Bande de survivant

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On s'éloignait, neuf ans nous écartaient de notre dernière rencontre dans un diner. Daniel et Sam ont quitté la ville en premier puis Paige prétextant devoir se retrouver.

Des soirs elle pleurait, je laissais ses larmes couler, impuissant. Apathique, incapable de la rassurer en situation de crise. Le jour, elle acceptait de rire, parler, même si elle semblait changée depuis son retour. Je m'en voulais sur un tas de plans, me blâmant de ne pas m'apercevoir de ce qu'il se produisait sous mes yeux. Si je savais, jamais elle ne serait partie.

Avec Sam, on ne se reconstruisait pas. Nos vies bouleversés le resteraient je devais accepter de le perdre de vue. On se reverrai, le passé nous rattraperait de toute façon. Contraint de s'abandonner sans vraiment partir. Des chemins se séparent quand des personnes n'arrivent plus à ce suivre. Représentant, de mon point de vue la fin d'une ère.

Quant à Daniel, le sauver lui rendait une cicatrice sur une majeure partie du dos. Il me parlait comme si le temps s'arrêtait et je l'aimais. Son frère acceptait que je passe les voir, plus indulgent vis-à-vis de ce que les médias racontaient. Daniel est quelqu'un d'admirable, il sauve Paige, se fiche d'apparaitre sur une tonne de papier, revendu dans n'importe quel surface. Tout ce qui l'importait se résumait à nous, avec ses limites.

Les derniers temps, je me méfiais, je tentais différents types de méthodes avec Paige, aujourd'hui je pense que je complexifiais les choses pour nous deux. Elle ne se refermait pas mais elle était capable de nous ignorer, quelques jours. « Les gens sont compliqués, ils ont leurs histoires. Le voisin que je croisais ce matin, vidant ses poubelle pourrait jeter un cadavre mais je ne dirais rien. » Me prouvait mon conjoint, à l'instant.

Dans le passé, à cause de mon obsession me définissant comme la cause du problème, j'écartais Daniel. Moi non plus, je ne récupérais pas, j'ai proposé une pause. Il voyait bien comment on finirait mais refusait, essayant de se rapprocher. Quoiqu'il en soit, Marvin lui livrait des enregistrements du drame d'un interrogatoire, celui de Lucien Foster.

Le jour suivant, on s'asseyait ensemble pour comprendre l'histoire, tenant sur une disquette. Notre soif démesurée de compréhension dans l'insensée nous hantait. Attentif, un dialogue démarrait, en vidéo. Marvin récapitule qui est le coupable, quand il est né, de quoi on l'accuse avec les dates précises, il affirme son identité mais tente de nier les faits et l'interrogatoire commence.

Il lance des regards à la caméra, quelques fois à Marvin, toujours autour de lui, jamais le sol, la table ou ses mains. « Avec quoi êtes-vous en désaccord ? » Demande l'officier. Il lui répond :

« Mary, ma femme, vous pensez vraiment que je l'ai tué ?

-Les rapports ne mentent pas.

-Elle s'est suicidée.

-Tous les éléments sont contre vous.

-Ecoutez, j'étais sur les lieux de l'accident au même précis, je n'étais pas présent dans la pièce. Je me fous de son nom mais elle vous a mentionné l'existence des cassettes ?

-Que s'est-il réellement passé en ce jour de novembre 1998 ?

-Je lui laissais involontairement une arme à feu et j'admets avoir provoqué ses gestes en la gardant auprès de moi mais je n'aurai jamais tué celle que j'aimais.

-Mais vous l'avez séquestré et poussé à bout. Vous comptiez répété l'histoire avec Paige Hawke ?

-Je ne cherchais pas à aller aussi loin.

-Vous ne vous innocenterez pas aux yeux de la justice. »

Il reprend son souffle et explique :

« Marvin, vous ne comprendriez pas.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant