J'avais fini par m'endormir sur ce petit lit, n'ayant rien d'autre à faire. Au petit matin, on nous avait déposé de quoi nous restaurer et les heures avaient défilé dans le silence. J'avais bien essayé d'engager la conversation avec mon colocataire mais il était resté muet, se contentant de m'observer la plupart du temps. J'avais finalement posé la question qui me taraudait.
- Je comprends que tu ne veuilles pas me parler, la communication, ça n'a pas dû être ton point fort ces dernières années. Moi, je ne savais carrément plus prononcer le moindre mot en sortant de tout ça. Mais, tu peux me dire pourquoi tu me regardes comme ça ?
Ma question eu l'air de le perturber et il sembla réfléchir à la réponse avant de me la donner.
- Pendant toutes ces années où ils me réveillaient pour que j'accomplisse mes missions, je t'entendais. Tes cris, tes cauchemars. J'ai essayé de t'imaginer. Puis je t'ai vu rapidement et cela m'a frustré de ne pas avoir assez retenu comment tu étais.
- Tu es déçu ? demandais-je.
- Non ! s'écria-t-il précipitamment. Mon seul espoir c'était de te rencontrer. Et tu es là. La vie me fait un petit cadeau. Enfin un deuxième.
- Un deuxième ?
- Mon premier était que tu sois libre. Et tu l'as été. Mon second était de te rencontrer, et te voilà. Je crois que j'aurais préféré que le deuxième ne se réalise pas. Tu es de nouveau prisonnière. Je ne veux pas que tu souffres. Ça me fait souffrir aussi.
Ses mots me touchaient tellement. Lui aussi avait été mon repère sans le savoir pendant toutes ces années. Notre passé commun, notre lien invisible, personne ne pourrait jamais le comprendre mieux que nous. Et c'est pour ça que je l'avais suivi dans ces ruelles sans même réfléchir une seule seconde. Parce qu'il était mon ombre et j'étais la sienne.
J'étais encore en train d'analyser ses mots lorsqu'il s'approcha de moi à grandes enjambées, prit mon visage dans ses mains et m'embrassa vigoureusement. Malgré la surprise de son geste, je ne parvins pas à le repousser. Il éloigna ensuite doucement son visage pour me regarder dans les yeux, gardant ses mains sur le bas de ma mâchoire et ma nuque. Il attendait quelque chose de moi, un mot ou un geste mais je ne savais pas quoi faire. La porte s'ouvrit alors et il s'éloigna. Deux agents nous demandèrent de les suivre. Ils nous conduisirent à travers des couloirs sombres jusque dans une pièce encore vide. La nuit était tombée et je regardai avec envie les étoiles aux dehors. La liberté.
- Qu'est-ce qu'on fait là ? demandais-je aux agents.
- Ferme là et attend, m'ordonna l'un deux en me braquant de son arme.
Mon compagnon se plaça entre nous deux, le menaçant du regard. Une porte adjacente laissa à ce moment précis un groupe d'hommes rentrer dans la pièce et mon sang se glaça. A leur tête se trouvait la personne que je redoutais le plus au monde de croiser à nouveau. Il n'avait pas changé d'un pouce après toutes ces années et quand il posa son regard sur moi, je reconnu ses yeux lubriques que je voyais encore aujourd'hui dans mes cauchemars. Il poussa mon ami pour se placer à quelques centimètres de moi, un sourire aux lèvres.
- Content que tu sois de nouveau de la partie, me murmura-t-il alors qu'il me sentait pétrifiée devant lui. Nous allons avoir besoin de vous deux aujourd'hui, une mission importante. Tu vas suivre l'homme de fer jusque chez le patron, il a l'habitude. Il vous donnera les ordres une fois sur place.
- Entendu, répondit mon nouveau binôme en se dirigeant machinalement vers la sortie avec les autres agents.
Je me hâtais de le suivre, ne voulant pas rester une seconde de plus seule et en compagnie de l'homme qui avait abusé de moi. Mais il me saisit par le poignet pour m'arrêter, colla son corps contre le mien, se sentant surement puissant maintenant que nous n'étions presque plus que deux.
- Avant ton départ, j'ai quelque chose qui me trotte dans la tête. Comme au bon vieux temps ma douce, susurra-t-il en me plaquant contre le mur.
Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus qu'un violent coup de poing l'obligea à se détacher de moi. Mon compagnon l'empoigna par le col pour le soulever du sol.
- Je te jure que si j'avais su avant que c'était toi le connard qui avait abusé d'elle tout ce temps, tu ne serais plus de ce monde, hurla-t-il hors de lui.
Une dizaine d'agent arriva et pointa toutes leurs armes sur lui mais Rumlow leur fit signe de ne pas bouger.
- Zhelaniye, dit-il.
Le soldat le lâcha alors immédiatement, serrant la mâchoire d'un air menaçant.
- Rzhavyy, continua-t-il en se relevant et en continuant de le dévisager tandis que son agresseur serrait sa tête entre ses mains, comme s'il souffrait.
- Semnadtsat, rassvet, pech, devyat, dobroserdechny, vozvrashcheniye na rodinou, odin, tovarny vagon.
A mesure que Rumlow prononçait ses mots, mon compagnon semblait lutter contre un mal invisible jusqu'à la dernière syllabe qui le transforma et qui me montra qu'il n'était plus celui qui m'avait défendu quelques instants auparavant.
- Ya zhdu prikazani, répondit-il avec une voix qui n'était plus la sienne ayant retrouvé le regard vide que je lui avais découvert la veille.
Rumlow se tourna alors vers moi avec un air mauvais et sortit une petite télécommande de sa poche.
- A ton tour maintenant.
VOUS LISEZ
Control Story - Tome 1 : La confiance du Captain [Terminé]
FanfictionL'histoire d'Elena et de Captain America est une histoire de contrôle. De confiance et de sentiments aussi. Steve Rogers ne pensait pas revoir de si tôt le nom de Hydra revenir dans ses discussions de boulot. Pourtant, quand la jolie Elena se retrou...