Chapitre 9

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Il n'aura pas fallu beaucoup de temps avant que chacun d'entre nous ne soyons prêt. Si nous avions commencé nos ébats dans la cuisine, et même dans le salon, nous finissons finalement dans la chambre. Nos corps sont chauds et en sueur l'un contre l'autre et mes muscles souffrent autant que les siens, ce qui ne nous empêche pas de continuer. Encore et encore, jusqu'à ce que le claquement de mon corps contre lui me fasse gémir, jusqu'à ce que je l'entende soupirer contre mon cou alors que je laisse l'entièreté de mon poids tombé sur son dos, jusqu'à ce qu'il me supplie d'arrêter alors que j'accélère mes coups de reins. Pour rien au monde je ne voudrais arrêter et il le sait. Il le sait mieux que personne à cet instant précis.

    —Je croyais que tu voulais que je te baise, lui dis-je au creux de l'oreille alors que son corps se cambre contre mon torse.
    —Je vais mourir, répond-il à bout de souffle.

    Je ris à l'entente de ces propos, comme s'il pensait que j'allais le croire. Ses mensonges ne sont que de simples jouissances. Stan est un homme physiquement plus fort de moi, s'il n'avait pas envie que je sois en lui en ce moment, je serai déjà sur le sol avec le nez en sang. Si nous sommes de la même taille, nulle doute ne fait qu'il pourrait prendre tout avantage sur moi. C'est d'ailleurs ce qu'il fait lorsque nous inversons les rôles et qu'il se retrouve au-dessus de moi. Ses yeux ne quittant pas les miens, je me sens intimidé et fragile. Pourtant, ce n'est pas comme si une partie de mon corps lui était encore inconnue, comme si j'étais de verre.
    À la manière dont il me regarde, je sais qu'il ne voit en moi que l'objet de ses désirs et ce n'est pas pour me déplaire. J'aime savoir que je peux le mettre dans cet état, que je peux lui faire crier mon nom aussi fort que je crie le sien lorsque ses coups de reins vont plus vite. Il se penche en avant, attrape à nouveau mes poignets et tire mes bras jusqu'au-dessus de ma tête. Il ne veut pas que le touche. En fait non, il ne veut pas que je me touche. Il veut me regarder endurer la dureté de son membre, il veut me faire languir bien plus que je n'ai su le faire avec lui. Lorsque j'éjacule, je ne suis pas surpris de voir qu'il ne s'arrête pas mais qu'il continue ses forts coups de reins alors que je m'accroche à la tête de lit. Lui non plus n'a décidément pas envie d'arrêter.

    —C'est moi qui vais mourir si tu ne me laisses pas deux minutes, dis-je d'un souffle court.
    —Déjà fatigué ?
    —Je suis sous médicaments, dis-je en désignant ma tête. Les efforts physiques dans mon état ne sont pas recommandés.
    —Oh, chéri. Ne prends pas ces quelques points de suture comme excuses. Si tu es fatigué, laisse-moi faire le boulot, dit-il avec un grand sourire en glissant sous la couverture.

    Je ne suis nullement surpris de sentir ses lèvres chaudes autour de mon membre. Comme plus tôt dans la soirée, ses mains s'enroulent soigneusement autour de moi et suivent parfaitement le mouvement de sa tête. Je ne me lasserai jamais de ce bruit de succion que j'ai si longtemps détesté. Je me redresse, m'enfonçant soudainement bien plus profond dans sa gorge à tel point qu'il s'étouffe. Je ne voulais que retirer la couverture de son corps afin de le voir, mais je ne m'attendais à rien à voir des larmes perler aux coins de ses yeux. Je me retire immédiatement, et saisie son visage entre mes mains.

    —Je suis désolé, je ne voulais pas...
    —Ferme la, espèce d'idiot, c'est parce que je ne peux pas tout prendre quand je suis dans cette position.
    —Oh, je suis trop gros pour toi, dis-je en passant mon pouce sur sa lèvre inférieure.
    —Bien sûr que non, tu m'as simplement surpris.
    —À ton tour de me surprendre.

    Si j'affiche un air amusé, la détermination se lit aisément sur le visage de Stan. Il n'en restera pas là. Si je m'attendais à ce qu'il aille deux fois plus vite ou à ce qu'il use de ses doigts, je reconnais que ce qu'il considère comme étant surprenant me frustre au plus haut point.

    —Tu ne peux pas commencer à me sucer et partir de la chambre comme si tu ne... Putain, Stan ! criais-je alors qu'il sort de la chambre.
    —Surprise ! répond-il simplement en riant à moitié.

    J'aimerais pouvoir sortir d'ici en enfilant un vêtement mais tous ceux que je possède sont étendus sur le sol de la pièce principale. Lorsque je rejoins Stan dans la cuisine toujours complètement nu, je suis envahi par un soulagement lorsque je remarque qu'il l'est tout autant que moi.

    —Qui es-tu ? lui demandais-je d'un ton sérieux.
    —Oh, ne me fais pas croire que tu as oublié mon nom. Tu viens de passer beaucoup de temps à le crier.
    —Non, tu n'as pas compris. Qui es-tu vis à vis d'Adaliah et Minho ?
    —Rien de plus qu'un ami. Mon oncle a beaucoup travaillé avec Minho dans le passé.
    —Je l'aime, murmurais-je.

    Stan tourne sa tête vers moi et me regarde pendant plusieurs secondes avant de détourner le regard. Il sourit légèrement. En le voyant ainsi, je souris moi aussi. J'apprécie la simplicité et le naturel de ce moment. Il n'y a aucune gêne, rien qui me presse de partir.

    —Oui, tu l'aimes, ajoute-t-il simplement. Mais ce n'est pas parce que tu l'aimes elle que tu ne pourras jamais aimer quelqu'un d'autre.
    —J'ai déjà essayé, crois-moi. Ça n'a jamais fonctionné. Ça sera toujours elle.
    —Non, rit-il. Tu n'as jamais cherché à aimer qui que ce soit d'autres. Tu n'as fait que chercher à l'oublier elle, de n'importe quelle manière que ce soit. J'ai connu ça, moi aussi.

    Pendant un bref instant, je me sens compris. Je n'ai aucune idée de ce qu'a vécu Stan, ni même de qui il parle et pourtant, en le regardant, j'aime à croire qu'il ne me ment pas. Peut-être que je me berce d'illusions, peut-être que je suis bien trop naïf, mais j'ai toujours l'espoir de me dire qu'il y a quelqu'un dans ce monde qui sait exactement ce que je ressens. Dans le fond, Stan me trahira sans doute un jour ou l'autre, comme tout le monde dans ma vie a si bien su le faire jusqu'à présent et ce sans aucun remords. Ce jour-là, et ce jour-là seulement, je me blâmerai pour m'être senti bien à ses côtés. Jusque-là, je savoure la manière dont il apaise mon actuelle douleur par de la simple compassion.
    Lorsqu'il me propose une coupe de champagne, je souris ironiquement. Toujours aussi nus que des nourrissons, Stan me parle de la personne qu'il a connu. Il s'appelait Maël. S'il ne me donne pas les détails de leur rencontre, il m'explique la manière dont il est tombé amoureux de lui sans même chercher à le vouloir. Il m'explique que son silence en disant autant que ses mots mais que ce n'était pas pour lui déplaire. Il s'agissait de silences apaisants, réconfortants. Ce n'était pas l'homme le plus intelligent mais il savait des choses dont Stan était toujours ravi d'apprendre. Ce n'était pas quelqu'un qui étalait sa culture au nez de tout le monde, en fait, c'était plutôt l'inverse. Maël était quelqu'un de réservé en public mais était très doux en privé, et même un peu bavard. Stan éclate de rire en disant cela et dit que s'il se prend lui-même comme point de comparaison, personne n'est vraiment bavard.
    Puis, plus le temps passait, plus nos sujets de conversations étaient divers et variés. J'aurais pu partir lorsque nous avions fini la bouteille, mais je suis resté. Je ne l'ai pas fait parce que je redoutais le moment où je serais seul avec mes pensées, parce que j'étais fatigué ou parce que je n'avais pas la force de me rhabiller. Je suis resté parce que j'en avais envie. Ce n'était pas une question de sexe mais une question de plaisante compagnie. Je suis resté parce que je me sentais bien, en paix et léger. J'aimais la manière dont Stan riait à ses propres blagues, la manière dont il fixait le plafond avec les yeux remplis de larmes sans jamais en verser une seule, la manière dont il voyait son histoire avec Maël.
Mais sans surprise, toutes les bonnes choses ont une fin.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant