Emergente

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Je cachais mon reflet à mes yeux par peur avant qu'on ne me contraigne à la clinique spécialisée.

Trop d'explications, d'interrogatoires pour moi, cherchant une stabilité que ni ma famille, ni mes amis, ni la police ne m'assurait. Apparemment, j'aimais la photographie mais depuis que tout me revient sur le passé, mon passé et celui de l'oppresseur, je ne m'habitue plus au transport de mon appareil photo.

Je ne reviendrais pas vraiment sur des souvenirs précis de l'hôpital puisque cette phase me remonte des doutes. Un endroit rempli de remises en question, de crises, de règles insensées. Evan ne s'en allait pas et ma mère me promettait de ne rien lui dire sur mon départ. Je le voyais essayant de s'habituer, de me réintroduire à cette vie de famille. Je m'occupais mal de moi, pleurant par souvenirs des derniers événements.

Des cauchemars révélaient un traumatisme. Incapable d'hurler dans le noir, sa voix qui rit « Ils ne comprendraient jamais. » Il souffle. Un frisson me paralyse, mon cœur s'emballe et là, je sais que rien ne me protège, rien de certain pour moi. Non, sa mort ne suffisait pas, il aurait dû payer au moins dix ans pour ses actes. Personne d'entre nous ne s'en sort indemne d'après ce que je me contentais de regarder de nos restes.

Le psychologue qui me suivait affirmait :

« Il se peut que vous vous sentiez impuissante vis-à-vis des événements. Vous ne réagirez plus comme avant.

-D'accord.

-Vous ne posez pas de question ?

-...

-Exactement ce que j'observais. Un environnement entouré de gens de confiance vous fera le plus grand bien. »

Je me rappelle d'un souvenir, le plus précis, le moins abstrait de ce tas de conneries qu'il me racontait en attendant que les médicaments me droguent et me bloquent la respiration. Le message, m'invitant au hangar, me hantait et tout m'est revenu en retrouvant mon téléphone à la fin de leur enquête. J'ai conduit une seconde fois jusqu'au lieu de rendez-vous. Un nouveau message arrivait le jour de l'hommage, des photos des gars et une de moi. Ce qui ce jour-là, me poussa à demander des clés à une amie. Paniquée, je suis entrée, cette fois, je contrôle tout. Sans crainte, j'observe juste quelques coins tagués. Il patientait jusqu'à mon arrivée...seringue en main, il se rapprochait. « Trop d'éléments te lient à lui. » Je l'entendais en perdant connaissance. « J'espère que tu ne m'en voudras pas, mensonge d'une vie. » Il me surnommait.

Je gratte mon oreille, je déteste le revoir quelque part. Assise en plein milieu de la pièce, entourée de souvenirs douloureux, je me sentirais vulnérable et impuissante. Accompagnée par cette impression que la justice n'est qu'à moitié rendue, plus de menace pour moi, ravisseur fou mais il s'en sort sans en assumer la moindre conséquence. A mon tour d'écrire ce que je vaux. Je me lève du noir et marque 'Emergente' parce que je l'insulter ne mènerait à rien.

La lumière m'accueil, Gwen me sourit, me cachant une centaine de ses problèmes, mains dans les poches. Un jour, nous ne verrons plus d'obstacles. Je conduis, on s'installera à deux dans une maison de campagne, proche d'une ville. Régulièrement, je m'en vais dans la forêt prendre des photos, je débloque des contrats, des commandes avec des délais. Finalement, je ne me lasse plus de capturer ces moments, j'en vis.

Pas de groupe de rock à l'horizon, Gwen se rabat sur une carrière dans le social. Un soir, ses larmes abimaient son visage, elle me racontait l'histoire de Chris difficilement et je ne pouvais que la prendre dans mes bras en signe de consolation. Elle ne laisse pas sa guitare de côté pour autant, j'aime l'entendre en jouer. On organise des soirées films quelque fois, juste nous et un ou plusieurs films dans un certain thème qu'elle juge 'culte'.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant