Prologue.

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Commissariat de Miami, 1h37.


Alaë.

Ça fait des heures que je bouge dans tous les sens sur mon lit de fortune afin de trouver le sommeil, en vain. Les cris des drogués en sevrage et des détenus surexcités me tiennent bel et bien réveillée. Je m'installe sur le dos afin de fixer le plafond, je m'ennuie à mourir. Et ce ne sont pas mes tarés de voisins qui vont me divertir.

Une sonnerie assourdissante retentit à l'accueil, si fort que je crispe mon visage. Tous les agents s'agitent dans tous les sens, ils ont sûrement une intervention. Des portes claquent, des vestes s'enfilent, des armes se rechargent.

— Tu reste là la bleusaille, ordonne durement l'un d'entre eux, avant de sortir en trombe du poste de police.

Sur ces mots, le silence revient, même les prisonniers se sont calmés. Je ferme les yeux pour me laisser sombrer petit à petit dans les bras de Morphée.

*****

Je suis réveillée par un brouhaha déconcertant. Mon cerveau pulse à toute allure dans ma boîte crânienne. Des cris et des disputes résonnent un peu partout dans le poste de police. Les taulards et les alcoolos en cellule de dégrisement se déchaînent dans leurs cages comme des lions affamés. Je ne comprends rien alors je me redresse sur mon vieux matelas.

Aux barreaux de ma porte se trouve un policier avec une arme posée sur la tempe. L'homme qui le menace est cagoulé et très menaçant. Il fait sombre, je ne reconnais pas sa carrure et ses vêtements noirs ne laissent apparaître aucun détail qui pourrait m'indiquer qui est en train de me libérer. Sa voix rauque et autoritaire me fait froid dans le dos, alors que je sais pertinemment que je ne risque rien et que c'est l'un des miens.

L'employé parvient difficilement à ouvrir la cellule où je me repose. Il est jeune et terrifié à l'idée de se faire tuer. Le pauvre, il n'a pas l'air au courant. Son assaillant lui ordonne de se plaquer contre la table en ferraille qui nous sépare pendant que je me lève sereinement. Je prends le temps de m'étirer alors que les sanglots du jeune homme commencent à s'élever dans la pièce.

Mon sauveur n'a aucune pitié et continue à lui mettre la pression en lui hurlant dessus et en jouant avec le cliquet de sécurité de son arme. Le son qu'émet cette dernière fait hoqueter le policier qui déglutit difficilement à chaque cliquetis, la face gauche figée contre le métal froid.

— Hé ! interviens-je en frottant mes vêtements pour en ôter la poussière. Il a compris !

L'inconnu se concentre enfin sur moi et m'approche pour me tendre sa veste en cuir. Mon bras flanche quand je l'attrape, elle pèse au moins 25 kilos et je comprends pourquoi. Elle est pare-balle.

— Allez princesse, me presse-t-il. On rentre à la maison.

Sa voix plus délicate à présent me fait doucement sourire, même si je ne sais pas qui est en face de moi. Je ne la reconnais pas malgré qu'aucune animosité ne la trahisse. J'exécute et m'active à enfiler le lourd manteau. Il envoie un coup de menton vers la sortie pour m'indiquer de l'emprunter tandis que son arme ne quitte pas le crâne de mon gardien, dépassé par la situation.

J'avance dans le couloir et en quelques secondes, sans la moindre difficulté, je suis dehors. L'air frais gifle mes joues mais je n'ai pas le temps d'en profiter, il attrape déjà ma taille pour me pousser en direction de notre grosse voiture noire garée plus bas. Je ne perds pas une seconde de plus et cours devant lui.

Tout à coup, des coups de feux retentissent devant le commissariat. Je lève désespérément les yeux au ciel, sur le point d'engueuler mon partenaire et de lui demander d'arrêter de terroriser le jeune, mais je suis freinée dans mon élan.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant