Chapitre 39

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Je me lève d'un bond. Il se redresse et hausse les sourcils, visiblement surpris de mon regain d'énergie, mais ne dit rien. Je fais les cent pas, mes deux mains dans les cheveux. Tout doit être parfait. Chaque mot doit être lourd de sens. Pourtant, lorsque je le regarde, je comprends que je n'ai pas besoin de réfléchir pour être capable de lui faire une belle déclaration. Je sais que les mots me viendront naturellement, parce que... je l'aime.

    —Il y a quelques mois, j'étais celui allongé sur le sol de ce parking, et aujourd'hui encore, c'est toi qui viens à ma rescousse. Certaines choses sont donc vouées à ne jamais changer, dis-je avec un léger sourire.
    —Je te sauverai à chaque fois que tu auras besoin de l'être.
    —Je sais, dis-je en essuyant les larmes qui roulent sur mes joues. Nous en avons passé des nuits ensemble, les yeux rivés sur le plafond, à avoir des discussions plus profondes les unes que les autres. Tu m'as appris beaucoup de choses Stanislas, aussi bien sur le monde que sur moi-même. J'ai toujours été convaincu qu'Adaliah était l'amour de ma vie, et je ne m'en suis jamais caché, continuais-je. Simplement, elle n'était l'amour que d'un moment de ma vie.
    —Liam, qu'est-ce que...
    —Tu es l'amour de ma vie, Stan. Parmi tous ceux que j'ai côtoyés ou rencontrés, parmi tous les hommes et les femmes du monde entier, c'est toi. C'est toi que mon cœur a choisi d'aimer.
    —Liam, qu'est-ce que tu fais ? dit-il d'un ton paniqué en se levant.

Je pose un genou à terre.

    —Épouse-moi, Stan. Choisis-moi parmi le reste le du monde.
    —Non, dit-il en se mettant à genoux à son tour. Je ne t'épouserai pas, Liam. Ce n'est pas ce que tu veux et nous le savons tous les deux. Le mariage est quelque chose de sacré et de précieux pour moi. Tu ne me demandes de t'épouser uniquement parce que...parce qu'elle n'est plus là.
    —Non ! Ce n'est pas vrai. Je te demande de m'épouser parce que je veux t'aimer jusque dans la mort, parce que je veux que nos âmes se retrouvent quelque part et...

    Il pose une main sur ma joue et je me tais immédiatement. Ses yeux sont pleins de larmes, à lui aussi. Je suis blessé qu'il ait refusé, mais également déçu de moi pour lui avoir demandé de m'épouser dans des circonstances si peu favorables. Il mérite bien mieux. Les ballons, le coucher de soleil sur la plage, les colombes et le photographe pour les photos souvenirs. Ce n'est rien dont j'ai envie, mais je serai prêt à le lui offrir. En fait, je lui donnerais littéralement mon cœur sur un plateau d'argent s'il me le demandait.

    —Tu disais que tu voulais te marier... repris-je.
    —Je veux que tu me demandes de t'épouser parce que tu m'aimes plus que tu ne l'as aimé elle, pas simplement parce qu'elle n'est plus là. Tu ne peux pas me demander de te dire « oui » alors que si je t'avais demandé, tu aurais refusé en croyant encore que tu avais une chance.
    —Ce que tu dis est injuste et... et vexant !
    —Vexant ? Répète-t-il en riant ironiquement. Je serai toujours le second choix, Liam. Même six pieds sous terre, Adaliah a encore une emprise sur toi que je n'arrive pas à égaler.

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, et je le pointe d'un doigt accusateur.

    —NON ! Je...
    —Il t'aime.

    Minho m'interrompt dans mon élan en s'adressant directement à Stan. Les mains dans les poches, il semble désespéré. Stanislas semble surpris et inquiet de le voir ici, mais je pense personnellement qu'il est venu voir le prêtre et qu'il est tombé sur nous par pur hasard. Peut-être qu'il déambule simplement dans les rues du village à la recherche de sa femme et son enfant, espérant qu'ils soient en vie et heureux avec lui.

    —À sa place, je n'aurais jamais renoncé. J'aurais passé ma vie à l'attendre, j'aurais continué d'y croire, peu importe les événements. C'est ce qu'il a fait, jusqu'à ce qu'il te rencontre. Tu l'as détourné d'elle, et il a arrêté de la peindre alors qu'elle était sa muse. Imagines-tu seulement à quel point la muse d'un artiste est importante ? Il a arrêté de rêver, d'espérer, de croire. À cause de toi. Grâce à toi. Pour toi.
    —Tu n'es pas le second choix. Tu es le premier du reste de ma vie, dis-je.
    —Liam peut être un véritable idiot, reprend Minho. Seulement, c'est un idiot qui sait aimer. Ne néglige pas ses sentiments, parce que je suis sûr de moi lorsque je te dis qu'ils sont réels. On ne demande pas à quelqu'un de l'épouser si on n'est pas sûr que qu'il s'agit de la bonne personne.

    Il s'avance vers le bâtiment en pierres d'un pas nonchalant. C'est comme s'il traînait lui-même son corps. Stanislas ne dit rien.

    —Si tu doutes encore... Souviens-toi bien de ce que je vais te dire : il n'a jamais demandé à Adaliah de l'épousé. Dans aucun de ses états d'âme il ne l'a fait.

    Minho affiche un léger sourire et me fait un signe de tête alors que je reste bouche bée par ses propos. Il a raison. Pas une fois je n'ai demandé à Adaliah de m'épouser. Sans doute est-ce dû au fait que je l'ai retrouvé quelques jours avant son mariage avec Minho, mais j'aurais pu. J'avais son adresse, son contact. J'aurais pu aller la voir, lui avouer mes sentiments et lui demander de devenir mienne en ayant l'audace de croire qu'elle aurait dit « oui ». Seulement, je n'ai rien fait. Je l'ai regardé se marier, et j'ai rencontré Stanislas ce jour-là.

    —Je t'aiderai à le fuir si tu le souhaites, je n'ai plus rien qui me retient ici. Seulement, réfléchis-bien. Je ne veux pas séparer deux personnes qui s'aiment mais qui sont simplement incapables de le comprendre.

    Minho finis par rentrer dans l'église. Mon cœur bat doucement dans ma poitrine, comme si ses mots l'avait apaisé. Il m'a touché. Et visiblement, je ne suis pas le seul. Stan me regarde, le visage recouvert d'un voile de tristesse. Je suis sûr qu'un sentiment de culpabilité l'envahit en ce moment même.
Je prends mon visage entre mes mains et l'embrasse sur le front. Il sourit devant l'ironie de mon geste.

    —Je suis amoureux de toi, Stanislas. Tu es la raison pour laquelle je me lève chaque matin, la raison pour laquelle j'apprends à aimer des choses que j'ai toujours détestées, la raison pour laquelle je remets mes choix de vie en question. Si je ne me marie pas avec toi, alors je ne marierai jamais. Un jour, je te demanderai à nouveau de m'épouser. Je ferai les choses bien. Pour toi.
    —Ce jour-là, je dirai « oui ».

    Des larmes roulent sur ses joues alors qu'il sourit. Je l'embrasse tendrement. Ce sera lui et moi. Lui et moi pour toujours. Dans cette vie ou dans une autre, il sera mon dernier amour.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant