XVII.

287 30 4
                                    

- Comment on va faire pour trouver le géant ? demanda Piper.

Jason tendit le doigt vers le sommet, d'où montait un panache de fumée.

- Y a pas de fumée sans feu, comme on dit. Dépêchons-nous.

La traversée de la montagne était particulièrement laborieuse pour ceux qui n'avaient pas de chaussures volantes. Ils ne cessaient de s'embourber dans le chemin de terre, étant en territoire ennemi. Mais enfin, ils arrivèrent au sommet, les tenues d'Aphrodites poussiéreuses (sauf pour Maelia qui, pour la première fois, bénissait le nom d'Hermès pour lui avoir donné sa meilleure arme).

Juste de l'autre côté du rebord rocheux qui les abritait, dans l'ombre de la dernière crête, s'étendait un cratère boisé de la taille d'un terrain de foot, où le géant Encélade avait installé son campement. Il avait abattu des arbres pour nourrir un immense feu aux flammes violettes. Le bord le plus éloigné de la clairière était jonché de bûches et de machines : un bulldozer, une sorte de grande grue terminée par des lames rotatives – une récolteuse d'arbres d'après Léo, et une longue colonne de métal équipée d'une lame de hache qui n'était pas sans ressembler à une guillotine latérale. Quel usage un géant pouvait-il faire de ces machines, voilà qui laissait Léo perplexe. La créature qui se dressait devant eux n'aurait même pas pu tenir dans le siège du conducteur. Encélade le géant était si énorme et hideux que Maelia ne voulait pas le regarder, après tout, la vision du fils d'Héphaïstos à côté de lui était bien plus agréable. Mais elle s'y força tout de même.

Encélade mesurait une dizaine de mètres – il flirtait aisément avec les cimes des arbres voisins. Maelia était sûre que le géant aurait pu les voir, tapis derrière la saillie rocheuse, s'il n'était aussi absorbé par l'étrange feu violet, autour duquel il décrivait des cercles en psalmodiant à mi-voix. Pour le haut du corps, le géant était humanoïde. Son torse puissant était couvert d'une armure de bronze ornée de motifs de flammes. Ses bras étaient bardés de muscles, et chaque biceps faisait au moins la taille de Léo. Sa peau couleur de bronze était noircie par les cendres. Il avait un visage aux traits grossiers, mal finis, comme une ébauche de modelage en argile ; ses yeux jetaient un éclat blanc et ses cheveux tombaient sur ses épaules en longues dreadlocks entremêlées d'ossements.

La partie inférieure d'Encélade était encore plus effrayante. Il avait des jambes couvertes d'écailles vertes, terminées par des serres en guise de pieds – comme les pattes avant d'un dragon. À la main, le géant tenait une lance grande comme un lampadaire. De temps à autre, il en plongeait la pointe dans les flammes, faisant rougeoyer le métal.

- Bon, chuchota l'entraîneur. Voici le plan...

Léo lui asséna un coup de coude dans les côtes.

- Vous n'allez pas l'attaquer tout seul !

- Oh, allez !

À ce moment-là, Piper ravala un sanglot et murmura :

- Regardez.

On distinguait à peine, de l'autre côté du feu, un homme attaché à un poteau. Sa tête pendait comme s'il avait perdu connaissance, de sorte que Maelia ne pouvait pas voir son visage, mais Piper n'eut pas l'air d'hésiter.

- Papa...

- On va le libérer. Dit Maelia d'un air si décidé que Piper réussit à y croire.

Tristan McLean avait l'air plus mort que vif et il n'allait pas tarder à se faire dévorer. Les seules personnes à pouvoir empêcher cette fin tragique étaient quatre demi-dieux adolescents tirés à quatre épingles et un bouc mégalomane.

- On est cinq, chuchota Hedge d'une voix pressante. Et il est tout seul.

- Il fait dix mètres de haut, rappela Léo, au cas où ça vous aurait échappé.

forsaken || Percy Jackson ; Héros de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant