02. Obéissante pierre

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Emeraude Evan's

Est-il possible de rendre fou quelqu'un, comme il me rend folle ?

On dit qu'au fond de notre cœur, il y a un Hulk qui se cache. Attendant d'avoir assez la rage pour tout écraser sur son passage. Et le mien ne cessait de se refouler à la dernière minute. Toujours après avoir sorti des mots blessants, ou claquer la personne en face. Après ça, il se cache... Me laissant me débrouiller seule. Comme s'il craignait les représailles. 

Mais moi dans tout ça ? Je devais rester jusqu'à la fin, et assumer toute la colère qu'il a sortie en seulement quelques secondes. 

Mon Hulk à moi aime beaucoup la jalousie. Il est prêt à me laisser me démerder seule, après avoir fait une grosse connerie. 

Comme ce fut le cas quinze ans plus tôt. Quand un gamin et son père ont fini à la rue, sans avoir de quoi se nourrir ou dormir. Ce jour-là... Je m'en rappellerais toute ma vie, car il a brisé une famille. J'avais brisé cette famille. 

Les gens cachent bien des secrets, et s'ils sont si intelligents que moi, ils les emmèneront avec eux dans leurs tombes. Ce ne fut pas mon cas. Surtout quand j'ai revu son visage d'enfant métamorphosé en un grand et magnifique homme, rempli de muscles, et nourri au steak.

─ Qu'est-ce que tu me veux Émeraude ?

M'avait-il dit en me reconnaissant. Au bout de quelques engueulades sur le parking de l'université...

─ Ça t'amuse de gâcher ma vie ?

M'avait-il demandé lorsque ses amis voulaient que je reste à la maison, sans demander son avis.

─ Qu'est-ce qu'on t'a fait mon père et moi pour que tu montes ta mère contre nous ?

Il avait eu les larmes aux yeux, et était sur le point de craquer quand il m'avait posé cette question. Et j'étais debout devant lui, les jambes flageolantes, jouant avec les bagues de mes doigts. C'est comme si je lui avais tout prit et que j'avais tout détruit. Pourtant, ce n'était pas voulu. Sauf le virer de chez moi. Mon Hulk avait été plus rapide que moi, et je n'avais pas su le contrôler. 

Si notre situation semblait s'améliorer d'un point de vue extérieur.... À l'intérieur, c'était pourri. Rien n'avait changé. Cet homme avait toujours la haine contre moi, et ne cessait de vouloir se venger. Oncle Marc m'avait consolé en me disant que ce n'était pas ma faute. Que chacun a une part profonde de jalousie qui est impossible à contrôler. 

Pourtant... Cet homme ne m'avait jamais appartenu, et je ne lui avais jamais appartenu. Pourtant... Cet homme, je devais seulement le considérer comme un demi-frère alors qu'au fond de moi, j'en éprouvais davantage. 

Quand il entrait dans ma chambre, me demandant de l'aide pour ses mathématiques, je l'accueillais les bras ouverts, et un grand sourire aux lèvres. Le cœur essayant de s'échapper de ma cache thoracique, chaque fois que ses belles et soyeuses boucles frôlaient mon front. Quand on me harcelait à l'école et que ma cousine était déjà partie pour Cuba, il venait sans cesse à ma rescousse. Me protéger était l'une de ses priorités. Comme un grand frère. 

Mais je n'avais jamais voulu de ça. Et mon Hulk avait explosé en le voyant passer son bras autour de l'épaule de la plus populaire fille du collège. Le sourire aux lèvres. J'avais gâché sa vie et son bel avenir qui lui tendait les bras. Si je n'étais jamais apparu dans sa vie... 

Calix Azraël serait un grand et populaire basketteur au lieu d'être un craquant et puéril tueur à gages.




        Je m'allume une cigarette, la laissant me brûler les poumons. À ce stade, je suis déjà à deux doigts de crever de toute façon. Je n'ai pas fait les meilleurs choix dans ma vie, et c'est avec regret que je vais devoir endurer des remords toute ma vie. 

𝐏𝐎𝐃𝐄𝐑𝐎𝐒𝐀 - T4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant