Mon téléphone vibre sans relâche tout au long du trajet retour. Chaque sonnerie me crispe davantage. Shawn, Marc et Clay s'acharnent à me bombarder de messages, mais Enzo, lui, semble être le seul à comprendre mon besoin irrépressible de solitude. Il ne m'écrit pas, ne m'appelle pas. Il me laisse respirer. Il sait que je dois me calmer. Mais la paix intérieure me fuit, glissant entre mes doigts comme du sable.
L'animosité me dévore de l'intérieur, brûlant tout sur son passage. Comment pourrais-je retrouver le calme alors que la haine, brutale et acide, s'accumule en moi ? Elle gronde sous la surface, me submergeant, et je ne peux empêcher mon esprit de revenir encore et encore à lui. À Aaron. Son regard brisé, sa douleur muette que je me suis acharnée à provoquer. Une tempête de culpabilité et de colère se mêle en moi. Oui, je l'ai blessé, et une partie de moi en éprouve une satisfaction amère. C'était ce qu'il méritait, non ?
Mais la question me déchire. Peut-être pas. Peut-être que je suis allée trop loin, que ma vengeance était vide, dépourvue de sens face à ses excuses. Ses excuses... Qu'est-ce qu'elles valent, après tout ce qu'il a fait ? Rien. Rien face aux trahisons, aux mensonges. Rien face à la famille qu'il continue de servir aveuglément, alors qu'ils cherchent à nous détruire, à tous nous réduire en poussière. Et lui, reste à leurs côtés, obéissant docilement à ce père qui a causé tant de douleur.
Mes pensées tourbillonnent, s'enveniment. Ce soir, tout ce que j'ai appris, toutes les révélations, n'ont fait qu'attiser ma haine encore plus, créant un gouffre noir dans ma poitrine. Et ce silence dans la voiture, ce silence froid, devient insupportable.
Enfin, j'arrive à la maison. L'imposante porte d'entrée se dresse devant moi, gardée par deux hommes armés. Leur salut est presque inaudible à mes oreilles, perdu dans le brouillard de mes pensées. Je les regarde à peine, absorbée par cette rage qui continue de me consumer. Leur présence, les fusils d'assaut en main, me rappelle à quel point tout est fragile, et qu'à tout moment, tout peut s'écrouler.
Mais rien de tout cela ne parvient à me détourner de la douleur intérieure qui me broie. C'est elle qui m'étouffe, qui me paralyse. Je franchis la porte, mais en réalité, je suis ailleurs. Piégée dans mes propres tourments.
Du coin de l'œil, je crois apercevoir la voiture du médecin de Luke, mais je n'y prête guère attention sur l'instant.
J'ôte mes talons qui me compressent douloureusement les orteils et gagne l'étage, espérant entendre de bonnes nouvelles de la part du soignant de mon ami.
La porte de sa chambre est d'ailleurs entrouverte. Je pousse la porte du bout des doigts, et la scène que je découvre m'arrache un cri de stupeur.
Le corps sans vie du médecin, gît au pied du lit de Luke. Son visage est boursouflé, ensanglanté, totalement méconnaissable.
Une imposante plaie verticale traverse son torse, responsable d'une importante hémorragie.
Jolie signature, Blake.
Le sang autour de lui commence d'ores et déjà à sécher, m'indiquant que son assassinat remonte il y à déjà quelques heures.
- Putain Aaron, pourquoi tu as fais ça... Murmurais-je faiblement.
Cela justifie son absence à la table familiale en début de soirée. Il a probablement fait un détour par ici, et s'est chargé d'éliminer le pauvre médecin avant d'arriver au gala.
Mon téléphone vibre de nouveau, m'annonçant cette fois-ci l'arrivée d'un nouveau message :
Numéro Inconnu : Médecin Corrompu.
Mon cœur rate un battement, comprenant que l'homme qui hante mes pensées est à l'origine de ce message.
- Fait chier... Maugréais-je en me redressant pour vérifier l'état de Luke.
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Yours (Tome 2)
Romance"Une semaine s'était écoulée depuis la dernière attaque menée contre Henrick. Une semaine qu'Aaron demeurait introuvable. Une semaine qu'Amber n'était plus que l'ombre d'elle même. Si elle avait un jour été une jeune femme innocente et naïve, il n'e...