Dysmorphie

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Je déforme mon visage devant la glace, pour prouver le vrai. Pourtant, je ne souffre pas de dysmorphie.

Obligée de m'éclairer depuis que je suis entrée, la lumière m'accompagne dans le seul but de me permettre d'étudier mon regard dans le miroir. Quelque chose m'oblige à m'habituer à ce mode de vie. « Je trouve que, l'adaptation est une capacité humaine impressionnante. » Dit mon père, un matin, lisant un livre, accompagné de sa fidèle tasse de café. « Ne t'inquiète pas, tout prend du temps. Les rubriques 'témoignages' devraient t'intéresser. » Il ajoute en dirigeant ses yeux vers les miens.

Le style musicale de Gwen m'intéresse, même s'il n'est pas mon préféré. Installée sur son lit, les jambes en tailleur, je me confie :

« Je suis privée de maquillage.

-On dirait une blague !

-Je dois être désespérée.

-J'ai de l'eye-liner qui s'efface à l'eau, si tu veux. Je ne pense pas que ce soit vraiment nocif.

-Merci. Je me demande si je devrais l'écouter.

-Tu penses qu'il a raison ou qu'il abuse de son pouvoir de père ?

-Le pire c'est que j'en sais rien.

-Il pense économie en tout cas, plaisante Gwen.

-Pour changer de sujet, parle-moi de toi. »

Elle reste debout même si l'instant d'avant, elle était assise en face de moi. Elle reprends quelques-unes de ses affaires au sol pour les ranger. « En discutant de nos parents, le seul qu'il me reste juge la particularité de ma chambre : le bordel ! Elle ne semble jamais rangée, un problème de taille. » Se plaint-elle. Je ris, j'aime l'entendre se plaindre. « T'entends ça ? » Demande Gwen. « Quoi ? » Avec le son du silence, une mélodie se joue. Elle range ce qu'elle a dans les mains avant de relever un oreiller au sol, sous lequel se cache son portable.

Bien qu'elle semblât souriante, le moment précédent, ou joyeuse dans ses plaintes, qu'en ne regardant que le nom de la personne qui l'appelle son sourire s'éclipse. « Qui c'est ? » Je la questionne, elle me laisse un moment sans me décrocher une réponse. Je répète :

« Qui t'appelle ?

-Hein ? Heum... Personne, c'est rien.

-T'as l'air, troublée.

-Ok, c'était ma mère.

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Je la hais.

-Viens m'en parler. »

Gwen jette ce qu'elle a attrapé, accepte de venir s'assoir à mes côtés en prenant soin d'éteindre la musique avant. « Heureusement qu'on est humain et que je ne suis pas obligée de regarder des gens dans les yeux pour leur parler. » Elle se rassure. J'affirme :

« Tu peux tout me raconter.

-Merci, Izzy. Je crois que j'ai traversé une période difficile, à cause d'elle.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-J'ai mis du temps avant de l'avouer, peut-être que les années de thérapies y sont pour quelque chose.

-Je suis contente que tu veuilles bien te confier à moi, je t'écoute.

-Ces derniers temps, je vais beaucoup mieux mais j'ai dû rencontrer des spécialistes pour ne pas perdre pied.

-Est-ce que t'es allée dans une maison spécialisée ?

-Oui, surtout parce que je n'arrivais plus à me sentir bien chez-moi, on peut dire que j'étais en craquage émotionnel, j'imagine.

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