Lâcher prise

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Tendre sa confiance à quelqu'un se révèle dangereux, du moins, lorsqu'elle n'est pas celle qu'elle prétend et c'est pour cette raison que je me demande ce que j'ai raté.

Personne ne se montre sous son vrai jour, même s'il existe un million d'exceptions. Depuis hier, je repense à mon séjour à l'asile. J'oubliais, le mot 'asile' est banni pour s'associer à un lieu, ce qu'on appelle joyeusement 'maison spécialisée'. Je grossis les traits, comme dans une caricature même si certaines règles me semblaient stupides.

Prétendre être le seul à vivre des expériences traumatiques serait un mensonge. Je ne souhaite pas m'attarder sur moi bien que la vérité risque de ressurgir, je préfère la liberté. Celle de décider pour reprendre un tant soit peu de contrôle sur ma vie. Je ne suis pas la réponse, ni le problème, enfin tout dépend de mes humeurs.

Je me baladais dans les couloirs, histoire d'essayer de parler à des gens qui m'envoyaient des lettres à cause de mes absences, lorsque j'ai entendu des cris, certains encourageaient et d'autres prévenaient de ce qu'il se passer. J'étais entré dans suffisamment de fêtes qui avaient fini par une dispute que je savais inconsciemment ce qu'il se passait précisément. Je me faufilais dans la foule pour remarquer que ceux qui se battaient, je les connaissais : Paul et Billy. Je n'en connaissais pas la cause mais Paul s'en sortait bien et je lui en serais éternellement reconnaissant. Cette baston qui créait la panique et ma joie s'est passé une semaine après mon retour.

Je suis sûre que Paul savait. Même si personne, hors mit Billy après leur bagarre, il semblait plaire à tout le monde, je n'entendais personne se plaindre de lui, il n'y avait que des gens qui l'enviaient qui en parler mal. Une personnalité assez fiable peut cacher un tas de secrets, j'en avais découvert un : il fumait.

Evan installe une sorte d'atmosphère de confiance et ma vérité éclatera, comme à l'asile, en moins brutale. On cache tous des choses, des secrets inavouables mais la raison qu'il vient de me donner pour justifier sa dispute avec Sam m'a l'air plus complexe. Il a simplement dit :

« Il ne me croyait pas.

-Vraiment ?

-Sam peut s'avérer être très têtu par moments. »

Je parle à des tas de gens alors je maîtrise le sujet. Insister pour savoir est la meilleure solution, je ne veux pas de superficiel entre amis. « Vous foutez une amitié en l'air pour ça ? » Oui c'est audacieux mais la chance sourit aux gens comme moi. « Qu'est-ce que tu veux entendre ? » Je n'aide pas. Cette version n'est que sa vision des choses. Je ne plongerai pas dans le profond, comme la perspective, l'instant est trop court pour s'y attarder.

« Si tu dis la vérité, ça veut dire que t'acceptes mon aide. » A quelques mots de différences, Paul tenait le même discours, l'année dernière. « Je mens mal, même par omission ? » Il laisse sortir de sa bouche. Je suis incapable de juger, quand je me sentais détruit, mentir était un supplice de plus qui sublimait mon amertume. Peut-être que Sierra me déteste mais elle voyait quelqu'un d'autre alors je ne lui adressais plus la parole, surtout après un soir spécial.

Je relance :

« Rien n'a l'air facile en ce moment.

-Paige a disparu mais c'est peut-être moi qui avait tort.

-Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Le monde n'a aucune cohérence.

-Merde, viens-en droit au but.

-Je pense que tu devrais partir. » Il me conseille avant de se lever et de sortir le premier pour me saluer et refermer derrière moi.

Je tiens mon cahier, mes mains ne peuvent pas être plus transpirantes que maintenant. Je lève les yeux, tout ce que je vois est le gris du ciel. D'habitude, j'aime le son de l'orage et voir la pluie tombée mais je ne peux pas l'apprécier parce que je ne comprends plus rien. Est-ce que je viens de me faire expulser par Evan ? Comme s'il devenait fou. 'Tu as mieux à faire que d'attendre' me souffle mon subconscient mais je l'ignore. Même si je pourrais rentrer et faire comme si de rien alors que mon frère se vantera de son travail, ses soirées et de sa responsabilité hors du commun. Ce ne sont que des idioties.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant