Quand je suis partie

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Il y a ces fois où j'ai l'impression que malgré le fait que maintenant, c'est juste nous, on continue de se cacher des choses. Tout le monde a des secrets et parfois c'est mieux comme ça mais il y a ces fois où on ne peut plus les garder sans que ça ne nous fasse mal.

Je ne leur en veux pas, je fais la même chose pourtant on a confiance les uns en les autres. Tout a changé et j'ai menti, comme Sam et Evan face aux policiers. J'agis comme une enfant, c'est compliqué de savoir ce qui est important avec tout ce qu'il s'est passé après, ma fugue, la mort de Paul, notre enquête, nos sorties et nos déclarations à la police.

Il y a quelques jours, après « l'enterrement » de Paul à notre façon, les parents de Evan m'ont proposé de m'adopter. J'en ai parlé à Evan, évidemment, avant d'accepter, il était content. Ma famille n'avait absolument rien à voir, j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer mais c'est le stress, je pense.

J'ai changé mon nom. C'est juste un prénom, pas d'attache pour ce stupide nom « Eva ». Je veux dire, pourquoi avoir changer pour masquer mon identité si ce n'est pas un truc que j'aime ? Evidemment, je n'utiliserai plus jamais mon vrai nom donc j'ai opté pour « Paige ». Je sais, c'est différent. Nos histoires avancent et, on tourne la page, c'est un peu de ce mot que vient ce prénom. Sam et les autres l'ont plutôt bien accepté et Evan a vraiment aimé "l'histoire".

Quoique je fasse, je suis coupable même si ce n'était qu'une partie de ma réalité. Je devrais le dire à Sam et Evan, ils me font confiance et moi aussi. Je me sens mal de leur cacher quelque chose comme ça.

On traîne de plus en plus avec Daniel, il est réconfortant et il s'intègre bien. Il cache probablement quelque chose mais on le fait tous. Il nous arrive à Sam, Evan et moi de se retrouver. C'est juste pour parler de tous. On en a tous besoin.

Je suis dans une mauvaise phase où je me sens juste mal. Peut-être que Evan était dans cet état ces derniers temps. On est juste nous trois chez Sam, il est souvent seul chez-lui. Je sais qu'il adore parler alors la solitude ne lui va pas.

Sam commence :
« Alors comment vous vous sentez ?
-Pour moi, c'est bizarre.
-Tu veux dire que tu te sens vide ? Me demande Evan.
-Oui, c'est compliqué à expliquer. Et toi Sam ?
-C'est un peu comme toi. Est-ce que tu vivais ce genre de sensation aussi Evan ?
-En quelques sortes.
-Est-ce que ça va ?
-Des jours sont meilleurs que d'autres.
-C'est le truc le plus optimiste de cette conversation.
-On devrait trouver des choses à faire pour essayer d'aller mieux.
-C'est une bonne idée Paige. Comme quoi ? »

Qu'est-ce que des gens devraient faire pour se sentir vivant, pas coupable ou en dépression. Reprendre l'enquête ?

Evan suggère :
« Ce qu'on faisait avant.
-Quoi ?
-Enquêter. On ferait autre chose en avançant.
-En parlant de ça, t'as parlé à la police ?
-Oui. C'était tellement angoissant. J'ai omis quelques détails.
-On est coupable en plus.
-Tu penses qu'ils vont chercher autour du lac ?
-C'est possible. On ne peut pas juste aller en prison, pas maintenant.
-C'était de la légitime défense, j'ajoute. Vous n'y êtes pour rien.
-Merci Paige, me remercie Evan. Toi aussi tu te sens coupable ?
-Un peu. Oh et j'ai quelque chose à vous dire. »

C'est le moment de tous laisser sortir. Je dois tout leur dévoiler, ils ont confiance en moi et j'ai confiance en eux après tout. Je continue :
« J'ai menti sur certains points de mon histoire. Je n'ai jamais été harcelée.
-Qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ?
-Prends ton temps.
-Je n'ai jamais connu ma mère. Certains soirs, mon père buvait, c'était compliqué. Il me disait des trucs horribles, je ne pouvais pas juste ignorer. Mon amie s'est suicidée et ça a empiré. »

Je marque une pause pour souffler avant de me replonger entièrement dans mon passé en espérant que cette fois sera la dernière. « Je ne veux plus jamais entendre cette histoire ou juste la raconter encore. » J'ajoute.

Cette nuit, c'est comme si elle me hantait. Comme si rien n'avait d'importance, que j'essaie de l'effacer de ma mémoire, tout restera intact : les pensées, les sensations, les odeurs, les sentiments, tout reste si vivant et, ça me tue lentement, comme un poison.

Je reprends :
« Le soir où j'ai voulu partir, mon père est entré, bourré, dans ma chambre.
-Qu'est-ce qu'il a fait ensuite ? » S'inquiète Evan en changeant de position comme si ce que je venais de dire quelque chose qui changeait tout, c'est le cas.

« Il a vu mon sac prêt et il m'a dit qu'il ne referait pas la même erreur et il a prit mon poignet et l'a serré, il a essayé de me frapper quand il a vu que j'essayais de m'enfuir, il criait et...
-Tu n'es pas obligée de raconter la suite. » Me coupe Sam ému.

Il y avait l'odeur de la pluie, celle qu'on après s'être blessé et celle de l'alcool en plus de celle à laquelle j'étais habituée. Je suis obligée de finir cette histoire, au moins, me la rappeler pour ne plus y repenser. J'avais peur mais je devais partir, j'ai senti mon cœur s'accélérer, l'adrénaline de la scène me tenait éveillé, c'était plus fort qu'un café, comme si mon corps me criait de fuir.

Ma voix tremblait, je dois pleurer. Je sens la chaleur de mes larmes qui doivent couler. Evan se déplace pour me prendre dans ses bras. Il assure :
« Ce n'était pas ta faute. Maintenant, on est là. »

Je ne dis rien de plus, c'est juste rassurant d'avoir une vraie famille

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant