Juste nous [En Réécriture]

Pour toujours [Réecriture]

Quand on a trouvé Paul, ou ce qu'il restait de lui, je suis parti dans une direction inconnue. Je ne voulais pas faire face à cette cabane dans laquelle on avait retrouvé Paul, traumatisé.

Je me suis enfoncé en espérant ne rien trouver, comme avant, quand on n'avait pas à faire attention au moindre détail. J'avais peur que Eva trouve la tombe, elle n'était pas là, elle n'a pas à voir ça. Elle a fini par voir pire dans l'eau.

J'ai fait demi-tour pour essayer de la retrouver mais, je me suis juste enfoncé ailleurs. Quand on a entendu Evan crier, on s'est retrouvé.

On s'est approché de Evan, il ne savait pas comment réagir. Eva a essayé de lui faire détourner le regard. Il y avait un cadavre, tout me donnait la nausée et, j'ai tous sorti en me mettant un peu à l'écart.

On a raccompagné Evan jusqu'à la voiture et, j'ai appelé la police. Tous ce que sortait de la bouche, d'Evan, c'était des mots qu'il disait sous le choc.

Une voiture de police est arrivée, Eva et moi, on a accompagné les policiers là on a trouvé le corps de Paul. Il y était encore. Ils ont ramené le corps à nos pieds pour le sortir de l'eau et j'ai failli vomir à nouveau à cause de l'odeur et de ce qu'il est devenu.

Evan a pris ses distances, c'était le traumatisme de trop. Même si on savait qu'il ne pouvait pas être vivant, on avait un peu d'espoir.

L'université a fermé. Je suis resté chez moi et j'étais comme un con face à un début de sculpture que j'avais commencé quatre ou trois jours plus tôt.

Au début, je pensais que ce n'était qu'un mauvais rêve et que j'allais me réveiller mais, non, tout était bien arrivé.

J'ai commencé à haïr tous ce qui m'entourait. C'était trop. J'ai commencé à vouloir détruire tous ce qu'il me passait sous la main alors, j'ai trouvé une décharge pour me défouler. Ça ne pas fait avancer.

J'ai atteint un point où j'ai commencé à comprendre qu'il fallait remplir une absence. Et, je me suis remis à la sculpture.

Je n'aime pas être seul donc, j'ai contacté Eva pour sortir, Evan n'a jamais répondu. On s'est inquiété pour notre ami en vie. On ne trouvait pas de solutions. Comme une famille qui ne marche pas si tous les membres ne sont pas là.

J'étais perdu sans deux repaires, c'est compliqué de faire son deuil seul mais, il me restait Eva, heureusement. C'est difficile mais on s'entraide. Elle m'a tous raconté à propos de son passé et je lui raconte quelques anecdotes.

Un jour, avec ma face sans expression, j'ai décidé de sculpter quelque chose ou quelqu'un. L'inspiration est revenue. J'avais tous les éléments pour ma création. Juste une journée, précédemment, j'avais repris mes cours sur ça. J'ai regardé des tutoriels, c'était intéressant.

J'ai placé ma planche, éparpillé mes outils, monté un totem pour avoir la bonne hauteur, c'est utile pour avoir une bonne assise, le buste ne tombera pas ou ne penchera pas. C'est plutôt minutieux mais je suis agile de mes mains. Dans un de mes cours on nous avait appris à réaliser un petit buste, il fallait manipuler la terre et les outils, le reste était simple, c'était une initiation.

Manipuler la terre, c'est comme la pâte à modeler, sauf que cette fois, j'ai juste mon imagination, pas de modèle. C'était l'avantage des cours je suppose. On nous a mis des infos sur un sites au cas où.

J'ai déjà appris à faire des mains, des personnages assis, des animaux, du bas-relief, des bustes de personnages connus comme Jules César. Quand quelque chose nous passionne, on retient tous et, c'est comme si on était au point de départ, on apprend toujours.

J'ai créé un buste, au moment de creuser pour mettre le haut de la tête avec le reste du buste, j'ai décidé de faire quelque chose de différent. J'ai arrêté avant de mettre le reste de la tête du buste. Ça ressemble à Paul, une part de lui plonger dans ce lac qui était gelé quelques jours plus tôt. Ses lèvres qui ressortent comme s'il gardait un secret, ça lui ressemble.

On a joué à cache-cache, mais tu restes pour toujours recherché, Paul.

Une fois fini, j'ai jeté un coup d'œil à la pièce qui m'entourait, c'était le bordel mais, j'avais enfin fait quelque chose. Puis, j'ai soufflé comme si j'avais fini de courir.

J'aime être entouré de bordel, c'est rassurant. J'ai regardé ce que j'avais créé, c'était si étrange, mon imagination essayait de le retrouver dans ce que j'avais fait.

Après tout ça, j'ai rangé, nettoyé et j'ai regardé mon portable. Quelqu'un m'avait envoyé un message, un message d'un numéro inconnu. C'est Daniel. Il m'a proposé d'organiser quelque chose pour faire sortir Evan. C'est comme ça qu'on a eus l'idée.

Et maintenant, on doit faire notre deuil ensemble. J'avoue que mes suspicions envers Daniel étaient peut-être un peu abusées, je ne m'attendais pas à ce qu'il propose ça. Il est cool, je lui ai parlé brièvement, surtout pour ce qu'on organisait.

Evan sourit de loin, il a l'air d'aimer l'idée. Daniel et lui parle tandis que Eva et moi, mettons en évidence le panneau qui indique le cimetière en faisant des mouvements sans vrais sens.

Evan et Daniel se rapprochent et tous ensemble, habillé en noir, on va sur la tombe de Paul. On doit faire face à ça ensemble. On regarde la tombe, il y est inscrit "Paul Weaver" avec sa date de naissance et sa date de mort. Ça ne me semble pas vrai. C'est probablement parce qu'il me manque.

Tout le monde s'y attendait sans s'y attendre, c'était brutal. Daniel sort quatre boissons en canettes, non-alcoolisées, il nous les distribue.

Daniel demande :
"Qui veut porter un toast ?
-On devrait tous le faire. En soit, tout le monde le connaissait, dit Eva.
-J'aimerai commencer, annonce Evan. À un éternel énigmatique, à un poète.
-À un ami qui nous a toujours soutenu, je poursuis.
-À un justicier, continue Eva.
-À Paul, finit Daniel avant de trinquer et de boire."

On boit des canettes fraîches. On avait pris le temps de les choisir il y a quelques minutes avant. Vivre ici à quand même un ou deux avantages, même si la vie est injuste parfois. Ça fait du bien de se retrouver même si, ce n'est pas joyeux, on est ensemble. Notre groupe le sera toujours.

Evan regarde Daniel et lui demande :
"Comment tu connais Paul ?
-On s'est parlé quelques fois. Il était bienveillant, plutôt sympas. Je sais que c'est ce qu'on dit de quelqu'un qu'on ne connait pas mais, il l'était vraiment sans jamais être ennuyant, déclare Daniel.
-Je sais, il était spécial, avoue Evan.
-Même s'il n'est plus parmi nous, j'ai l'impression qu'il sera toujours, j'avoue.
-Tu as raison, c'est comme nous, ajoute Eva.
-Ce n'était pas évident ? fait Evan."

Un sourire ou de petits éclats de rire se créer sur nos têtes d'enterrement. Ce n'est qu'un aurevoir Paul.