forsaken || Percy Jackson ; Héros de l'Olympe

XXXI.

Maelia n'était pas à l'aise à l'idée de pénétrer dans un camp romain sur un navire de guerre grec.

Mais alors pas du tout.

Elle n'avait jamais été réputé pour sa diplomatie, après tout, ce n'était pas pour rien qu'elle s'entendait très bien avec Clarisse La Rue et Léo Valdez. Tous deux représentaient l'exacte opposée de la diplomatie. L'une était capable de décapiter un dragon à main nue et le deuxième voulait entrer sur un camp romain avec un message du style "COMMENT ÇA VA BIEN ?" assorti d'un smiley peint sur la coque (Maelia avait lu suffisamment de choses sur les romains pour savoir qu'ils n'avaient pas le sens de l'humour).

Et en plus, elle allait revoir Percy Jackson.

Jason se tenait à l'avant du navire, sur la plate-forme surélevée de l'arbalète d'où ses amis les romains pourraient facilement le repérer. Ses doigts serraient le pommeau de son épée d'or étaient blancs aux jointures mais sinon, il paraissait calme pour un gars qui s'offrait comme cible.

Maelia savait qu'il n'en était rien.

Il avait enfilé, par-dessus son jean et le tee-shirt orange de la Colonie des Sang-Mêlé, une toge et une cape pourpres, symboles de son ancien rang de préteur. Avec ses boucles blondes ébouriffées par le vent et ses yeux bleu glacier, il avait une beauté rude et l'air parfaitement maître de lui – comme tout fils de Jupiter qui se respecte. Parce que Jason avait grandi au Camp Jupiter, l'équipage de l'Argo II espérait qu'en reconnaissant son visage, les Romains hésiteraient à faire sauter le navire en plein ciel.

Maelia savait qu'Annabeth angoissait ce moment aussi. Elle n'avait pas totalement confiance en Jason (contrairement à elle) et était terrifiée à l'idée de retrouver son petit-ami. Alors étonnamment, elle se plaça à ses côtés et lui lança un regard qui se voulait encourageant. Depuis leur récente expédition, leurs relations s'étaient grandement améliorées.

Juste sous le vaisseau, nichée au bord du lac, la Nouvelle-Rome étincelait au soleil. Les filles reconnurent les sites et les monuments dont Jason leur avait parlé : l'hippodrome, le Colisée, les temples et les parcs publics, le quartier des Sept-Collines avec ses rues en méandres, ses villas colorées, ses jardins en fleurs. Elles aperçurent des signes de la récente bataille qui avait opposé les Romains à une armée de monstres. Un dôme était fracassé, laissant voir un bâtiment qui était, devinèrent-elles, le Sénat. La grande place du forum était percée de cratères. Certaines statues et fontaines étaient démolies. Des dizaines de jeunes en toge affluaient en courant du Sénat pour mieux voir l'Argo II. D'autres Romains sortaient des magasins et des cafés et pointaient du doigt, bouche bée, vers le navire qui descendait du ciel.

Une colonne de demi-dieux déboula des portes du fort et se précipita vers la ville, armures et lances rutilant au soleil. Dans ses rangs, il y avait un véritable éléphant de guerre.

Soudain, derrière elles, retentit un fracassant BAOUM-BAOUM !

Le souffle faillit renverser nos héroïnes par-dessus bord. Maelia fit volte-face et se retrouva nez à nez avec une statue masculine en colère.

- Inacceptable ! cria l'homme de pierre.

Apparemment, il s'était matérialisé sur le pont pendant l'explosion. Des volutes de fumée jaune et sulfureuse tombaient de ses épaules. Des braises fusaient de ses cheveux bouclés. Au-dessous de la taille, il n'était qu'un piédestal en marbre carré. Au-dessus, c'était un homme musclé, drapé d'une toge taillée dans la pierre.

- Je ne laisserai pas entrer des armes à l'intérieur du pomerium ! Annonça-t-il d'une voix de professeur pointilleux. Et encore moins des Grecs !

Jason lança à aux filles un regard qui signifiait : « Je m'en occupe. »