Au-delà de nous

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Courir devient un instinct puissant, la meilleure des solutions lorsqu'on arrive à court de temps puisque se cacher indéfiniment ne nous laisse pas indemne. Tout reste silencieux en plein milieu de mes défaites. Mon langage visuel ne les laissera plus entendre de mots romantiques puisqu'ils ne signifient fixement qu'une chose : je suis vraiment mort cette fois.

L'ultime dispute m'envoya dehors, fuir comme Rimbaud, sentir l'air dans mes poumons s'étouffée à cause de mes choix.

— Ses mains gelées, son cœur brûlant, nos regards s'accrochaient trop longtemps pour ne symboliser que des amis. Je lisais son premier jet, sur une fiction psychologique. Intrigué, je me balance vers lui, remarquant :

« Quel cliché !

-Le poète et l'écrivain ?

-C'est rhétorique ? »

Il laisse tomber son manuscrit, laisse son parfum se rapprocher, on tombe pour la personne la plus anodine, au moment le plus inattendu, je ressens l'arrêt cardiaque dû à nos lèvres s'entrechoquant. Je ne l'imaginais pas de cette façon mais je suis prêt à l'accepter, ce n'est pas déplaisant, même plutôt attrayant.

« Je suis mauvais avec les mots, j'espère que tu sauras lire mes regards.

-Ironique pour un écrivain. » Je me moqua.

J'interpréta absolument tous ses gestes, malgré mon égocentrisme, je m'intéressa vraiment à lui, quitte à développer une addiction à ses paroles, je n'étais certainement pas la bonne personne pour lui mais je l'aimais sincèrement. —

Trahi par mes propres parents, je fouinais dans leur bureau, Marlène les connaissait pourtant, aucun souvenir ne me revient de cette dame. — Dans nos albums de famille, je les regardais souvent avec ma mère et sa sœur, tante Silvia, je me voyais jeune, bébé. Je doutais de mon adoption par ces images et parce que je pensais ressembler à la femme qui m'élevait. — Les preuves trainaient sur le bureau alors que je tentais d'élaborer des liens.

Usés, ils rentraient et la lumière sous la porte intrigua d'abord mon père. Condamné, je m'empressa de cacher le dossier, ce qui n'empêcha pas la tournure dramatique que prendront les événements. —

Au milieu du chao, son visage ressortait, mon premier réflexe : sonner à sa porte. Il apparut le plus rapidement possible et je ne trouvais rien d'autre à raconter qu'une référence à nous, seuls, un soir, chez-lui où tout dérapa encore. — Notre première dispute tourna bien, je doutais :

« Juste parce que tu m'aimes ne signifie pas que je me sens aimé par toi ! Ecoute Evan, je suis désolé, je crois qu'on ne va nulle part. Je suis une espèce de narcissique, on ne fonctionnera pas.

-Ton optimisme, ta façon de penser, ton sourire m'attirent. Je me fiche de savoir à quel point c'est compliqué, je te veux toujours ! Je t'aime Paul.

-J'ai peur, probablement parce que je t'aime aussi Evan. Tu me donnes envie de faire les choses que tu n'oublieras jamais. »

Nos os ont craqué cette nuit-là alors que quelques minutes plus tôt, mes mains tremblaient. — Je laissais traîner un tas d'affaires chez-lui : ma brosse à dents, des pulls qu'il portait, mon briquet pour qu'il allume mes cigarettes... —

D'idiots à amoureux, la ligne semble fine, je comprenais de mieux mieux le sens de l'expression 'la vérité est nue'. L'important se réduisait à suivre ce qu'on savait naître entre nous puisque nos amis penseraient que nous n'étions "que des amis" parlant comme des amants.

La situation suffisait à deux personnes, effrayés à l'idée d'aimer. Evan attrapa mon téléphone, vérifiant, devant Sam :

« 'Occupé ?' t'envoie Daniel.

Juste nous [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant