Une équipe de pas moins de cinquante hommes quitte la tour où La Renaissance a établi son siège. Ils crient des ordres, et l'empressement se lit dans leurs prunelles.
Notre plan fonctionne à merveille. L'attaque sur l'entrepôt est la distraction parfaite, exactement comme nous l'avions envisagé. Pendant qu'ils se précipitent pour protéger leurs précieuses ressources, nous restons tapis dans l'ombre, prêts à frapper là où ça fait mal. La tour se retrouve enfin exposée. Les frères Blake sont vulnérables. C'est notre moment.
Je jette un regard furtif vers Aaron, posté à mes côtés. Ses yeux sont fixés sur l'horizon, suivant chacun des mouvements de nos ennemis. Son corps est tendu, prêt à bondir, comme un prédateur attendant le moment idéal pour attaquer sa proie. Mon cœur bat la chamade, mais je me force à rester concentrée. C'est maintenant ou jamais.
Damien donne le signal tant attendu, et après un dernier échange de regard avec Aaron, nous quittons les vans.
L'obscurité de la nuit est déchirée par des explosions sourdes et le crépitement des balles. La tour s'élève devant nous, sinistre et imposante, ses murs de pierre semblant engloutir toute lumière. Le chaos gronde déjà à l'intérieur quand franchissons les portes.
À mes côtés, Aaron est une ombre en mouvement, ses gestes sont rapides et précis, éliminant un ennemi après l'autre sans hésitation. Son regard de glace reste fixé sur l'objectif, mais je sens sa tension, la peur qu'il dissimule si bien. Chaque fois qu'il tire, il jette un coup d'œil furtif vers moi, comme s'il s'assurait que je suis toujours là, vivante, près de lui.
Marc et Clay, quant à eux, prennent d'assaut une aile du bâtiment, leurs hommes à leurs côtés. Ils progressent méthodiquement, éliminant les ennemis postés à chaque étage. Le bruit des tirs et les cris des blessés envahissent l'espace.
Mon cœur bat si fort qu'il résonne jusque dans mes tempes. Je n'ai pas le temps de penser, pas le temps de ressentir, juste celui d'agir. Autour de moi, les corps tombent, certains ennemis, d'autres... des alliés.
Je mords mes lèvres pour ne pas crier, pour ne pas me laisser emporter par la douleur qui monte en moi comme une vague dévastatrice. Le sang coule, et les visages de ceux que nous perdons défilent devant mes yeux horrifiés.
Je pleure en silence, mes larmes se mêlant à la sueur et à la poussière qui couvrent mon visage. Si je me suis endurcie ces derniers mois, je ne parviens pourtant pas à me détacher de cette vulnérabilité qui me tenaille.
Un homme tombe à mes pieds, une balle en pleine tête, et je sens mes entrailles se tordre.
- Amber ! Crie Aaron pour couvrir le brouhaha. Viens !
Je reconnais un des gardes du siège, gisant à mes pieds, ses yeux révulsés. La nausée au bord des lèvres, je me fais violence pour avancer. Je dois avancer, même si cela signifie marcher sur les corps de ceux qui m'ont aidée à arriver ici. Je n'ai pas le choix.
Je ne peux contenir mes tremblements alors que l'angoisse gagne du terrain en moi. Incapable d'avancer plus, je me glisse à l'abris derrière un mur, au détour d'un couloir.
Ma respiration devient hachée, et un bourdonnement envahit mes oreilles.
Mes jambes flanchent, et je me laisse glisser le long du mur. L'obscurité du lieu m'enveloppe, et je me recroqueville sur moi-même, incapable de me calmer. Le chaos que je viens de traverser se rejoue dans ma tête, chaque coup de feu, chaque cri, chaque corps s'effondrant devant moi.
Je ne peux pas. Je n'y arriverai pas. Pas cette fois.
Une main ferme se pose sur mon épaule, me tirant brusquement de ma torpeur. Je sursaute, terrifiée, les yeux écarquillés, avant que je ne reconnaisse la voix qui murmure mon nom :
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Yours (Tome 2)
Romance"Une semaine s'était écoulée depuis la dernière attaque menée contre Henrick. Une semaine qu'Aaron demeurait introuvable. Une semaine qu'Amber n'était plus que l'ombre d'elle même. Si elle avait un jour été une jeune femme innocente et naïve, il n'e...