Censurer la mort

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Je déteste abandonner des gens sur de sales notes, comme avec Paul, on s'est séparés sur un début de journée après avoir brièvement échangé à propos du cadavre qu'on venait d'enterrer. Et pourtant, j'en reviens toujours sans progrès, Sam m'a ouvertement signalé de ne plus le recontacter.

Jamais je n'aurais cru qu'un mercredi matin une quelconque motivation me frapperait afin de placarder des avis de recherches aux quatre coins de la même allée ou rue, idem dans toute la ville. Je n'accepterais pas de perdre Paige aussi, probablement pour la simple et bonne raison qu'un rien pourrait m'achever au niveau psychologique. Le pire vient après l'effort de crier 'à l'aide', lorsque tout le monde feins.

Pareil à un échos, une musique de Radiohead siffle dans une de mes oreille sur deux alors que leur point commun est leur fonctionnement. Jamais les paroles 'I dont belong here' ne correspondaient autant qu'à une situation, la mienne. On croirait entendre un égoïste seulement mes plaintes sont légitimes.

Après l'épuisement de toutes ces affiches, je me suis éloigné en rentrant simplement. Mes parents recevaient de la visite, leurs amis ne m'étaient pas inconnu. Obligatoirement, comme si toutes les règles de politesse étaient gravées dans mon ADN, je passais saluer la compagnie même si ma pire faiblesse se révélait de secondes en secondes : l'exténuation. Une nuit blanche expliquait la raison de mon stock semblant presque inépuisable et cette fatigue tenace.

Comme un automatisme, à partir de la Golden Hour, je m'adaptais :

« Bonsoir.

-Voici Evan, notre fils, me présentait mon père.

-Enchanté Evan, je suis Marvin.

-De même » Je lui retournais perplexe.

Ma tête explosait alors le choque restait invisible. Je ne venais que de le découvrir en ce moment précis, ce nouvel ami. Evidemment, il vient du commissariat et pourtant, il n'exposait pas son uniforme. Pour quels raisons la police s'intéresserait à moi ? Effraction ? Introduction sur une propriété privée ? Un mandat de perquisition ? Me soupçonnerait-il d'être un pyromane ? Suffisamment de raisons justifiaient sa présence. Mon cerveau m'incendiait de questions et de possibilités. Impossible de lui imposer le silence.

Je n'avais qu'une envie : m'affaler sur mon lit ou écrire, tout sauf entrer dans un discussion complexe mais inévitable. Il restait de la place sur le canapé, celle que j'éviterais, celle sur laquelle je ne m'installerait pas. Pourtant, aucune raison n'était suffisante, j'ai omit de mentionner à Sam que j'étais exclu une semaine de plus.

Même si je sais qui est l'homme installé dans le ce fauteuil, je me tais, pas de scandale ce soir. Je glisserais le mot plus discrètement s'il le cache. « Je suis ici pour les affiches à propos de la disparition de Paige. » Il précise. C'est rassurant et incroyablement suspect. « Vous êtes sur l'affaire ? » Je demande. « Justement, je suis venu expliquer que je vais m'en charger mais aussi que j'aimerais que vous répondiez à quelques questions. » Nous indique Marvin en tenue de civile. Un détail étrange.

Un tournant auquel je ne m'attendais pas rend subitement toute cette conversation intéressante d'une part parce que d'autres policiers affirmaient que le motif n'était pas inquiétant et de l'autre parce que la personne assit en face de mes parents, la même qui me regarde nous informent de ces évènements en tenue de civil. « Je suis désolé, je suis épuisé. » Je m'excuse dans le seul but de m'éclipser sans attendre la moindre autorisation. Mes parents tournent leur regard sur le policier qui hoche la tête, comme si je ne dépendais que de lui. « Tu peux y aller. » Accepte ma mère.

A peine ont-ils prononcé ces paroles que je me rue dans les escaliers ne serait-ce que pour me retrouver seul. Ce jour-là, j'ai épuisé ma playlist sept fois. Mon ordinateur ne bloquait sur aucune page et pour cause, l n'était pas encore allumé. Je lui offrais le repos en échange de ces tonnes de papiers qu'il envoyait à l'imprimante pour que la plastifieuse s'en charge par la suite. Avant de m'attaquer à cette affaire d'avis de recherches, c'est moi qui ait édité l'affiche. Une bonne partie des feuilles s'étaient retrouvée nue, sans plastique.

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