes sentiments, je suis loin de l'invincibilité, le ciel ne me tomberait pas sur la tête, m'empêchant de m'enfoncer plus profondément dans des histoires de famille me dépassant complètement.

Ma pire phobie devient la peur qu'ils marchent sur mes pas, tombent sur mon lamentable cadavre, méchamment gelé, en début de décomposition. Je les hanterai s'ils s'acharnent à se frotter à la vérité de ce bourbier.

Je ne m'exprimerai plus jamais oralement à eux, ni à quiconque, fumer tue.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant