💚 Texte extrait d'une confession

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J’ai six ans.
Dans ma classe, toutes les filles ont des cheveux qui diffèrent des miens.
Je me sens unique et c’est une sensation qui me plaît bien.
Mais, soudain, mes boucles disparaissent et je finis par leur ressembler.
Ma nouvelle tête me surprend, et je me dis que c’est plutôt pas mal de les copier.

J’ai neuf ans.
Je veux retrouver mes mèches, ma différence, mon identité.
Mais c’est trop tard, la chaleur a fait son effet et maman m’y a habituée.
Mes cheveux sentent le cramé, mais elle m’a assuré qu’ils seraient plus doux et plus légers,
Je sais qu’elle veut que je sois belle alors j’ai fini par l’écouter.

J’ai douze ans.
Je rentre au collège et je fais attention à mon apparence.
Mon fer à lisser ne me quitte plus, il me donne plus de confiance.
Je me cache dans les cabines des vestiaires après les cours de natation,
L’eau est devenu mon pire ennemi, lui que je chérissais tant.

J’ai quinze ans.
Dans l’incompréhension totale, j’observe mes cheveux se raccourcir.
Je ne les ai pas coupés, et malgré les produits ils refusent de s’adoucir.
Mon reflet me dégoûte, tout ça c’est de la faute de mère nature.
Si elle m’avait fait ressembler aux autres filles, je ne subirais pas cette torture.

Je rentre bientôt au lycée, la confiance en soi me guette et j’ai envie d’y croire.
Alors j’arrête les lissages et apprends à m’aimer devant le miroir.
Les gens de mon école pouffent de rire, ma mère est déçue,
Mais si c’est pour me sentir bien, je continuerai d’être têtue.

J’ai dix-sept ans.
Mes bouclettes sont revenues au fil du temps et me vont comme un gant.
Je suis passée par les insultes des gens avec qui je partage le même sang.
Mais ma fragilité a disparu, car je n’ai plus neuf ans.
J’aurai bientôt le double et je ne suis plus une enfant.

Je galère un peu à les coiffer et ils sont difficiles à dompter,
Mais je ne referai plus les mêmes erreurs, je ne fais que les recompter.
Qu’ils continuent de rire de moi, car j’en ferai de même avec leur haine,
Mon afro est ma couronne, ils seront les bouffons et je serai la reine.

Qu’ils continuent de rire de moi, car j’en ferai de même avec leur haine,Mon afro est ma couronne, ils seront les bouffons et je serai la reine

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—confessions of an afro-haired girl
@sun7

Le Loup, sa corne et trop de caféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant