Chapitre 35

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Nous restons dans cette baignoire jusqu'à ce que l'eau soit froide et que le soleil se couche. J'ai manqué chacun des rendez-vous qu'Elizabeth avait prévus et pourtant, je n'ai aucun sentiment de culpabilité. Une serviette autour de la taille, Stanislas déambule dans tout le chalet. Je dois reconnaître que de le voir dans cette tenue, ou plutôt en son absence, fait plaisir à mes pupilles. Je veux passer chaque jour du reste de ma vie avec cet homme, je le sais.

    —Et si nous sortions ? J'ai vu qu'il y avait un chalet qui faisait office de boîte de nuit, dit-il simplement.
    —Une boîte de nuit au beau milieu de la montagne ? Comme c'est original !
    —Nous ne sommes pas forcés d'y aller, si tu ne veux pas. Je me plierai à tous tes désirs, bébé, dit-il en venant embrassé mon cou.
    —En parlant de désirs, quels sont les tiens ?
    —Mes désirs ?
    —Tes fantasmes, si tu préfères. Ne me fais pas croire que tu n'en as pas.

    Il fronce les sourcils et recule de quelques pas, comme si je l'empêchai de réfléchir clairement. Je ne pensais pas qu'il prendrait cette question autant au sérieux, pour être tout à fait honnête.

    —Tu as déjà réalisé certains de mes fantasmes, finit-il par admettre. Si je devais n'en dire qu'un, alors je dirai que j'aimerais regarder mon partenaire... le faire avec quelqu'un d'autre. Que je participe ou non ne me dérange pas. Le simple fait de le voir avoir du plaisir fait le mien, si je puis dire.
    —Intéressant, vraiment très intéressant. Est-ce que c'est déjà arrivé ? Que tu regardes l'un de tes partenaires se faire prendre par quelqu'un d'autre que toi ?
    —Oui.
    —En ce qui me concerne, j'aime le côté basique mais excitant du plan à plusieurs, alors je peux comprendre ton point de vue, en quelque sorte, lui dis-je avec un sourire.

    Quelques heures plus tard, nous sommes dans le fameux chalet qui fait office de boîte de nuit. Je suis surpris du monde que cela attire malgré tout et de la chaleur qu'il fait ici. Mon corps pressé contre celui de Stanislas, je le tiens par les hanches pour être sûr qu'il ne soit jamais loin de moi. Son regard transperçant le mien, c'est comme s'il n'y avait que nous sur la piste. Ses mains attrapent si fort mon tee-shirt que j'ai l'impression qu'il est sur le point de se déchirer à tout instant. Nous restons collés ainsi pendant plusieurs chansons, avant que je ne me sente déshydraté et le laisse seul sur la piste pour aller prendre un verre.
    Les lumières sont tamisées et de couleur différentes. La fumée ne faisait que rendre la scène encore plus hypnotique : j'aime regarder tous ces corps qui bougent sur la piste de danse, entourés de parfaits inconnus, comme s'il n'y allait jamais avoir de lendemain. J'aime la manière dont ils perlent tous de sueur tant ils sont dans l'euphorie du moment, et que cela ne gêne aucun d'eux. Pourtant, dans cette foule envoûtante, je ne vois que lui. Je regarde ses boucles brunes se dégageaient de son visage à chaque fois qu'il saute au rythme de la musique. Puis, adossé au bar, je regarde cette fille blonde l'accoster, lui murmurer quelque chose à l'oreille avant qu'il ne me jette un regard. Son rire, que je suis pourtant incapable d'entendre à cette distance, résonne dans mes oreilles. Il me sourit avant de lui murmurer quelque chose en retour. La blonde me lance un coup d'œil et me sourit à son tour. Je lève mon verre en sa direction et elle s'approche de moi d'un pas rapide. Stanislas, lui, reste sur la piste, les yeux rivés vers nous.

    —Tu m'offres un verre ?
    —Bien évidemment.
    —Alors comme ça, c'est ton mec ?
    —Il paraît, oui.
    —Il en a de la chance, répond-elle avec un sourire charmeur.
    —C'est moi qui en ai.
    —Je vous ai vu danser ensemble. Je ne vais pas passer par quatre-chemins, je vous veux. Je suis allée le voir pour savoir si un plan à trois l'intéressait, mais il m'a dit qu'il fallait plutôt s'adresser à toi.

    Je manque de m'étouffer. Je regarde Stanislas, qui me sourit diaboliquement avant de me faire un hochement de tête. Il ne peut pas être sérieux. J'aimerais qu'il vienne à mes côtés, que nous en discutions. Avant que je ne lui réponde quoi que ce soit, la jeune femme attrape ma main et me tire jusque sur la piste de danse. Elle se place entre Stanislas et moi. Ses fesses se collent à mon entrejambe tandis qu'elle fait face à Stanislas, qui la regarde avec beaucoup d'amusement. Des dizaines d'hommes présents ici rêveraient d'être à sa place et pourtant, sa position ne lui procure aucun vrai plaisir. Pourtant, il joue le jeu comme le ferait n'importe qui. Il pose sa main sur sa joue et la force à se tenir droite entre lui et moi. Entre nos deux carrures, la jeune femme semble presque inexistante. Stanislas me jette un coup d'œil et sourit.

    —On ne peut pas faire ça, lui dis-je par-dessus la musique.
    —On va le faire.
    —Stanislas, tu es g...
    —Et si tu nous baiser tous les deux ? murmure-t-il dans le creux de mon oreille.

    Mes pupilles se dilatent à l'idée de toutes les positions que nous pourrions essayer. Lorsqu'elle se tourne vers moi, Stan me donne un coup dans l'épaule en me faisant des gros yeux. Je saisis la nuque de la blonde entre nous et l'embrasse à pleine bouche. Sa langue danse avec la mienne alors que je laisse glisser mes mains le long de son corps. Je retrouve les mains de Stanislas sur ses hanches et je souris contre ses lèvres.

    —Je suppose que c'est d'accord pour vous, dit-elle contre mon oreille pour être sûre que je l'entende. On va chez moi. Tout de suite.
    —Tu ferais mieux de ne pas habiter bien loin, balance Stan.
    —Seulement quelques minutes de marche. On devrait tous réussir à se contrôler.

    Son rire est plaisant. Lorsque nous sortons, je réalise à quel point elle est belle. Elle n'est pas blonde mais rousse. Sa chevelure de feu lui tombe en cascade dans le dos. Je n'ai pas besoin de la regarder pour savoir que son corps est merveilleux, mes mains l'ont senti. Qui plus est, son gros manteau de fourrures m'empêche de voir son corps à la lumière des lampadaires. L'espace d'un instant, au milieu de toute cette chaleur humaine, j'avais oublié que nous étions toujours à la montagne, au beau milieu de l'hiver.
    Elle n'avait pas tort lorsqu'elle disait qu'il n'y avait besoin que de quelques minutes de marche. Avant même que je n'aie le temps de décrocher un mot à mon propre partenaire, nous sommes dans son chalet.
Elle pousse Stanislas contre la porte d'entrée.

    —Occupe-toi bien de lui, je ne pourrais pas faire grand-chose, moi, me dit-elle en riant.
    —Tu n'as pas besoin de me le dire deux fois.

    Je souris diaboliquement.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant