21. Ice or Fire

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𝕊𝔸ℙℍ𝕀ℝ 𝔸𝔹𝔹𝔸𝕊

J'enlève mes chaussures quand je suis dans la rue parce que la rue sera toujours chez moi.

 — Ghali



15 ans plus tôt... 

— Et donc, on se doit la coltiner jusqu'à la fin de notre vie ? Demande Calix en sautant sur mon lit.

— Tes chaussures sales sur mon matelas.

Jamais, et je force sur le mot jamais, nous n'avons été aussi complices. C'est consternant la façon dont tous les soirs depuis plusieurs semaines, l'un rejoint la chambre de l'autre pour le faire le topo de ce que Darcy a pu nous faire dans la journée. Et ne parlons pas des journées au lycée où elle se fait davantage harceler par les autres parce qu'elle habite avec nous, et sa colère retombe sur ma famille et moi. 

Calix retire ses chaussures avec ses pieds, attrape un magazine sur les voitures de sport et s'y intéresse visiblement plus que moi. J'ai une préférence pour les motos, bien que j'attends toujours que l'on m'appelle pour que je puisse récupérer la mienne après le coup bas de Darcy. 

C'est au tour de Jade de rentrer dans ma chambre et de s'affaisser sur mon lit alors que je suis assis à mon bureau, essayant de régler ce foutu problème de mathématique sans la dingo qui essaye de ruiner notre vie. 

Et maintenant que Beatrix est partie faire son voyage d'affaires, tout s'empire. Heureusement que sa grande sœur est plus condescendante et nous fout la paix la journée avant de venir se moquer avec nous. 

J'ai l'impression que les réunions nocturnes, c'est mal et à moi, ça me rend mal par rapport à Darcy. Après tout, on l'éloigne de nous comme elle a voulu nous éloigner d'elle. Je peine à l'imaginer seule dans sa chambre au bout du couloir, nous entendant rire – sur elle

Si j'étais à sa place, c'est certain que j'aurais accentué les coups bas mais tout est sa faute. 

La sienne et celle de nos parents, pourtant, je ne m'acharne pas sur elle.

— Quoi de beau ? Demande Jade.

— J'ai dû traverser la moitié du lycée en serviette sous les acclamations de tout le monde parce que quelqu'un, dont je ne dirais pas le nom au risque que Darcy se sente concerné, m'a piqué mes vêtements dans les vestiaires après mon entraînement de basket.

— La sale garce, ricane sa grande sœur. J'aurais voulu être là pour rire de ce spectacle !

D'ailleurs, rétorque Calix en fermant le magazine, pourquoi n'es-tu pas dans la même école que ta sœur ?

C'est vrai que cette question trottait depuis longtemps dans ma tête. 

Je me retourne vers les deux parasites dans mon lit qui se fixent droit dans les yeux. Je suis clairement de trop dans cette histoire, mais c'est ma chambre et je ne compte pas tenir la chandelle s'ils veulent aller plus loin que des regards. 

Alors je me racle la gorge, et chacun d'eux se reprend enfin.

— Darcy se fait harceler à l'école, et si j'étais dans la même que la sienne, j'aurais été obligé d'intervenir pour ne pas bousiller notre nom. En étant toute seule, c'est à elle de se débrouiller. Puis... vous avez vu dans quelle famille vous êtes tombée hein...

Pour parler de « famille », ce n'est pas un mot qui représente les Raven. Au contraire, deux frères ou sœurs dans la même école, ça permet de renforcer les liens – normalement – et dans le milieu d'où elles viennent, il aurait été préférable de se soutenir plutôt que de laisser l'autre se débrouiller seul. 

𝐏𝐎𝐃𝐄𝐑𝐎𝐒𝐀 - T4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant