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 Nous sommes le neuf novembre. Ça fait officiellement deux ans que Thomas a quitté ma vie sans y revenir. Deux ans que les larmes me montent aux yeux à chaque fois que je vois une affiche avec son visage. Deux ans que je ne l'ai pas serré dans mes bras, que je ne me suis pas faite à son absence.

Mon amour pour lui est le genre d'amour qui pourrait tout pardonner, deux ans de disparition, je l'aime tellement.

Je regarde sa photo sur ma table de nuit. Je n'aurais jamais pensé devoir lui dire adieu, pour moi, ça allait être nous jusqu'à la fin. Puis, il a disparu et ma vie a changé.

On m'a forcé à planifier un avenir, sans lui. J'ai souffert pendant des mois.

Thomas représente absolument toutes mes premières fois, mon premier petit ami, mon premier amour, mon premier baiser, le premier mec avec qui j'ai couché et mon premier cœur brisé.

Je n'aurais jamais cru les choses tourneraient de cette façon.

Le pire, c'est que les mêmes questions hantent mon esprit depuis deux ans.

S'est-il fait kidnapper ? Est-il mort ? Qui sont les suspects ? Finira-t-il par rentrer à la maison ?

Je n'ai aucune réponse.

J'attrape mon manteau, il est vingt-trois heures, j'ai envie de me défouler, de tout oublier. J'ai besoin de boire.

Je marche dans les rues de ma ville, elles sont pleines de jeunes qui recherchent la même chose que moi. L'air frais me donne un peu plus le courage à chaque pas.

Depuis des années, je vis dans la douleur, espérant chaque jour que ma souffrance disparaisse en vain.

Je m'installe au bar, la serveuse me dévisage avec un air compatissant.

J'ai l'air pathétique ?

Sûrement.

-Un rhum, s'il vous plaît.

La serveuse hoche la tête puis me donne mon verre. J'en avale d'un coup le contenu. L'alcool me brûle l'œsophage, mais peu à peu, la satisfaction prend place en moi.

Je lève la tête et je regarde le tableau en liège, sur le mur d'en face, à l'autre bout du bar.

Encore une.

Une affiche avec son visage, ses magnifiques traits. C'est un avis de recherche qui date d'il y a deux ans. Il faudrait peut-être penser à enlever ces merdes.

Les larmes me montent aux yeux sans que je ne contrôle quoi que ce soit, une boule se noue dans mon estomac et je n'arrive plus à respirer.

Ça recommence.

Je commence à sangloter doucement. Je ne contrôle plus mon corps, je place ma tête entre mes mains et je laisse les larmes mouiller mon visage.

-Pitié, rentre à la maison... j'articule lentement.

Plus les minutes passent, plus je sens l'alcool prendre place dans mon corps.

Quand je ne supporte plus d'avoir l'affiche sous les yeux, je me lève et je me dirige vers le tableau en liège.

Je manque de trébucher un millier de fois en moins de quelques mètres.

Lorsque je l'atteins, je saisis l'affiche et je la déchire sous les yeux ébahis d'un groupe de jeunes. Je jette les morceaux dans la poubelle.

Je retourne pour aller retrouver ma place, et soudain, un grand sentiment de culpabilité s'instaure en moi.

Et si on ne le retrouvait pas parce que j'ai enlevé l'affiche ? Et s'il meurt par ma faute ? Et s'il m'en veut d'avoir déchiré l'affiche ? Et s'il m'avait vu détruire l'avis de recherche ? Et s'il pense que je ne l'aime plus ?

Non...

Mes jambes me lâchent et je me laisse tomber à genoux en plein milieu du bar. J'entends deux ou trois personnes se lever pour venir m'aider. Mon cœur bat toujours aussi vite tandis qu'ils me relèvent. Les quelques personnes m'appellent un taxi.

Ils me laissent et j'attends mon taxi, assise sur le trottoir.

Le froid me fait du bien.

J'ai mal à la tête.

Je me demande si je vais réussir à rentrer à la maison. Je mets ma tête entre mes genoux.

Plusieurs personnes passent et me demandent si tout va bien, chaque fois, je hoche la tête et je détourne le regard. Ils ne cherchent pas à comprendre.

C'est bien la preuve que « ça va ? » n'est rien de plus qu'une politesse, de nos jours.

Quand l'attente devient trop longue et la température trop froide, je ferme les yeux.  

Like him (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant