🟢 Alexandre Fournier #6

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Comme prévu, tout le monde nous observe : les collégiens, les lycéens et même certains profs. Ils ont ce regard dérangeant, entre dégoût et jalousie. Une certaine fierté s'insinue en moi. Et toc, vous avez peut-être la beauté et les pectoraux mais moi j'ai Alice. Ça rattrape tous les défauts du monde...

Sa main vient trouver la mienne et les regards deviennent presque cruels. Brrr, ça fait froid dans le dos. Mais je ne lâche pas cette prise pour autant, au contraire, je m'y attache plus fermement encore. Instinct de préservation proche du zéro, je vous avais prévenu !

- Alice mais qu'est-ce que tu fiche ?! Bordel mais c'est un raté ce mec. Me dis pas que...

Ça, c'est Nathan. Grand, baraqué et souvent en colère. Vaut mieux éviter de l'énerver si on tient à sa tête. Même moi je préfère ne pas m'y frotter. Costaud mais rien dans le crâne, il n'hésite pas à frapper quiconque le regarde de travers, même les filles et les 6èmes. Il est cruel et sans pitié. On a donc intérêt à reculer, doucement. 

- Je n'ai aucun compte à te rendre, Nat'. Pousse-toi de mon chemin, tu me dérange. 

Apparemment, je ne suis pas la seule personne ici ayant un instinct de survie limité. Mais contrairement à Alice, je ne suis pas complètement suicidaire. Cette fille est officiellement folle ! Je devrai peut-être la présenter à maman, la belle-fille idéale en quelques sortes.

- Ne m'oblige pas à frapper ton joli petit visage... grogne Nathan d'un air féroce. 

Génial, c'est exactement le moment où on s'excuse et où on poursuit notre route discrètement. Reculer, s'éloigner et survivre. 

Évidemment, c'est trop simple et Alice ne compte pas s'incliner. Elle est la fille la plus [adjectif qualificatif ultra positif] du collège. Alors au lieu de survivre bêtement, elle plonge dans le puit de la bêtise. Le problème c'est qu'on se tient la main alors je suis obligé de tomber avec elle.

- Tu aime ça, hein ? provoque-t-elle. Frapper les innocents. Tu me dégoûte !

- Euuuh. A-Ali-ce. Je n-ne suis p-pas sûr que-que...

Mon coeur n'est qu'une mauviette, j'ai l'impression qu'il s'est fait la malle. Hé, reviens j'ai encore besoin de toi. Et voilà que c'est mon cerveau qui déconne maintenant ! Virez-vous de ma vue, fichues tâches noires, je ne vois plus rien. Argh, les aléas du corps humain...

Et voilà que Maxime s'y mêle (le beau gosse par excellence parfait sous tous rapports, vous vous souvenez ?) :

- Par principe, je ne peux pas être d'accord avec cet abruti.

Il se rattrape de justesse, l'esprit limité de son interlocuteur ne comprend pas forcément les attaques indirectes, heureusement pour lui :

- Désolé Nat'. On se fait un match de foot après le repas ?

Rapidement, il se détourne de cet idiot pour reprendre sa conversation. Son regard scrute le visage d'Alice comme s'il s'attendait à y voir un sentiment caché. À aucun moment il ne se tourne vers moi, c'est comme si je n'existais pas. Sympa. 

- Tu mérite l'élite, Alice. Tu es brillante, splendide et drôle. Ne traîne pas avec ce type, il ne peut rien t'apporter. C'est une sorte de minable, nul en tout et pas forcément malin. Et contrairement à Nat', il n'est même pas costaud pour compenser. En résumé, c'est rien.

Habituellement, j'ai l'habitude de ces remarques et je les écoute sans broncher. Pourtant, aujourd'hui ce n'est pas pareil. Il y a la plus merveilleuse des filles qui s'aggripe à ma main comme si j'étais la solution à tous ses problèmes.

Peu à peu, je sens ses doigts me lâcher comme si elle était d'accord avec ce tissu de conneries. Alors cette fois, je vais réagir !

Et puis merde, je suis un sorcier. S'il y a une seule personne dans ce collège qui mérite l'admiration d'Alice, c'est moi.

Le Loup, sa corne et trop de caféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant