Chapitre 46: Un anniversaire différent

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"La seule façon de combattre l'obscurité est de répandre la lumière."

*****

En ce jour d'anniversaire, c'est seule que je me réveille. Solitaire, depuis hier soir. J'attrape mon téléphone sur la table de chevet et aucune réponse de sa part n'est affichée. Bordel mais ou est-il ? Il ne m'aura pas cette fois-ci. Je suis de mauvaise humeur à peine levée. Merci Lucifer c'est un pur plaisir. À peine que je franchie la porte de ma chambre, que Manon se réfugie dans mes bras excitée. Elle attendait impatiemment mon réveil. Au moins une qui y a songé.

— Joyeux anniversaire !!! Me lance-t-elle.

— Merci. Je répond en pinçant les lèvres.

— Par contre, demi-tour, retourne dans ta chambre tu dois te changer. Maintenant !

Elle entre sans me demander mon avis en me traînant vers mon dressing sans même être étonnée de l'absence de Lucifer. Elle ouvre ensuite le placard qui contient les robes puis se met à fouiller. Pour le moment, c'est un malheureux anniversaire. Scott, Dylan, et Lucifer ne sont même pas présents et je n'ai reçue aucun sms de leur part.
Comment devrais-je réagir dans un moment pareil ?

— Choix difficile. Très difficile.. sort Manon en me sortant de mes pensées.

Mais une robe réussie à sortir du lot. Simple, comme à mes habitudes mais si jolie.

— Je pense mettre celle-ci. Je lui dis en lui montrant.

Attendant sa réponse, puisqu'elle tient autant à y mettre son grain de sel, je la laisse réfléchir. Elle ramène son doigt vers son menton avec un semblant de réflexion.

— Je suis d'accord. Tu va ressembler à cendrillon sapée comme ça.

Son regard s'illumine. Elle est fan de cette princesse depuis sa tendre enfance.

— Merci ! Sinon, on va où ?

— Tu verra. Viens.

Elle me tend la main que j'entoure avec la mienne. J'acquiesce ensuite puis la suit jusqu'en bas. Elle marche jusqu'à la salle de bain puis me dit de m'assoir sur le tabouret placé devant la coiffeuse. Mon dieu, que va-t-elle me faire.. elle sait que je n'aime pas le makeup, j'espère qu'elle n'en abusera pas sinon dans la seconde qui suivra, je le retirerai.

— Promis j'y met uniquement de la légèreté. Souffle-t-elle comme si elle avait entendue l'arrière de mes pensées.

Je mord anxieusement l'intérieur de mes joues. Non pas que j'appréhende la future teinte de mon visage mais plutôt la sortie d'après. Là où elle compte m'amener.
Je me raidis rien qu'en sentant la première couche de fard à paupière sur mon œil droit. Un point de moins. Je n'en met jamais d'habitude ! Ça fera quelque chose en plus chez moi. Quelque chose de superficiel. Beurk sortez-moi de là par pitié. Quand je parviens enfin à réouvrir mes yeux à présent plus lourds que tout à l'heure, elle s'attaque à ma bouche. Elle a opté pour un gloss rouge pâle. Ça passe. Je préfère le gloss que le rouge à lèvres. Un demi point en plus pour cette fois. Je ne donnerai pas plus ! Vient ensuite le mascara, la seule chose que j'utilise presque tous les jours.
Soudain, un son sarcastique s'échappe de ses lèvres.

— Quoi ? Je demande.

— Non rien. Je suis juste fière de moi.

— Tu me fais peur.

Elle penche sa tête sur le côté puis sourit à pleine dent. Ok, là elle est vraiment flippante.

— Bon aller. Je cesse de te faire attendre. Tu peux te regarder ! Dit-elle en tournant mon tabouret afin que je croise mon reflet dans le miroir.

Mon cœur chuterait presque en m'apercevant. En vrai, plus sérieusement, il y a pire en matière de couche de maquillage. Je me trouve bien. Passable. Moi qui fait plus jeune que mon âge, j'ai l'avantage aujourd'hui de faire pile 23 ans et non 19 ans. Encore, on m'a déjà dit que je faisait 16 ans. Dois-je en rire ou en pleurer ? Les deux je pense.

— Et si on y aller maintenant ? Lance-t-elle en tapotant mes épaules.

— Je te suis.

Dans la voiture, Manon affiche une mine sérieuse. Concentrée sur la route, droite comme un piquet. À côté de ça, son téléphone ne cesse de sonner. Et à en croire l'évidence, nous sommes attendues quelque part et nous avons du retard. Je pianote son téléphone et y lance une playlist. En première position : du Lana Del Rey. Ça ne m'étonne pas du tout d'elle. Elle détourne son regard de la route pour me sourire.

— Bon choix.

— Qu'est-ce que tu crois ?

On se met à chanter à tue-tête. L'ambiance est bonne, joyeuse. Même s'il manque certaines personnes sur les sièges...

****

Quelques instants plus tard, le temps me paraît bizarrement long. Mes paupières luttent pour ne pas se fermer. Depuis combien de temps roulons-nous ? Je détourne le regard de la route pour le poser sur mon amie et j'admets qu'elle est beaucoup moins concentrée que tout à l'heure. Elle bouge beaucoup sûrement d'impatience, et a l'air d'être légèrement stressée. Mais c'est du Manon tout craché. C'est normal et habituel qu'elle soit comme ça. Donc je laisse passer. J'appuie ma tête contre le siège et me laisse emporter peu à peu par le sommeil. Mais cela ne durera qu'un instant.
Tout à coup, un énorme coup de frein sec survient. Mon esprit réagit en un quart de tour et mes yeux s'ouvrent automatiquement sous l'effet du choc.
Que se passe-t-il ?
J'enfonce mes ongles dans mon siège et cherche mon amie du regard. Ses mains serre le volant tandis que ses pieds se perdent sur les pédales. Elle est en pleine crise de panique. J'essaie de comprendre la situation mais ma respiration saccade de plus en plus. En face de nous, un chevreuil paniqué. Et c'est à ce moment-là que je comprends. Elle a voulue l'éviter. C'est ce que j'aurais notamment fait. Mais désormais, elle perd totalement le contrôle de son véhicule. La voiture broute, et je commence à avoir des sueurs en apercevant le bas côté qui se rapproche de nous.

— Tourne le volant vite !! Je lui lance aussi paniquée qu'elle.

— Mais j'essaie !

Je réagis rapidement en saisissant le volant mais rien n'y fait. Nous nous approchons de plus en plus des arbres.
Beaucoup trop.
[....]
Jusqu'à ce que le choc se fasse.
Violemment, ma tête se cogne contre l'avant pendant qu'un liquide chaud ne tarde pas à se faire un chemin le long de ma tempe. Je pose délicatement ma main dessus en grimaçant.
J'essaie d'ouvrir un peu plus les yeux grimaçant toujours plus. Ma vision est floue, mes oreilles sifflent. Malgré ça, je réussie à découvrir mon amie affalée contre le volant. Elle aussi est dans un piteux état. Son front saigne et ses yeux sont closent.
Je panique, avec la seule idée en tête de sortir d'ici afin de chercher de l'aide. Mais nous sommes dans une impasse entourée d'arbres. Et la portière est complètement bloquée. Bordel mais c'est un jour maudit aujourd'hui ou c'est comment ? Je pousse de toutes mes forces, criant à l'aide mais personne ne peut nous entendre jusqu'ici. J'ai tout de suite la sensation d'être livrée à moi-même, seule. Pour couronner le tout, la couleur sombre de la nuit commence petit à petit à envahir le ciel et toujours aucun téléphone de trouver. Quelque fois, les fards des autres véhicules apparaissent quelques mètres derrière nous sans pour autant nous voir.
J'ai la gorge sèche à force de crier, et ma tête me brûle. Je recommence à somnoler pour au moins la troisième fois depuis l'accident. À chaque fois que cela se produit je lutte pour ne pas m'endormir. Non, ce n'est pas le moment. Pas maintenant.
Trop tard.

****

Secouée, j'entends différentes voix et sons mais malgré tout cela je ne parviens pas à sortir de mon sommeil. Je ne ressens plus du tout mes douleurs. Je me sens subitement sereine, plus légère tandis que mon esprit lui, se vide peu à peu.
Je sens que l'on me touche mes mains, et parfois un léger poids se fait ressentir sur mon ventre. Mais je ne vois rien. Mes yeux ne répondent plus, seul mon cœur continu de battre. Lentement.
Mon sommeil est de plus en plus profond, spontané. Jusqu'à ce qu'une sensation incroyable m'envahît.

Où suis-je ?

Le fils du diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant