𝐏𝐎𝐃𝐄𝐑𝐎𝐒𝐀 - T4

04. Eye for an eye

₩ł₦₮ɆⱤ ł₵Ɇ₴₮Ø₦Ɇ

L'enfer est tellement proche,

Qu'on pense que le Paradis est un tissu de mensonge.

Vivre dans la peur, c'est aussi assumer les représailles ou la mort qui toque à notre porte. Au bout du monde, dans une ville en Suède, là où les gens ne se mêlent pas de vos affaires, la tranquillité s'est évaporée. 

Je touche ma joue encore brûlante, assise à terre et le souffle coupé. Qu'importe le danger qui vous court après, vous vous fier sans cesse aux autres pour qu'ils gardent votre secret. Celui de vous cacher le plus longtemps possible.

─ Prise la main dans le sac.

La voix d'un homme fait écho dans ma pauvre chambre, me laissant sans repères.

─ Je... Non, ce n'est pas ce que... Et qu'est-ce que vous faites encore ici ?

─ Je viens m'assurer que personne d'autre à part moi, ne touche à mon bout de viande, répond une voix de femme.

Purée, mais qu'est-ce qui se passe ? Moi un bout de viande ? Et qui sont-ils ? 

Je n'arrive même pas à reconnaître leurs voix. Ma directrice semble chamboulée, car pour une fois, sa gueule est close...

─ J'aimerais discuter tranquillement avec madame Icestone, lui dit la femme pendant que quelqu'un m'aide à me relever. Alors barrez-vous.

─ Madame Yang, reprend celle-ci. Vous êtes en Suède ici, votre statue et tout ça là, ça ne compte pas ici. Nous ne sommes pas en Corée.

Yang ? Corée ? 

Je n'ai même pas le temps d'y penser, qu'un silence fait place dans la petite pièce qui m'a hébergé pendant deux ans. On pourrait entendre une mouche volée à ce stade, et des pas remplacent le silence avant que la porte ne se claque. 

Je me sens soudainement oppressée. 

Ma directrice d'école est partie ? Elle s'est laissé décider par quelqu'un ? On laisse une pauvre aveugle avec des gens qu'elle ne connaît pas ? C'est une descente ? Ce sont les hommes de Firestone ? Il m'a retrouvé et il les a engagés pour me tuer ? Il n'est pas capable de le faire lui-même ? De me regarder une dernière fois, et constater tous les dégâts qu'il m'a faits ? 

Mais avant que j'en place une, des ongles crochus m'attrapent le menton et secoue ma tête dans tous les sens pour je ne sais quelle raison.

─ Lâchez-moi putain !

Alors que j'essaye de me détacher d'elle, deux mains puissantes se posent sur mes bras afin de m'immobiliser. 

C'est quoi cette blague encore ? 

Les ongles passent de mon menton à ma nuque, et atterrissent dans mes cheveux, les tirant légèrement en arrière pour révéler davantage ma nuque. Quelque chose de froid et de pointue touche ma gorge, ce qui me fait ingurgiter difficilement ma salive. C'est comme une lame, qui retrace légèrement la ligne de mon cou et qui peut m'égorger à tout moment. 

Je suis droite comme un clou, j'ai peur. J'ai peur parce que plus personne ne puisse me sauver. Saphir n'est pas ici. J'aurais dû l'écouter et le rejoindre chez lui... Non Winter. Tu ne peux pas être faible et lui demander de l'aide après ce que tu lui as fait.