43. I Esmée

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Esmée


Ne me touchez pas ! Peste Thomas à l'attention des employés de Grayson.

Il est de bonne humeur, comme toujours.

Le petit déjeuner se déroule dans le calme malgré les regards assassins qui fusent.

Thomas a encore son déambulateur et il s'apprête à repasser un examen. Je n'ose pas l'observer, je me souviens de ses yeux lorsqu'il a vu Grayson hier soir sur le balcon, son désespoir.

Chacun des souvenirs de la veille me remontent en mémoire, je me remémore tout. Les yeux de Grayson, ses mains posées sur mes cuisses, ses lèvres sur les miennes. Mes yeux brillant encore d'excitation une vingtaine de minutes après.

Ça va ? Me demande Thomas s'étant approché.

Oui.

D'accord.

Mes yeux retournent sur la table de brunch, elle est remplie de mille et unes saveurs, combinant boissons et aliments plus extravagant les uns que les autres. Je les dévisage un par un, calculant lesquels contiennent le plus de calories. Perdue, je décide de sauter ce repas malgré la faim qui anime mon estomac.

Quelques secondes après que je me sois levée, Thomas fait de même et rejoins les médecins qui l'attendent pour son examen.

Je regarde une nouvelle fois les personnes attablée, ils sont tous là, sauf lui. Grayson ne s'est pas présenté ce matin pour le petit déjeuner. Seule sa chaise est vide. Personne à part moi ne semble s'inquiéter de son absence, comme si c'était habituel.

Je fixe une nouvelle fois la chaise et cette image me donne la nausée. Une remontée acide me pousse à courir jusqu'à ma chambre, sous les regards interrogateurs des employés.

Je vais dans la salle de bain juste à côté et je me penche sur la cuvette des toilettes. Je vis l'instant comme une espèce de retour dans le passé, quelque chose d'étrange. Quelques larmes coulent sur mes joues lorsque ce que j'ai mangé la veille finit dans l'eau.

Après m'être relevée, j'éclate en sanglots, les deux mains plaquées sur la céramique du lavabo. J'ai l'impression que les larmes me brûlent le visage, qu'elles détruisent tout sur leur passage.

J'ignore si l'on peut considérer ça comme une rechute, mais j'en ai bien l'impression. La seule chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi ? Pourquoi maintenant alors que tout est censé aller mieux ?

Thomas est revenu. Donc, pourquoi tout se passe comme s'il était encore parti ?

Mes démons refont surface, comme ils le faisaient autrefois.

Je retourne silencieusement dans ma chambre, contenant mes larmes. Une fois la porte fermée, je regarde ce grand miroir au bord rose.

Je me place devant, avant de, sur un coup de tête, enlevé mon haut, puis mon bas. Jusqu'à me retrouver nue devant le miroir. J'observe mon corps, ma peau, mes membres. Les zébrures violettes luisant sur moi font couler de nouvelles larmes.

Je ne comprends même pas comment deux garçons aussi superbes ont pu s'intéresser à moi.

Mes hanches trop larges, ma taille pas assez fine, mes seins trop petits... Chacune des parties de mon propre corps me dégoûtent. Je me regarde comme si je n'étais rien, comme si mon existence se résumait à la souffrance et l'incertitude.

J'ai l'impression que depuis toujours, je suis dans cette chute libre, sans rien pour m'accrocher. Mes démons refont surface dès qu'ils en ont l'occasion sans même me concerter. Je vis dans la peine, la peur de moi-même.

Like him (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant