Le fils du diable

Chapitre 40: L'ombre

"Le sourire en dit long sur une personne."

*****

À l'extérieur du restaurant.
23h00.

— Je ne comprends pas. Je suis fatiguée. Il se passe toujours quelque chose. Quand est-ce que l'on passera une journée normale ? Je lui lance.

Elle s'adosse contre le mur essoufflée.

— Même moi je ne comprends pas. Serait-il peut-être malade en ce moment ?

— Non non il va très bien. Enfin jusqu'ici tout aller bien.

— Il y a forcément une raison à son comportement. Ne s'est-il pas passé quelque chose entre temps ?

— Non. Enfin, en y réfléchissant il y a cette dame de l'aéroport..

— La vieille ?

— Je ne l'aurais pas dis comme ça mais oui c'est ça.

— Je vois. Bon écoute de tout façon on ne peut rien n'y faire. À part attendre qu'ils sortent.

— Oui..

Je m'adosse à mon tour en basculant la tête en arrière. Je ne sais plus quoi en penser. On pourrait presque croire que quelqu'un lui a lancé un sort. Mais un sort sur un diable ? Est-ce réalisable ? J'en doute vraiment. Enfin.
Des personnes sortent et entrent à tour de rôle dans le restaurant. J'ai l'impression qu'il ne se désemplit jamais. Et puis il y a une femme qui en ressort, cigarette dans la bouche. Je n'arrive pas à voir son visage vu qu'il est caché par un énorme chapeau noir. Et puis, le ciel sombre ne m'aide pas davantage.
Je n'y prête pas vraiment attention puis détourne le regard de celle- ci mais Manon ne la lâche pas des yeux.

— S'il te plaît pour une fois, cesse d'être aigrie envers les inconnus. Je lui dis tout bas.

— Pressentiment.

— Pressentiment ? Que veux-tu dire ?

— Cette femme est une peste. Ça se sent jusqu'ici.

— Que tu es odieuse.. tu ne la connais même pas.

Elle se concentre davantage sur la dame en question puis bouge légèrement de position afin de la découvrir un peu plus.

— Viens, approche lentement. Je t'assure qu'elle est bizarre.

— Non, c'est idiot vraiment. Je dis en soufflant.

Elle me tire le bras puis m'attire à côté d'elle.

— Fais confiance bon dieu..

— Aaaghh tu m'épuise Manon.

Nous nous rapprochons légèrement tout en restant le plus loin possible d'elle afin qu'elle ne nous remarque pas. Elle fume tranquillement sa cigarette déjà bien entamée. Rien qu'à l'odeur ça me donne envie de reculer encore plus. Le plus loin possible même. J'ai toujours détestée l'odeur des cigarettes.
Nous apercevons ensuite le côté droit de son visage si fermé. Un sourire s'y dessine peu à peu. Ses fossettes se creusent à leur tour.

— Mon dieu. Son sourire est effrayant.

— Ah tu vois.

— Certes mais ce n'est qu'un sourire.

Ok, je me mens à moi-même. C'est vrai que cette dame fait peur. Mais si je l'avoue, on va encore penser que j'en abuse. Donc je préfère ne rien dire.