Fauteur de troubles

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Hier, la gueule de bois m'accrochait, comme le ferait un voleur d'un jour à un otage. J'alignais difficilement deux mots, sans contrôler ceux qui sortaient, comme si mon cerveaux m'abandonnait. L'alcool arrachait mon palet, m'apprenant la provenance de l'expression du lendemain de soirée.

Je me blâmais sans souvenir et heureux de ne pas avoir mis fin à mes jours hier, abandonnant ce qu'il me reste de ma famille. Je me souvenais des absurdes propos que je tenais soutenant l'avis de Sam. Une boisson m'attendait, placée là sans fraîcheur mais rafraichissante. Lutter contre mon état était moins désespérant grâce à cette intention. « Je croyais que tu n'étais pas seul. » Déclara ma mère. Cette fine observatrice remarqua la veste inconnue accrochée sur le porte-manteau.

Les souvenirs qu'ils me restaient, s'arrêtaient à moi ayant décidé de marcher pour une raison qui m'échappe. Deux raisons me pousse à revoir Daniel, sa veste à rendre et l'excuse que je lui dois pour l'avoir expulsé. Bien qu'hier, j'essayais de le revoir. Son frère m'ouvrait et je lui demandais :

« Je peux voir Daniel ?

-C'est toi Evan ?

-Oui. Je...

-...Il n'est pas en bon état pour parler.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Je n'en sais rien mais tu devrais vraiment partir.

-Ok, dis-lui que je suis passé.

-Aurevoir. »

Exactement comme s'il n'attendait que mon départ pour refermer la porte. Je retente ma chance aujourd'hui, une veste à la main. Seul, je ne fais que de m'enfoncer, si la police retrouve tout ce que j'ai fait je finirais ma vie en prison même si ma culpabilité sera diminuée. D'après ma culture générale, rien de bon ne m'attendrait. Plus je perds des gens, plus j'enchaînent les mauvaises décisions.

Une fois de plus, c'est le frère de Daniel qui m'accueille froidement :

« Il n'est pas...

-...C'est bon, Dave, interfère Daniel.

-Non.

-C'est bon ! Laisse-nous seuls, Ian. » Il ordonne.

Ian finit par aller dans la pièce d'à côté en faisant un signe à son frère, deux doigt pointés vers ses yeux qui se retournent dans nos directions. Il y répond en levant son majeur. « Entre. » M'autorise-t-il, la voix enrhumée.

Je lui rends sa veste, nos chemins se séparent lorsqu'il va la ranger dans un placard et que de mon côté, je pars m'asseoir sur son canapé, je me retrouve face à quelqu'un qui travaille plus que moi et je suis la cause de son rhume ou pire. Je m'excuse :

« Désolé pour ce que j'ai bien pu provoquer.

-C'était débile mais j'étais en colère.

-T'es malade, c'est de ma faute.

-Uniquement d'après mon frère.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Je te tenais parce que t'étais bourré pour te ramener et je suis resté, prendre la pluie.

-T'aimes la pluie ?

-Je suis tombée pour cette météo. » Il plaisante.

Je souris. « Merci pour ne pas m'avoir laisser devenir un autre disparu. » Je me confonds en remerciement et en humour noir. Il prend la tasse posée sur la table finit ce qu'elle contient. « C'est du donnant-donnant, tu me rapportes ma veste, je t'aide à ne pas mourir. » Affirme-t-il sans peser le sérieux de la situation. Quelques minutes plus tôt, mon téléphone indiquait un nouveau message que je finis par regarder en attendant le retour de Daniel, retrouvant le lavabo pour nettoyer ce dans quoi il buvait.

« Daniel dormait avec toi ? » M'envoie ma mère. « Quoi ? » L'incompréhension ne trouve que cette réponse. « Ce matin j'ai retrouvé un cahier avec son nom. » Elle explique. « On n'est toujours pas quittes. » Je glisse en pleine conversation. « J'ai oublié de te ramener ton cahier. » J'ajoute. « Lui n'a pas profité du temps, on se reverra de toute façon. » Déclare-t-il, probablement soulagé.

Une porte s'ouvre, Ian en sort. « A ce soir. » Il adresse à son frère. Une fois son frère éloigné, Daniel prononce ces mots :

« Ouais, c'est ça, comme s'il rentrait dès la fin de sa journée.

-Il revient tard ?

-Tout dépend de l'heure à laquelle on se couche.

-Je croyais que tu sortais souvent, l'année dernière.

-Exact mais je ne peux plus.

-C'est en rapport avec ton séjour à l'asile ?

-Hélas ou heureusement.

-Je t'écoute.

-Non, je ne suis pas en forme pour ces conneries. Merci. »

Que font les gens seuls ? J'empêcherai le moindre mots, qui écorcherait mes amis ou ma langue, de sortir. J'opterais pour le mauvais moment, si je lui racontais toute l'histoire. Personne ne m'arrêterait dans ma corvée infâme de la révélation. « T'estimes ton énergie suffisamment puissante pour une sorte de... conversation ? » Je glisse avant de me contraindre à avancer en solitaire. « Seulement si c'est important. On dirait que ça l'est. » Pressent-il.

Il voit juste et cette fois, je ne reverrais pas ces tissus de mensonges, cousus par le silence de mes décisions. « Avant qu'officiellement, on ne retrouve le cadavre de Paul, j'essayais d'enquêter avec des amis. » Ces tissus s'envolent. « La police ne s'en occupait pas ? » Demande-t-il, comme s'il ne savait pas par où commencer. « J'aurai dû insister pour afficher des avis de recherches mais non. On était seuls. » Je lui avoue. Tous le monde qui connaîtrait la moindre parcelle de ma vision des choses comprendrait que Paul ne faisait que de s'en aller. Pourtant mon instinct me murmurait l'inadmissible réalité, depuis le début.

« On ? Paige et Sam ? » Il suppose et je hoche la tête. « Vous avez découvert des indices en plus ? » Sa question ne me laisse qu'un fin choix de réponse. La première : je lui dévoile que les pistes nous amenaient au cadavre de Paul ou la seconde : lui faire part de mes soupçons sur certains. « T'entendais les médias mentionner un incendie ? » Mon choix est fait, j'éclipserai pour la facilité. « Notre enquête débutait par cet endroit. » J'ajoute. « En fouillant dans les affaires de Paul, on a trouvé des preuves qui confirmaient l'évidence même et des adresses. » Celles qui nous jetaient dans mon premier traumatisme et dans une autre maison abandonnée.

« Quelle évidence ? » Cherche à comprendre Daniel. « Paul n'est pas le fils biologique des Weaver et ils se disputaient contre lui, le soir où il a fugué. » Je développe avant d'approfondir :

« Le photographe de la ville nous laissait entendre qu'il y avait quelque chose entre lui et la vraie mère de Paul.

-Tu parlais d'adresses ?

-Oui. Grâce à une adresse, on a découvert que son vrai père était mort alors que dans ses échanges par courriels, quelqu'un se fait passer pour lui.

-Comment tu peux en être sûre ?

-Les journaux sont la voix de la vérité. On a trouvé l'ancienne maison de la mère de Paul, celle qui a brûlé et une autre loin, la preuve de l'identité de ses parents.

-Votre investigation a un lien avec la dispute entre toi et Sam ?

-Il pense que Paige nous abandonne, j'en doute. Je ne me résoudrais pas à tout lâcher sans la retrouver vivante. »

Voir des gens, des amis, disparaitre six pieds sous terre est loin de convenir à mon idéal. Comme pour réfléchir, Daniel marque une pause qui semble passer en une éternité. Il reprend :

« J'avoue que c'est difficile à avaler.

-Tu me fais confiance ?

-Oui, évidemment. Mais j'ai besoin de temps.

-Ok, je repasserais, appelle-moi.

-Ne te mets pas dans la merde.

-J'essaierai, repose-toi. »

Mes paroles démesurés l'effraie en omettant la partie la plus sombre. L'indépendance des secrets déterrés tire sur le levier de l'inconnu. Et maintenant, je n'ai pas la moindre idée de ce que je viens de déclencher.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant