Illusion~Fred.W

~Chapitre 56

Le réveil matinal, je détestais ça. Je ne pus me résigner à quitter la chaleur de mes draps, le silence et les rideaux qui obscurcissaient la pièce.
Le Poudlard Express quittait la gare à huit heures et mon réveil indiquait sept heures et demie. Je me remerciai intérieurement d'avoir déjà préparé ma valise la veille.

Après m'être assurée que rien d'important ne traînait dans le dortoir, je gagnai la grande salle, récupérant Ginny qui m'attendait sur l'une des tables, son petit déjeuner posé devant elle.
Dans un silence absolu, on s'installa dans un des compartiments du train, le visage blafard. Cette école nous épuisait chaque jour à tel point que même une parole nous épuisait.

Après une heure à regarder le paysage défiler sous mes yeux, la rousse s'allongea sur la banquette, engageant la discussion d'une humeur plus joyeuse.

- Hâte de revoir un certain rouquin ?

- C'est vrai que George me manque un peu.

Ginny me lança un regard noir avant d'éclater de rire. Elle m'avait posé une question, je venais de lui donner une simple réponse.
Je m'allongeai sur la banquette, fixant le plafond du compartiment en pensant à ce rouquin.

- Et le deuxième ? Continua la rousse, déterminée à obtenir la réponse qu'elle attendait.

- Je préfère ne pas y penser.

Ce qui était réel. Mais ce dont je n'arrivais pas.

- À quoi bon essayer si tu n'y arrives pas ! Autant accepter tes sentiments, même s'ils t'effraient.

- Ce ne sont pas mes sentiments qui m'effraient, mais moi.

Ginny me lança un regard interrogateur, mais je haussai simplement les épaules. Aucune envie d'en parler. Moi-même, je ne serais comment l'expliquer. Tout était bien plus compliqué que d'accepter uniquement la vérité sur mes sentiments. Tout a été toujours plus compliqué.

Plusieurs heures s'étaient écoulées lorsqu'on arriva enfin au Terrier. Cette ambiance chaleureuse qui contrastait avec l'ambiance obscure de Poudlard m'avait affreusement manqué.
Dès que je passai le seuil, de délicieuses odeurs parfumées vinrent chatouiller mes narines. Vanille, cannelle ainsi que de la menthe émanaient des somptueuses pâtisseries disposées sur un étalage. Ginny et moi étions absorbés par ces gâteux magnifiquement décorés et qui donnaient l'eau à la bouche.
On se serait jeté dessus si Molly ne venait pas d'arriver dans le salon au même moment.

- On n'y touche pas les filles ! C'est pour demain soir. Elle nous accueillit d'un grand sourire avant de nous prendre chacune dans ses bras. Vous avez l'air d'aller bien, ça me rassure.

- On est en un seul morceau, mais si tu continues à nous étouffer comme ça, ça risque de ne plus être le cas, maman.

Molly nous lâcha, tout en lançant un regard noir à sa fille.

- On ne rigole pas avec ça, jeune fille. Poudlard est désormais dangereux et je trouve toujours que c'est une mauvaise idée de te laisser y retourner.

La rousse souffla avant de me prendre par la main et m'emmener à l'étage. L'atmosphère était tendue et personne ne pouvait blâmer Molly pour son inquiétude. Les temps ont changé.

Après m'être assoupie une heure, on gagna la cuisine pour aider Molly à préparer le dîner de Noël. Quelques membres de l'Ordre seraient présents, dont Tonks, Remus, la famille de Fleur et pour mon plus grand bonheur,
ma mère et mon frère passaient ce jour de fête de leur côté. Évidement, pour faire bonne figure, j'imagine, ils m'avaient proposé de me joindre à eux, une invitation que j'avais refusée immédiatement. La situation était encore trop délicate pour oublier sept ans de ma vie sans le véritable amour d'une famille. Je préférai de loin celui que m'apportait la famille Weasley. Il était beaucoup plus sincère.