Repense au bon vieux temps

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« Paul ? Tu te souviens quand on se parlait tous les jours ?

Oui, ça me manque. » Je me confie à sa boîte vocale.

Il n'utilisait pas souvent son téléphone mais là, il me manque. N'importe qui ressentirait comme une énorme trahison. Comment je pourrais me fâcher contre lui après qu'on ait quasiment grandi ensemble ?

Sans lui c'est comme si nos fondations s'écroulaient. Apparemment on ne s'aperçoit de l'importance de quelque chose qu'après l'avoir perdu. Eh bien, ce dicton est vrai. Il a pris la plus violente des sortie, plus de réponses. Ce con laisse une chaise vide en cours.

Pourtant, je m'étais organisé juste pour nous. Et quand je parle de "nous", je parle d'Eva, de Paul, d'Evan et de moi, Sam. Celui qui tient à ne pas nous laisser tout détruire. On a quelque chose qui sonne vrai.

Putain, où est-ce que t'es Paul ?!

C'est la question que je ne peux pas m'empêcher de me poser.

« J'aimerai vous protéger aussi longtemps que je le puisse.

-Oui mais ne va pas aussi loin !

-C'est une façon. » Il me contredit après s'être battu.

Il ne ressemblait à personne que je ne connaisse. Sa manière de vivre me dépasse. Il nous considérait comme tellement plus mais nous a laissé comme des moins que rien. Pas de justifications. Pas de bagages non plus d'ailleurs. Sa famille s'inquiète et des affiches ne vont pas tarder à être affichées de partout.

Je ne regarde pas plus loin que les apparences parfois. Parce que je n'avais pas à m'en inquiéter avant. Là, je ne peux pas ignorer que mes amis sont abîmés. Evan se pointe, distrait par la fatigue soulignée par des cernes. Eva semble anxieuse. Moi, je suis paumé. Optimiste mais à l'Ouest. Je ne sais pas comment calmer ce qui nous ronge.

Je veux croire que t'es encore en vie Paul. Laisse-moi déçu.

J'étais trop dynamique pour remarquer. Parfois, il faut attendre un peu pour s'apercevoir de ce qui ne va pas et ce qui va bien. Une heure suffit pour le voir. Eva n'est pas venue aujourd'hui. Est-ce que c'est perturbant pour nous tous ? Evidemment que ça l'est et ça crève les yeux. Mon ami tremble, je l'entends essayer de respirer. Il a ses techniques. Il sort en abandonnant ses affaires, tout comme Paul. Là, je ferai mieux d'intervenir.

-Evan, attend moi. Evan ! Bordel mais qu'est-ce qu'il se passe ?

-J'ai plongé trop loin dans le passé...

-Quoi ?

-J'ai besoin de retrouver mes esprits !

Je le rattrape, il enroule son bras autour de mon coup, on fonce au lavabo le plus proche. Ses gestes ne veulent rien dire. L'eau est gelée en hiver ici. Il se rafraichit à se noyer.

-Frappe moi !

-Encore une référence à...

-...allez sinon je vais me manger le sol !

Je le frappe au visage. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ses amis ? « Et là, ça va mieux ? » je demande. Il m'assure que oui.

Vient la fameuse question :

« C'était quoi ça ?

-Une crise de panique ou le sommeil qui me rattrape.

-Pourquoi ?

-Je ne te cacherai rien de plus j'imagine.

-Viens en aux faits ! Tu m'as fait peur. Je suis ton ami.

-Je me focalise trop sur le passé. A en oublier de vivre.

-A cause de Paul ?

-Probablement.

-Ok. On devrait essayer d'en parler tous ensemble. » Je suggère.

Le plus dur à accepter à propos des trahisons c'est qu'elles ne proviennent jamais d'ennemi ou d'inconnus. « Respire. »

Mes souvenirs de toi deviendront floues par mes larmes.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant