15.

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Nous sommes le vingt-quatre décembre, je suis assise à côté de la cheminée. Le feu brûle le bois petit à petit, emplissant un peu plus la pièce de fumée. L'odeur de chêne brûlé se diffuse partout dans le chalet.

Les flammes se déchaînent comme mon âme dans la tourmente. Le feu me rappelle que, ces derniers jours, je me sens sombrer, m'amenant chaque minute un peu plus dans les ténèbres.

Je suis seule, Thomas est parti, je ne veux plus voir Grayson, Solène est en Norvège et Téo est dans sa famille.

Joyeux Noël, Esmée.

Quant à mes parents, ils sont sûrement en voyage d'affaires, quelque part.

J'ai passé la semaine à nettoyer le chalet familial et à dormir. Sans parler de mes longues séances d'état d'âme. Je ne me suis pas douchée depuis trois jours.

Le temps passe lentement, chaque instant est plus long que le précédent.

Je me remémore tout, l'enterrement, les bars avec Grayson, mes discussions avec Solène.

Thomas est mort, je n'y crois pas. Je n'arrive pas à m'y résoudre, je n'arrive pas à l'accepter.

Ces jours-ci ont été durs, plus que les précédents, moins que ceux qui suivront.

Je vis un enfer depuis qu'il nous a quitté et l'altercation avec Grayson n'a rien arrangée.

J'ai toujours eu beaucoup de mal à oublier, ces dernières semaines me marqueront à vie.

Si je vis.

Mes pensées sont hantées par le souvenir de Thomas, m'appelant encore et encore pour me serrer dans ses bras. Ses mots d'amours murmurés à la bibliothèque, nos soirées passées à faire nos devoirs dans ma cuisine. Nos retards au lycée, car nous avions trop traîné au lit, nos « je t'aime » incompris. Nous.

Ce « nous » me manque, il me manque, la moi que j'étais en sa présence, notre vie.

J'ai envie de pleurer, mais rien, aucune larme ne m'emplit les iris et je reste de marbre face à l'intensité de la douleur qui me ronge.

***

Nous sommes le dix-huit février, je regarde ma mère se plaindre une fois de plus et tourner autour de l'îlot central. Peut-être qu'elle me reproche quelque chose, je n'en ai aucune idée. Elle est revenue de son voyage à Bangalore la semaine dernière et m'a rejoint ici.

Je sais qu'elle s'apprête à repartir, j'ai vu ses sacs posés dans l'entrée. Je pourrais lui en vouloir de repartir si tôt, mais je la comprends.

Cela fait deux mois que je n'écoute rien ni personne, je ne parle pas non plus. Ma compagnie ne doit pas être des plus agréables.

Mon esprit est totalement vide, mon cœur aussi.

Téo prend des nouvelles de moi à peu près une fois par semaine et Solène vient me voir quand elle peut. Je ne suis pas seule, pourtant j'en ai l'impression.

À chacune des visites de mon amie, elle m'apporte des petits gâteaux, des jeux de sociétés et des choses pour me divertir. Pendant des heures, elle me parle sans que je lui adresse ni un regard, ni une parole, quand elle part, elle dépose un baiser sur mon front.

Je m'en veux de faire vivre des moments de la sorte à mon amie, je suis cependant incapable de faire autrement.

***

Nous sommes le vingt-trois mars.

Je vais mourir, aujourd'hui. C'est décidé.

Au fur et à mesure des mois, j'ai pu constater que les visites de Solène sont de moins en moins régulières. Téo n'envoie désormais plus de messages.

Like him (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant