Cher Archie,Regulus imbibait pour la trentième fois le bout de sa plume dans le pot d'encre noir, patinant cette dernière sur des tonnes de parchemins vierges.
C'est compliqué à décrire, le deuil. On peut hurler à s'en fissurer les poumons, frapper à s'en briser les phalanges, ou pleurer à s'en user les iris. Les miens doivent dépérir comme deux coquilles vides.
C'est vraiment étrange, comme la mort peut nous impacter autant, nous, la vie, mais de manière si différente pour chacun qui le traverse. C'est effrayant, tout ces sentiments submergeants qui me ronge jusqu'à ce que mon esprit trouve le repos dans le sommeil, un sommeil où tu te trouves, où tu m'en veux, autant que je le fais.
On était deux enfants, plus si enfants que ça, qui ont été abâtardis par la vie, par nos familles. Et maintenant, on a été palpés par la faucheuse qui m'a tout prit. Ma joie, mes sourires, ma vie, toi.
J'aimerais tant revenir en arrière, partir avec Sirius. Avec toi, avec Azëlind, pouvoir changer le passé et m'enfuir chez un nouveau chez nous.
J'entremêle sur ces bouts de papiers inlassablement nos initiales depuis ton départ, de mon écriture que tu décrivais de si délicatement fine, et je laisse mon poignet se perdre sur le parchemin afin de reproduire les traits maladroits qu'étaient la tienne. Cette écriture qui me griffonnait des mots tout les jours, durant notre enfance. « Oh reggie, si tu souris aujourd'hui je te partage mon repas » « Oh reggie, je suis si content d'étudier avec toi » « Signé le meilleur ami que tu puisses avoir » si vrai, si douloureux.
Je rêve de ton sourire, défiant mes battements, les palpitants ne demandant qu'une oeillade dans ta direction, encore un peu plus longtemps. Ce sourire que j'ai laissé s'envoler par jalousie. Si vainement. Et maintenant les regrets me ronge, tel des vers affamés, s'insinuant dans tout les pores de ma peau comme un poison, entourant vicieusement mes veines et éclaboussant mon sang.
Je ne veux pas oublier ton visage, tes traits, ton rire, tes sourires, tes accolades qui me réchauffaient même dans les plus froid des hivers. Mais maintenant, je givre seul dans mon coin sous le soleil tapant et lourd de cet été.
Je chiale, je tremble, je hurle, je meurs, je me consume. Parce que la marque que tu as laissé en moi, ces initiales, les notres, dans mon coeur, brûlent comme les atrophies d'une cicatrice.
Il pleut dru dehors, la flotte s'abat drastiquement sur les vitres de ma chambre, comme si même le ciel pouvait ressentir ma peine infini et me la partageait, arrosant le paysage tandis que je m'enracine sur place, mes membres trop lourds pour être portés, ma tête trop douloureuse pour être utilisée. Ces vitres sales. Depuis combien de temps ne me suis-je pas levé pour aller me laver? Ouvrir ces foutus rideaux afin d'observer les gouttelettes s'écraser sur le verre translucide? Ma présence ne semble même plus importuner mes parents. Suis-je toujours réellement en vie, Archie?
Je te regrette tant, toi qui étais mon étoile dans l'encre noir de la nuit, comme un diamant chatoyant dans un désert noir, une lumière sainte au milieu d'un océan de ténèbres.
Je le jure sur le sang qui coule dans mes veines que mes regrets dépassent ma peine. Tout est de ma faute. Tout. Je t'ai tué, Archie. Je t'ai tué. Parce que j'étais trop faible et peureux de mourir. Je suis tellement désolé, je donnerais tout, vie et mort, pour te revoir ne serais-ce qu'un instant, même si c'est pour me prendre les reproches du monde sur les épaules. Tout, pour te laisser en vie et partir à ta place. Plus rien n'a de sens sans toi.
Tu étais un frère, un partenaire, un meilleur ami, un amour secret, un espoir auquel se rattacher durant ces sombres temps. Tu m'as fais découvrir la vie, Archie. La joie, l'amour. L'amour. Ce concept même m'écœurait, et une étrange sensation remontait acidement de mon estomac à la vue de toi, et d'un garçon. Je prétendais le dégoût, sans comprendre que j'étais comme toi. Qu'en réalité, je t'aimais toi. J'ai agis égoïstement, t'ai traité avec ingratitude en t'accusant de ma peine et de notre éloignement alors que tu n'avais jamais changé avec moi. C'est moi qui m'éloignais. Parce que te voir si heureux, si amoureux avec un autre, ça me brisait tant.
Peut être est-ce pour cela que le sort c'est dirigé plus facilement vers lui que vers Azëlind ou Sirius, notre famille.
Tu étais la première personne à laquelle je pensais en me réveillant. Et la dernière en me couchant à tes côtés dans le dortoir, l'odeur de ton eau de cologne s'insinuant à travers mes rideaux en m'étreignant ironiquement.
Nos souvenirs ensemble, de notre enfance, de notre scolarité, m'empoisonnent. Comment puis-je passer une dernière année dans ce lieu qui était notre refuge, ce lieu que tu envahissais à mes côtés depuis toutes ces années? Le souvenir de ce petit garçon à la grande touffe de cheveux et avec quelques dents en moins qui m'a tendus la main, tout sourire, après ma chute devant nos familles, dans notre enfance.
Je vais me reprendre, maintenant, Archie. Pour toi, pour moi. Pour nous. Mes parents et Voldemort ne me tueront pas. Et si je dois mourir dans cette guerre, ainsi soit-il, qu'elle me prenne et m'emmène à tes côtés, car même à ce moment là, lorsque mes paupières se fermeront pour la dernière fois, tu seras la dernière image que j'aurais.
Je ne pense pas un jour avoir le courage de te dire adieu, alors je continuerais ces lettres sans en poser de plume, de fin, jusqu'à la mienne.
Tu me manques tellement, Archie. Tellement. Ça doit être ça, aimer à pouvoir en mourir, aimer jusqu'à la tombe. Aimer tue. Mais ton amour m'a fait vivre.
Avec amour, R.A.B,
ton reggie.Lâchant contre le bureau boisé sa plume qui tomba fatalement avec quelques larmes que ses yeux pondirent, le bruit d'un craquement à sa fenêtre résonnait aux oreilles de Regulus.
La force l'avait quitté depuis un moment, alors lorsque la vitre de sa chambre se brisa derrière les long et épais rideaux noir et verts foncés qui les recouvraient, et que ces derniers s'ouvrirent d'un seul coup, c'est son coeur qui se ferma, s'arrêtant, ses iris s'entrouvrant, la surprise le portant sur ses deux jambes frêles.
— Qu'est c'que tu fais là?! avait-il murmuré les intonations de sa voix aussi fort que sa gorge sèche le lui permettait.
— Allez, prends tes affaires, on part de là.
VOUS LISEZ
𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄, sɪʀɪᴜs ʙʟᴀᴄᴋ.
أدب الهواةPOUDLARD, 1976. Le récit de cinq meilleurs amis abattus par la vie qui, grand dangers, devront affronter. mangemorts, basilic, kappa, cerbère, sirènes, tritons, strangulot, calmar géant, marcheurs blanc, loup garous, détraqueurs, dragons, et un tas...