Délaissé

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Ma tête tremble quand je dors trop ou pas assez, cette fois c'est différent. Je commets l'erreur du siècle d'après ce que je viens d'entendre.

En me donnant la copie de la disquette charcutée en plusieurs parties, pour nous éviter la pire des vue, Marv cite quelques mentions légales. Il refusait mais montrer ses faiblesses aide, surtout quand le point faible humain et sa principale qualité est l'empathie. Les journaux s'apprêtaient à s'emparer des derniers évènements, comblant un trou dans la première page et le passage des nécrologies.

On visionnait, lors du même après-midi, les dernières minutes d'un meurtrier. Impressionné, je me taisais. A quoi tient la vie ? Tout passe vite, les images assimilées à des souvenirs, les voix, le silence, la douleur, les moments de vie semblant insignifiants au premier passage. Paige chuchotait à propos des détails glauques du dégénéré.

Ma tête collée à l'oreiller, le dos en bataille me donnant une étrange impression, je me réveille entouré d'une couleur violemment claire. Mon frère installé à mes côtés me jure :

« Dès que tu sors, je t'en fous une !

-Tant que tu ne t'acharnes pas contre ma colonne vertébrale, j'accepte.

-Cool mais ça ne soigne pas l'inquiétude.

-Désolé... »

Je pensais au mot 'soigne' qu'il plaçait soigneusement selon le contexte mais je n'ajoutais rien puisque d'autres questions me traversaient l'esprit au même moment. J'en posa une :

« Qui sait pour l'accident ?

-Tu te fous de ma gueule ? Tout le monde : les médias, notre famille, tes amis, les gens d'ici.

-Ils viendront ?

-J'ai renvoyé tes amis chez-eux mais nos parents arrivent.

-Montre-leur que je peux me démerder seul.

-Vu ton état, personne ne se fierait à nous, je suis responsable idiot.

-Je voulais juste aider ! C'est bon, ils nous engueuleront tous les deux ?

-Comme la fois où t'es rentré ivre ? »

Je me souviens de ma gueule de bois et du regard noir que mon père a lancé à Ian quand il se moquait de moi. Il insiste :

« Tu vas me dire comment t'as fini comme ça ?

-Non, c'est une longue histoire.

-Arrête de jouer le con.

-Ok... »

A contre-cœur je lui mentionne l'enquête, le message, la maison, la tentative d'embuscade seul pour surprendre puisqu'on était quatre, pensant à l'avantage du nombre, la chute dans l'escalier, l'arrivée d'Evan et celle des médecins avec l'ambulance et de la police. Comme s'il effaçait sa méfiance envers Evan et Paige, il accepte de me laisser les voir ici.

Après la visite envahissante, un médecin se pointe, excluant mes parents et mon frère de la chambre. Il vérifie :

« Comment vous sentez-vous ?

-Comme une dinde à qui on a racolé un tas de morceaux provenant d'autre animaux.

-Bien.

-Comment ça ?

-Il est tout à fait normal de se sentir comme ça après ce genre d'opération, on appelle ce phénomène 'la dysmorphie'. »

Sa définition du 'normal' m'échappe complètement, ouais je reste vivant, une réussite aux séquelles insolites. 'Meurs ou devient une bête de foire', future devise des hôpitaux.

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