En souvenir de lui

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« Nous sommes des musées fait de traumatismes. » C'est une phrase de Paul. Il avait raison même si ces musées sont parfois trop remplis. Je ne me rappelle pas exactement de ce qu'il disait mais il avait dit que c'était ce qui faisait l'expérience.

C'est encore dur de penser à lui mais j'avance. C'est bien qu'on puisse parler de tous. Je ne m'attendais pas à ce que Paige vient de nous dévoiler. C'est mignon, la relation que Evan et Paige ont, c'est comme un frère et une sœur.

J'espère que tout ira bien. On va reprendre notre enquête. Est-ce que c'était un accident ? Ou un suicide ? Il nous a juré que tout irait bien et on l'a juste laissé, un peu traumatisé.

Evan déclare :
« On devrait reprendre notre enquête.
-T'as raison. Où est-ce qu'on devrait commencer ?
-Peut-être par les Weaver, suggère Paige. Tu penses que ça ira Evan ?
-Je n'en sais rien. Peut-être qu'au début j'aurais envie de les frapper mais pour eux aussi ça doit être compliqué. »

On se retrouve comme au début de notre enquête, devant la porte des Weaver. Je sonne et c'est Alicia qui vient nous ouvrir. Cette fois elle est... différente. Surtout physiquement. Elle n'est pas maquillée et elle ne sourit pas.

Elle a l'air surprise de nous voir et nous salue :
« Bonjour. Je tenais à m'excuser pour la dernière fois.
-Ce n'est pas grave.
-Vous vouliez nous parler ?
-Oui, on peut entrer ?
-Evidemment, ne restez pas dans le froid. »

Alicia passe devant, elle s'assoit exactement sur le même canapé que l'autre fois dans la même pièce. Son mari, Frank demande :
« Qui c'est !?
-Les amis de Paul ! »

Frank descend et s'assoit à côté de sa femme. Je ne l'ai pas souvent vu quand j'étais petit, je pense que c'était pire pour Paul. Il a les cheveux e bataille, il a l'air d'être en pyjama. Il a finalement pris un jour de congé, Paul serait fier mais triste des circonstances je pense.

On les salue en retour. Je demande :
« Est-ce que vous allez bien ?
-On ne peut pas le cacher, c'est compliqué ces derniers temps.
-Vous vouliez nous poser des questions ?
-Cette fois, vous pouvez nous parler de ce qu'il s'est vraiment passé avec Paul ? »

Je regarde Evan, il a l'air intéressé par la conversation. Paige est silencieuse, je suis le seul à parler d'entre nous. J'ai toujours été le plus bavard de la bande.

Alicia et Frank s'échangent un bref regard avant de nous répondre :
« On a rencontré cette Marlène. Elle était nouvelle, on lui a apporté des gâteaux.
-C'était pour lui souhaiter la bienvenue, ajoute Frank.
-Elle avait un enfant. Elle nous a dit qu'elle avait peur pour lui.
-On était jeunes et on n'arrivait pas à en avoir.
-Elle nous a dit qu'elle voulait nous le confier pour qu'on l'élève comme si c'était notre fils. Ça nous arrangeait tous, on a accepté.
-C'était Paul ?
-Oui...Il est mort mais on l'aimait.
-Des policiers vous ont posé des questions ?
-Oui, c'était horrible.
-Pourquoi vous nous dites ça maintenant ?
-Vous avez le droit de savoir, on ne veut pas qu'il se passe un autre événement du même type.
-Merci. »

Je suis à côté de Evan, il essaie de ne pas les regarder. Il veut les frapper, ça se voit. Je suis à côté de lui, je lui donne une tape dans le dos, pour lui faire comprendre qu'il n'est pas seul et qu'il n'a pas à le faire. Il arrête, je suis persuadé que ça n'a pas beaucoup servi.

Il chuchote en faisant semblant de bailler :
« On peut parler ?
-Ouais.
-Avec Paige aussi.
-Evan veut nous parler.
-On doit trouver une excuse pour partir, me fait passer Paige.
-C'est vrai. »

Avant d'ajouter quelque chose, les Weaver s'excuse et vont parler dans la cuisine. Je connais cette maison par cœur enfin, quasiment. Evan ferme la porte et commence :
« C'est des connards.
-Quoi ? Ils sont honnêtes et ils...
-Avant que Paul ne parte, il est passé chez-moi, il était amoché, il espérait pouvoir le cacher.
-Tu penses qu'ils l'ont battus ? interroge Paige.
-C'est évident. Ils sont allés trop loin.
-Merde. C'est des connards.
-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
-Peut-être qu'on devrait juste s'éclipser de la conversation en leur demandant de voir les affaires de Paul.
-Ok, bonne idée. »

Alors que je me rapproche de la porte pour demander quelque chose aux Weaver, Evan m'arrête :
« C'est bizarre. S'ils savaient où est-ce qu'elle habitait, pourquoi est-ce que la maison est abandonnée ?
-Tout le monde a des secrets, il n'y a pas d'exceptions.
-Un mensonge, ce n'est pas un secret. »

Je finis par ouvrir la porte pour questionner Frank et Alicia :
« Est-ce que vous avez gardé les affaires de Paul ?
-On a tout laissé comme c'était. Peut-être qu'on fera un vide grenier. Prenez ce que vous voulez.
-Merci. »

J'hésite à leur dire quelque chose pour leur remonter le moral mais je ne le fais pas car ils ne sont sûrement pas ceux qu'ils prétendent être. Peut-être qu'ils peuvent nous faire passer pour des idiots si on rapporte ce qu'ils nous ont dit. Si on ne les connait pas, ils peuvent TOUT faire. Ils ont fait du mal à Paul, ils ne méritent pas d'être consoler.

On monte et c'est moi qui ouvre la porte de sa chambre. Rien n'a changé. Evan sort un portable de sa poche, celui de Paul. Peut-être que c'est la dernière fois qu'on vient là. C'est triste dans un sens. Apparemment pour faire face à une mort, il faut rester. Je comprends mais je pense qu'on devrait partir quand on finira notre enquête.

Evan pose le portable sur le bureau de Paul avant de regarder son ordinateur. « C'est pour le confort. » Il justifie. « Ce n'est même pas vrai. C'est juste que c'est sûrement la dernière fois qu'on vient ici. » Je lui donne une petite tape dans le dos, comme pour dire « Courage »

Je fouille dans quelques coins de la chambre, elle a l'air vide sans Paul. Tous ses papiers sont triés. Il était très organisé, l'inverse de moi. Est-ce que je devrais garder quelque chose ? Il y a tellement de souvenirs. Paige me surprend :
« Toi aussi tu ne sais pas quoi faire ?
-C'est bizarre ici.
-Je vois. Tu penses que tu vas prendre quelque chose ?
-J'aimerais mais je ne sais pas quoi.
-Qu'est-ce que tu vas prendre Evan ?
-J'aurais aimé lui prendre la plante qu'il faisait pousser mais elle a dû faner.
-Dommage. Sam, t'as fouillé le placard ?
-Non, peut-être qu'on trouvera quelque chose.
-Qu'est-ce que tu regardes Evan ?
-Une discussion entre lui et un gars anonyme.
-C'est mystérieux.
-Il l'était. »

Je repense à ce papier qui menait au bar avec cette putain de cabane. C'est bizarre. Peut-être que dans la ville qui est la plus proche de ce bar, il y a la maison de Marlène et Lucien. « On devrait jeter un œil à la ville qui était proche du bar aussi. » Je suggère. Evan acquiesce et j'ouvre l'armoire, il y a des vêtements et une fiche, c'est rassurant, au fond, il laissait des trucs traîner. Je la regarde, c'est une prospectus pour soigner des addictions. Il fumait, peut-être que c'était la raison. « Apparemment Paul suivait une thérapie de groupe. » Je lance. « Pourquoi ? » Demande Paige. « J'en sais rien. Pour arrêter la cigarette peut-être. » J'imagine.

Je ne trouverai rien d'autre ici, je referme le placard pour trouver une boule à neige. Il disait qu'il voulait en faire personnaliser une avec une image de nous en arrière-plan. Il ne l'a jamais fait, peut-être que je pourrais l'arranger comme il le voulait. Je ne sais pas vraiment comment en détail mais je trouverai.

Paige finit par se décider à prendre un de ses vieux casque. Elle ajoute :
« Il écoutait les gens, ça lui correspond.
-C'est vrai. Il avait son monde et ses solutions. Je vais prendre un de ses disques.
-C'était Paul.
-Et qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? »

Je sais, Paul n'est pas disparu pour toujours, non, il est mort et on va avancer. Il nous laisse ses souvenirs qu'on ne peut sauver. Et je garde une boule à neige en souvenir de lui.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant