Chapitre 1 : résurrection

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Ou suis-je ? Ce n'est pas la première fois que je me pose cette question. Ça tambourine dans mon crâne et un bruit strident emplit mes oreilles. J'aimerais les boucher pour ne plus rien entendre mais tout est à l'intérieur de moi. Comme à chaque fois que je me réveille. Je ne peux toujours pas bouger. Seulement prendre conscience de mon corps, cellule après cellule. La douleur surgit alors. Il m'avait pourtant dit qu'avec le temps, je ne ressentirai plus rien. Mais c'était faux malgré ce qu'il croyait. Mais comment lui dire sans ma voix.

Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon passé. En ai-je un ? Il me semble que oui car de la musique résonne depuis des années dans ma tête et je m'entends chanter sur ces mélodies. Alors j'ai eu une vie avant la souffrance. Cela doit être un fait, on ne nait pas en souffrant. Je me souviens aussi des lumières. Elles sont douces et chaudes et me ravivent le cœur. J'aimerais ouvrir mes yeux et les voir. Mais je n'y parviens pas et me contente de rester dans le noir.

La douleur est lancinante mais s'estompe avec le temps. Comme à chaque fois. Je me rappelle maintenant que j'ai ressenti cela la semaine dernière. J'avais réussi à ouvrir mes yeux. Je dois essayer à nouveau.

Je me débattais intérieurement pour enfin réussir ma mission, mais la lumière au-dessus de ma tête était si intense que je refermais aussitôt mes yeux. Par reflexe, mes bras vinrent me protéger. Je pouvais bouger ! Je protégeais donc mon visage et ouvrais petit à petit mes yeux pour me retrouver encore une fois dans cette pièce. Ou plutôt cette cellule. En regardant autour de moi, les souvenirs me revenaient. Comme à chaque fois. Je me mettais à rire nerveusement devant ce petit meuble gris, cette porte qui conduisait à ce qu'on pourrait appeler une salle d'eau, et en entendant le grincement de ce lit qui était le mien depuis tant d'années.

Mon hilarité ne faisait qu'augmenter et je pensais que je devenais folle. Depuis combien de temps je revivais cette scène ? J'avais arrêté de compter alors que je n'étais encore qu'une adolescente. Le bruit de la porte qui claque me stoppa net. Quelqu'un rentrait dans mon couloir, il devait être temps de manger. Je me jetais comme une mordu sur le mur qui était en réalité une porte. Celle qui ne s'ouvrait que pour me permettre de me nourrir ou de m'envoyer une fois de plus à la torture.

Je savais que je n'étais pas le seul cobaye ici-bas. Les jours que je passais seule dans ma cellule m'empêchais de voir du monde mais pas de les entendre. Ces cris qui résonnaient dans ma tête et ma mémoire. A vrai dire, les cris d'un seul homme. Il était ma seule compagnie. Glauque au possible mais tout de même présent. Mon occupation lorsque commençait sa torture était d'imaginer sa vie, son visage. D'une certaine manière, il me permettait de ne pas sombrer totalement, de ne pas oublier que ce que je vivais était réel.

La porte s'ouvrit en effet sur un geôlier masqué qui me déposa un plateau repas en vitesse puis me laissa de nouveau seule. Je mangeais en silence mais la musique revint à ma mémoire. Lalala, lala... Je me mis à fredonner pour ne pas la perdre.

Je ne voulais plus jamais perdre quoi que ce soit. Les souvenirs sont une ancre. Un espoir que je puisse un jour retrouver ma vie d'avant. J'espère que ma vie était belle avant. Avant les scalpels, les masques, les tortures, les sérums, et les expériences. J'espérais qu'un jour je pourrais revoir la lumière du jour plutôt que de me contenter du luminaire de ma cellule, sentir l'air et la chaleur ou la pelouse sous mes pieds. Redécouvrir les couleurs et les sensations ou simplement mon apparence puisque je ne me souvenais pas de mon visage, aucun miroir n'ayant été déposé dans ma pièce.

J'espérais que je pourrais aimer un jour. Il parait que c'est quelque chose de merveilleux, qui vous transporte. Je l'ai lu un jour. Mais je ne me souviens pas l'avoir ressenti.

Allongé sur mon lit après ce repas, je m'autorisais à rêver à l'amour et à la liberté. A m'imaginer ce que cela pouvait bien être. Je sombrais dans la torpeur de mon imagination lorsque je fus projetée contre le mur derrière moi.

Je fus sonnée un instant mais reprenais vite mes esprits. Tout brulait. Mon lit, mon meuble et les restes de mon repas. Tout ce qui n'avait en tout cas pas été détruit par l'explosion. Le mur de ma cellule était grand ouvert et je m'en approchais pour vite remarquer que tout autour de moi était incandescent et en poussière.

Pourtant, je ne ressentais rien. Aucune sensation de chaleur, aucune douleur. Je regardais mes mains et fut surprise de constater qu'un halo les entourait. J'avançais ma main vers une flamme gigantesque qui me contourna sans ne me donner aucune sensation. J'avançais alors à travers les couloirs détruits, complètement chamboulée. Je poussais des portes une à une pour tomber éperdument sur les mêmes images de désolation. J'arrivais enfin dans le laboratoire que je connaissais si bien et touchais du bout des doigts les instruments que mon corps n'avait eu de cesse de subir. Au sol gisaient des dizaines de cadavres dans des états pitoyables. Je n'avais de toute façon jamais vu leur visage. Je reconnu pourtant sur l'un des corps, le tatouage en forme de pieuvre placé juste dans la nuque, à côté d'une constellation de grains de beauté. Mon bourreau était mort. Un poids quitta mon corps et cette envie de liberté n'en fut que plus grande. Pourtant la terreur m'empoigna conjointement et je me mis à chercher frénétiquement une sortie.

Je me mis à courir en me rendant compte que je ne ressentais pas une once d'essoufflement. Je poussais une dernière porte et emportée dans mon élan, tombait au sol sur un parterre granuleux. Mes bras et mes jambes nus se mirent à saigner à cause des gravillons qui m'avaient entaillé la peau. Mais peu importe, la douleur je la connaissais assez pour ne pas me laisser impressionner par des éraflures.

Un bruit de moteur attira mon attention et je me tournais vers lui. Un petit convoi de voiture quittait le bâtiment en feu. Je vis dans une des remorques un caisson avec une coque de verre et un visage en dépasser. Des yeux gris, des cheveux longs bruns et un regard perdu dans le vague. Sa voix résonna dans mon esprit et je ne pus détourner le regard de lui. Il était devant moi. J'étais libre et lui non. Il du sentir ma présence et tourna la tête dans ma direction. Nous échangeâmes un long au revoir silencieux et il me sourit un instant, comme pour me souhaiter bonne chance.

Les bruits des moteurs s'éloignèrent ainsi que ce regard indélébile dans ma mémoire. Je me tournais pour voir le monde réel autour de moi et courrais sans connaitre ma destination. Je savais seulement que j'étais enfin libre.

***

Merci d'avoir lu mon premier chapitre. Je sais qu'il est particulier et un peu dur mais je voulais vraiment situer la souffrance du personnage pour que chaque chapitre soit ensuite plus clair : elle a souffert et rentre maintenant dans une quête de liberté...

Elle va maintenant rencontrer de nombreux personnages bien connus... et peut-être un jour revoir l'homme brun du caisson...

J'espère que vous vous accrocherez pour lire la suite car je vous réserve de nombreuses surprises avec nos personnages préférés ! 

Control Story - Tome 1 : La confiance du Captain [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant