Elena 

Nous sommes dans la voiture, sur la route du retour. Steve est au volant tandis que je regarde le paysage, la tête poser contre la vitre. J'entends la musique de la radio résonner entre nous et qui complète ce moment de malaise ultime que je partage avec Steve. Nous venons d'avoir des nouvelles de la voisine et dans ce que j'ai entendus, c'est mal barré. Et savoir qu'Axelle n'est plus en sécurité me provoque un bouffée de stress. Je joue nerveusement avec ma bague du 47 tandis que Steve me jette quelques regards. 

Il s'arrête ensuite à un feu rouge et se cale dans le fond de son siège. Il tourne la tête vers moi tandis que je reste plonger dans mes pensées les plus profondes. Mais je l'entends me dire d'une voix un peu grave. 

Steve : Je peux savoir pourquoi tu ne parles pas, depuis que nous sommes sortis de l'hôpital. 

Elena : C'est vraiment la merde ce qu'il se passe, Steve. 

Steve : Ouais je confirme que c'est la merde ce qu'il se passe. Mais j'aimerais savoir pourquoi tu gardes autant le silence depuis que nous sommes sortis de l'hôpital. 

Je tourne la tête vers lui d'un air désabuser. 

Elena : Et pourtant, la réponse est si claire. La voisine vient tout juste de faire un AVC sous tes yeux. Son mari était vraiment à deux doigts de m'assassiner sur place, ainsi que toi puisque tu t'occupais d'elle. Le mari de cette femme, il est dangereux et je suis sûre qu'il va profiter de l'absence de sa femme pour faire des choses sur Axelle. 

Steve : Qu'est-ce qui te fait dire ça ? 

Elena : Steve, tu es témoin comme moi de tout ce qu'il se passe depuis que je suis rentrée à la maison il y a quelques jours. Cette femme se fait battre par son mari et Dieu sait que je connais l'info depuis le début. Tu n'as pas remarqué les bleus qu'elle porte sur son corps quand tu l'as allongé ou quand elle était sur le brancard de l'ambulance. Tu es témoin de ce qu'on remarquer les ambulanciers quand ils l'ont embarquer avec eux. A ton avis ? Pourquoi j'ai peur et surtout, pour qui ? 

Steve : Elena, je pense que... 

Elena : Il n'y a pas de "je pense que", Steve. Tu le sais comme moi qu'il se passe quelque chose de pas net chez les voisins. Et puis, Axelle dans tout ça ! Non-seulement elle est malade, mais elle est en compagnie de son père qui bat sa femme. Elle n'est pas en sécurité avec lui !

Steve : Et qu'est-ce que tu comptes faire, exactement ??

Je soupire et je regarde les voitures devant moi qui sont arrêter. Je prends un temps de silence avant de reprendre. 

Elena : Dans ce genre de situation, on ne peut pas faire grand chose à part appeler la police quand tout va trop loin. Mais une chose est sûre, c'est que si nous prévenons la police, tout risque de se retourner contre nous si il le relâche. 

Steve : Tu sais d'ailleurs ce qu'elle a Axelle pour avoir son chariot et son aide respiratoire ? 

Elena : Elle ne m'en a jamais parler alors... Non je ne sais pas. 

Steve : Je ne pense pas Elena que ce soit une bonne idée que tu paniques comme ça. Tu es sa voisine et Axelle te fait confiance. Elle pourrait venir chez toi pour que tu puisses voler à son secours ? Et puis si vraiment ça va trop loin, tu appelles ton frère et hop ! Il intervient ! 

Elena : Steve... Ce n'est que dans les films que les policiers viennent débarquer chez les gens en une fraction de seconde. C'est bien plus complexes que tu ne le penses, Steve. Et puis Damien n'est qu'officier de brigade de la police parisienne. Il n'est pas dirigeant d'équipe ! C'est ça le problème ! Personne ne peut nous aider pour le moment ! Et j'en mettrais ma main à couper qu'on vient d'être entraîner dans une merde pas possible !! 

Le feu passe au vert et nous recommençons de rouler. Mon copain reste un moment dans le silence en tenant fermement son volant entre les mains. Il tapote de ses doigts dessus avant de lancer. 

Steve : Mais je ne comprends pas ce qu'on pourrais faire pour aider cette petite Axelle justement. 

Elena : On ne peut pas l'aider... C'est impossible... Son père risque de venir s'en prendre à nous pour nous faire taire sur ce qu'il se passe. 

Steve : Il ne va rien faire du tout... 

Elena : Bien sûr que si ! Je suis sûr que c'est à cause de lui que la femme a fait un AVC. Tu l'as vu dans son regard Steve quand elle a demandé si nous avions de la farine ! Dans sa voix même ! Elle était comme stressé voire oppressé par la situation. Et les bruits que nous avons entendus juste avant ? A ton avis, c'est quoi ce bordel ? Axelle est coincée puisque ça sera elle, la prochaine victime de son père. Et pour ça, il n'y a pas de solutions à part certainement se sacrifier pour ne pas qu'elle se fasse battre par son père. 

Je le vois hocher la tête avant de se concentrer sur la route. Le silence traverse une nouvelle fois la voiture toute entière. Je prends ensuite mon téléphone dans la main et vois le message de Yolène qu'elle m'avait envoyer pendant que je dormais dans les bras de Steve. Je finis par lui répondre simplement. 

[moi] : Je ne sais pas comment je dois me sentir... J'aimerais qu'on se voit dans les prochains jours s'il te plaît... 

Puis je coupe mon téléphone. Mais je sens ensuite Steve piler d'un seul coup devant un passage piéton. Je me retrouve propulser en avant à cause du choc. Mais je me remets rapidement contre mon siège pour voir des enfants courir sur le passage piéton avec un ballon dans les mains. Même pas un merci, un bonjour, rien. Sympa les gosses... Je soupire et remarque que Steve avait mit sa main devant moi pour me faire une sorte de barrière. Je tourne la tête vers lui et le sens vraiment pas bien. 

Steve : Bordel mais ce manque d'éducation !! Je me demande vraiment ce que les parents penseraient de voir leurs enfants manquer de respect comme ça. Bordel c'est un passage piéton, le feu est vert ! J'aurais pu l'écraser putain ! Imprudent ! Vraiment imprudent !

Je tourne la tête vers lui tandis qu'il redémarre en grognant un coup. Je fronce les sourcils et laisse un sourire moqueur s'afficher sur mon visage. 

Elena : Tu deviens un vrai parisien toi. 

Steve : Comment ça ? 

Elena : Tu gueules au volant, alors qu'avant tu ne le faisais pas du tout. 

Steve : Qui te dis que je ne le faisais pas avant ? Et puis c'est quoi le rapport avec le parisien ? 

Elena : Le rapport, c'est que nous, les parisiens, on passe notre temps à gueuler pour tout et rien sur la route. Et jusqu'à maintenant, je ne t'ai jamais vu t'énerver autant au volant. Et je tiens à dire que pour une personne qui n'est pas né sur Paris et qui vient d'emménager il y a quelques mois, c'est assez marrant à voir. 

Je pousse un petit rire quand je vois un sourire s'afficher sur son visage. Je regarde ensuite le paysage en rigolant aussi, sentant l'atmosphère se détendre un peu plus plus entre nous. Le sourire reste scotché sur mon visage. Je le vois me jeter des rapides coups d'oeils avant de se reconcentrer sur la route.

Sauver ou Abandonner #10 ~ Suis-moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant