𝐏𝐎𝐃𝐄𝐑𝐎𝐒𝐀 - T4

54. Beautiful Tragedy

KIΛЯΛ YΛПG

Soyez comme la neige. Froide mais belle. 

– Lana Del Rey

Blind vient de m'envoyer la photo d'Akari, la tête décapitée au même titre qu'Hiroshi. 

Un sourire traverse mes lèvres et la fierté s'empare de moi. La photo est suivie d'un message où il m'informe qu'Ezra Diaz est rentré en Amérique et que lui, m'attendais chez moi. 

Je tourne le portable vers la personne assise en face de moi, le visage en sang. Il me fusille du regard et c'est ce qui me fait glousser. La roue a enfin tourné et c'est moi, la reine dans l'échiquier. 

La pièce est plongée dans l'obscurité, l'air moite et vicié, remplissant les poumons de ceux qui osent pénétrer dans cette cachette secrète. Au centre, une seule lumière, vacillante, diffuse une lueur inquiétante qui danse sur les murs froids en béton. 

Sur une chaise, cet homme est attaché, ses mains et ses pieds solidement ligotés. Sa chemise de soie, désormais tâchée de sueur et de rouge, laissant deviner le statut élevé qu'il a. Ou plutôt, qu'il avait. 

Daisuke, anciennement chef des Yakuzas, est à la fois craint et respecté. Mais ce soir, il n'est plus qu'un prisonnier, un pion piégé dans un jeu cruel orchestré par moi. 

Une femme qui a longtemps été dans son ombre. 

Je me tiens devant lui, passant mon portable à Firestone. Mes cheveux lisses tombent comme une cascade d'encre sur mes épaules, et mes yeux brillent d'un feu intérieur. Daisuke me voyait comme une menace potentielle et était prêt à m'éliminer. Moi. L'héritière du clan YIN. Et il a eu raison... 

La vérité se dévoile sous un néon blafard ; je suis la tempête qui s'élève contre son rival.

— Tu pensais pouvoir me retirer la vie sans que je ne m'y oppose Daisuke ? Je commence, ma voix douce résonnant comme un murmure dans la pièce silencieuse. Tu pensais pouvoir m'éliminer sans que je ne le sache ? Sans que je ne riposte ?

Je m'approche encore plus lentement, mes talons cliquetant sur le sol. Chaque pas scellant un peu plus mon destin. Daisuke, porte les marques de l'angoisse sur son visage autrefois impassible. Il tente de sourire, mais ce dernier se mue en un rictus.

— T'es complètement malade Kiara. Même si tu me tortures, qui te laisseras faire ? Je suis le chef des Yakuzas. Sans moi, vous n'êtes rien.

J'éclate de rire, un son aigu et cristallin, tranchant la pénombre.

— Daisuke... Je ne suis pas rien. Je suis l'ombre qui te couvre, celle qui a toujours fait le sale travail à ta place.

— Si ça te dérangeait tant, t'aurais dû donner ta place à quelqu'un d'autre, crache-t-il.

Sans un mot, je tourne les talons et m'éloigne de lui, feignant l'indifférence. Je me dirige vers une table encombrée d'instruments d'un autre temps. Lames luisantes, pinces et autres outils de souffrance, chacun trahissant mes intentions sinistres. 

Firestone reste adossé au mur poisseux, gardant un œil sur Daisuke, rictus complice aux lèvres. Il m'a aidé à kidnapper mon chef, et me laisse faire tout ce que je veux sans s'interposer. C'est pour cette raison qu'il est dans mon équipe, je savais qu'il se la bouclerait et me laisserait faire.