34 - Second message divin

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Sara

Une douleur insurmontable m'arrache à mon sommeil. J'ai l'impression de sentir une griffe me déchiqueter les entrailles. Mon bas-ventre s'agite de convulsions et mes organes sont frappés de violents coups de poing.

— Que se passe-t-il, Sara ?

C'est au ton paniqué de Wolf que je réalise que je me suis mise à hurler. Il se redresse et tire le drap pour dévoiler une imposante marre vermillon entre mes cuisses. Cette vision suffit à glacer mon sang alors que je comprends ce qu'il se passe sans le réaliser pleinement. Sans vouloir y croire.

Wolf réagit promptement. Il soulève mon corps taché comme un poids plume et l'emmène à l'infirmerie. Dehors, le jour est levé depuis un moment, mais le camp est encore plongé dans le sommeil. Mon mari inquiet défonce plus qu'il ne frappe la porte de la hutte d'Hector. Le médecin, tiré de son repos et probablement toujours en état d'ébriété après l'interminable fête, n'ouvre qu'un œil sur deux. Il grommèle et s'apprête à conspuer le malotru qui se permet de le déranger à cette heure indue. Il se ravise quand il me voit.

J'ignore le tableau que j'offre, mais il est certainement loin de la belle Sara, heureuse et apprêtée d'il y a quelques heures.

— Allonge-la ici ! s'exclame-t-il en envoyant valser les livres empilés sur la table d'examen.

Je hurle à nouveau quand les bras de mon mari me lâchent et que je sens mes organes se tordent une nouvelle fois. Hector tâte mon ventre à peine arrondi et en parcourt la surface avec un stéthoscope pendant de longues minutes. Des minutes d'angoisse d'autant plus insupportables que je ne sais pas ce qu'il discerne et ne devine aucun verdict sur ses traits concentrés.

Puis le couperet tombe.

— Je n'entends plus le cœur.

Le médecin secoue la tête d'un air navré et Wolf ferme les yeux pour encaisser la nouvelle. Moi, je ne peux pas accepter.

— Non !

Hector se retourne et part fouiller dans ses étagères à médicaments jusqu'à en extirper deux pilules qu'il me tend.

— Ça va aider à expulser le fœtus.

Ce n'est pas possible. Il doit y avoir un autre moyen. Il ne peut pas m'enlever mon bébé. Pas comme ça ! Je sanglote de nouveau, sans savoir si c'est lié au chagrin ou à la douleur, puis je repousse la main d'Hector avec véhémence.

— Non !

Sonnée et impuissante, je vois Hector chuchoter à l'oreille de Wolf et Wolf hocher la tête d'un air grave. Je voudrais juste croire encore qu'il ne s'agit que d'un horrible cauchemar, mais la douleur est bien trop réelle. Au terme de ce conciliabule, mon amour se penche sur moi, je sens sa barbe drue frotter mes joues.

— Mon soleil, il faut que tu avales ces médicaments. C'est pour ton bien. Je te promets que nous aurons d'autres petits, mais pour cela, il faut écouter le docteur et soigner ton corps.

Peu importe qu'il me parle comme à une enfant, j'ai juste besoin de son réconfort. J'enroule mes bras autour de son cou pour pleurer sur ses épaules de titan.

— C'est trop dur...

— Je sais.

J'ignore à quel moment il parvint à me faire avaler ces pilules, probablement entre deux salves de caresses tendres. Je me rappelle juste cette douleur cuisante qui me sort de ma léthargie.

Les spasmes qui agitent mon ventre me donnent la sensation qu'on vient de ressusciter mon bébé et qu'il creuse son chemin hors de mon utérus. Le sang se remet à couler à flots. Combien de litres mon corps pourra encore produire avant de rendre les armes ? Une contraction plus forte et les instruments d'Hector extirpent la chair de ma chair.

Les Chasseurs de MiragesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant