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Un jour, Sigmund Freud a dit "Le rêve est le gardien du sommeil."

Quelle ironie quand mon sommeil n'est gardé que par des cauchemars, tous plus sinistres les uns que les autres.

Depuis un certain temps, je rêve de la mort. Des vies que j'ai ôtées. De celles que mes ennemis ont emportées.

Des sourires que je ne verrai jamais plus. Des rires que je n'entendrai plus. Des souvenirs qui n'existeront pas.

Ma nouvelle vie n'est qu'une succession de désastres et de drames. Et pourtant, jamais je ne pourrais retourner à mon ancienne existence, celle de serveuse à l'Hystéria, celle de mes soirées avec mes amies, et ma colocation avec les filles. Ce quotidien tranquille semble appartenir à une autre personne, à une autre vie. Mon esprit, semble pourtant trouver un certain réconfort dans le chaos, le sang, les larmes, comme si, depuis toujours, j'étais destinée à ce funeste chemin.

Mes paupières papillonnent, et ma vision peine à s'ajuster à l'obscurité qui m'entoure. La pénombre de ma chambre, loin d'être effrayante, me rassure. Ici, je me sens en sécurité, malgré les intrusions répétées de ces dernières semaines. C'est un refuge temporaire, un endroit où je peux respirer, où le monde extérieur semble ne plus avoir d'emprise sur moi.

Pourtant, mon regard se fige. Une paire d'yeux bleus, me fixent dans l'obscurité, perçants et insistants. Je reste paralysée, le souffle coupé, alors que mon cœur rate un battement sous l'effet du choc.

- Est-ce que je suis en train de rêver ? Balbutiais-je, incertaine en me redressant.

- La prochaine fois que tu me planque sous un lit comme un malpropre, je te crève les yeux, mon poussin. Compris ?

Un cri euphorique s'échappe de mes lèvres, et je me jette au cou de mon ami, mon cœur explosant de joie.

Luke est réveillé. Enfin !

Je me blottis contre son corps froid, mon visage niché dans son cou. J'inspire son odeur, réalisant à peine la scène. Des larmes de soulagement s'échappent de mes yeux, mouillant son T-shirt froissé.

Ses bras encerclent ma taille, et il me rend mon étreinte, avec une douceur surprenante.

- Je n'arrive pas à y croire... Murmurais-je contre sa peau. Tu ne peux pas imaginer comme tu m'as manqué...

Un léger rictus lui échappe et il répond faiblement :

- Je peux très bien l'imaginer mon cœur... J'entendais tout, alors tu sais...

Je me décolle brusquement de lui, les yeux écarquillés :

- Qu... Quoi ?

Un triste sourire étire ses lèvres, alors que ses yeux bleus fatigués brillent dans l'obscurité.

- Je ne sais pas comment l'expliquer mais... C'est comme si je dormais mais à la fois... Je pouvais entendre et sentir ce qu'il se passait autour de moi.

Mes joues s'empourprent en repensant à toutes les fois où il a dû m'entendre pleurer à son chevet. Auprès de lui, je me laissais aller, en proie à mes faiblesses.

- Et je peux te dire que mon enfoiré de meilleur pote mérite un bon gros coup de pied au cul. Pouffe-t-il doucement.

Je lui souris pour toute réponse, et écarte avec bienveillance une mèche de cheveux qui lui tombe sur le visage.

- Depuis quand es-tu réveillé ? Demandais-je avec douceur.

- Pas longtemps. Ca à été compliqué de venir jusqu'ici. Avoue-t-il en grimaçant. Mes jambes me font mal. Comme le reste de mon corps, à vrai dire.

Yours (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant