Juste nous [En Réécriture]

Constant désordre

Tout le monde dit que je suis très désordonné mais ils n'ont sans doute jamais ouvert les placards d'un écrivain.

On en sait autant l'un que chez l'autre, c'est comme s'il y avait un pacte alors non, je ne l'ai pas bloqué sur tout les réseaux ou supprimé son numéro. Je ne suis pas rancunier, comme si quelque chose m'interdisait d'être à cent pourcent un connard. « On doit revenir chez Paul, il nous manque une de ses affaires » dit un message d'Evan en précisant l'heure.

Je ne me fais pas à l'idée de le retrouver mais c'est intriguant. Je me rappelle de Paul expliquant ce qu'est la curiosité mal placé, l'exemple qu'il donnait était 'la curiosité morbide'. « Comme essayer de s'introduire dans le dark net pour voir des gens vendre des organes ? » Je riais. C'était drôle puisque pour moi, le meurtre était une pièce qui ne trouvait aucune place dans le puzzle de nos vies, parce qu'on ne voit ces évènements que dans les séries policières.

La seule réponse qui me vient est trop simple ou trop sèche. Il n'y aura que nous de toute façon dans cette maison, Daniel n'est pas encore impliqué à ce que je sache et il y a une chance sur deux pour qu'il m'envoie ce type de message en guise d'excuse pour me revoir. Pour moi, cette foutue enquête va trop loin, des fois, il vaux mieux ne pas savoir. Quoiqu'il en soit je vais accepter, je m'ennuie trop seul.

J'en suis à un tel point que tout est rangé, que je ne fais plus qu'une chose : créer. Après notre sorte de mini révolution en tant que dernier hommage à Paul, ils n'ont trouvé aucun coupable, tout le monde nous a couvert. Je me souviens du discours que tenait le principal. Il assurait :

« Vous parlez de respect ?

-Pour Paul, oui, évidemment. Comme tout le monde l'a dit...

-...Je sais Monsieur Wreck, il me coupa. Pourquoi ne pas simplement rester chez-vous ?

-Pour le faire comprendre.

-Qui a organisé cet événement ? Si vous parlez, vous ne serez pas sanctionné et n'essayez pas de couvrir cette personne. Vous connaissez la loi ? Eh bien, le système est presque le même ici.

-C'était moi. »

Le principal a fait une sorte de déclaration publique dans le fac « Puisque tout le monde s'auto-dénonce alors, je déclare l'université fermé cette semaine. » C'est pour cette raison que j'essaie de trouver des choses à faire. Je suis pire qu'un rat mort alors, c'est comme ça qu'à la tombée de la nuit, je rejoins Evan devant la maison des Weaver.

Evan est souriant, je ne peux m'empêcher de faire de même. Je commence :

« Alors, comment tu vas ?

-Je vais bien et toi ?

-Ça va. Comment tu comptes rentrer là ?

-Paul m'a confié des tas d'anecdotes et je sais où ils cachent les clefs de secours.

-On ira loin.

-T'as l'air sarcastique.

-Uniquement quand je suis en colère.

-Pourtant c'est moi qui devrait.

-Non.

-Je me suis fait sanctionné. »

On dirait un ultime-atome mais rien ne l'arrête, il marche jusqu'au perron, sans qu'il n'active la moindre lumière automatique installée autour de la maison. C'est exactement comme s'il appréciait se mettre dans les pires situations. « Et c'est moi qu'on traite de psychopathe. » Je remarque. « Suis-moi Sam. » Il ordonne. Evan soulève une pierre et trouve une clé. Il atteint la porte arrière et insère la clef qui nous donne l'accès à la cuisine.