Chapitre 11

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Ma mâchoire semble s'être décrochée et mes yeux semblent sortir de leurs orbites. Ça ne peut pas être réel. Il me faut quelques secondes pour réaliser l'ampleur de la situation mais malgré ça, je ne parviens pas à comprendre. Comment en est-il arrivé là ? Que s'est-il passé ? Aurais-je pu faire quelque chose ? Un million de questions me traverse l'esprit alors que Stan s'effondre sur mon épaule, visiblement à bout de force.
Lorsque je lui ai dit que l'on pouvait se voir avant que je ne parte, je n'imaginais pas qu'il viendrait le visage en sang, et dont les hématomes commencent déjà à être visibles. Une vague de colère s'empare de moi à l'idée qu'on ait pu lui faire du mal alors même que je ne le connais pas vraiment. Son visage d'ange est couvert des traces de l'enfer et je me sens coupable de cela. Peut-être que s'il n'était pas venu jusqu'ici, il n'aurait jamais croisé ceux qui sont responsables de son état.
Je ne lui demande pas ce qu'il s'est passé, supposant qu'il m'en parlera lorsqu'il le voudra mais surtout, lorsqu'il en aura la force. Je me contente simplement de l'amené jusqu'à la salle de bain, le cœur battant, les joues rouges de colère. Toutefois, je veille à rester doux et bienveillant à son égard, comme il a si bien su l'être avec moi la nuit dernière. Je l'assoit sur le battant des toilettes et me met à genoux devant lui pour être à sa hauteur. En me voyant ainsi, il ne peut s'empêcher de sourire malgré la douleur.
Je lui retire ses vêtements en prenant soin de ne pas lui demander de faire de mouvements trop brusques. Je pourrais arracher ses vêtements étant donné qu'ils finiront sans doute à la poubelle, mais je ne veux pas être une brute. Il n'a sûrement pas besoin de ça maintenant. Je retire également mes vêtements, de sorte à être complètement nu. Je ne peux pas ruiner les derniers vêtements qu'il me reste. J'attire Stan sous la douche avec moi, et au contact de l'eau chaude, ses yeux se ferment presque instantanément.
Je regarde le sang disparaître de ses boucles brunes, coulait le long de ses paupières comme s'il pleurait la chaleur de l'enfer. Mon cœur se serre à cette vue. Son visage redevient peu à peu angélique mais les hématomes sont toujours là et m'empêchent d'être pleinement satisfait. J'aimerais faire quelque chose, être capable de lui rendre justice mais je ne peux pas. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je ne sais rien.
Je passe mes doigts sur son visage alors que ses yeux se rouvrent brutalement. La peur sur son visage se lit aussi aisément qu'un livre, ce qui me fit frissonner. En réalisant que ce n'est que moi, son visage s'appuie contre ma paume. Je comprends alors que je suis celui qu'il est venu trouver. Plutôt que de m'appeler, de m'envoyer un message et de retourner chez lui, Stan a choisit de venir. Il aurait même pu ne rien me dire et simplement rentré mais il ne l'a pas fait. C'est comme s'il savait qu'en venant ici, je prendrais soin de lui. Il n'avait pas tort. J'attrape la bouteille de shampooing et frotte ses cheveux, bien qu'il soit plus grand que moi. Il ne détache pas son regard du mien, comme s'il avait peur que je parte. L'eau ruisselle toujours contre nos corps alors que je prends de longues minutes à frotter son corps de mes mains nues, bien que couvertes de savon. Je pense n'avoir jamais aussi doux de toute ma vie. La douceur n'a jamais été dans mes bonnes habitudes.
Mes mains glissent le long de son buste, de ses épaules et de ses bras. Il n'y a rien de sensuel. La fatigue et la douleur que je lis sur son visage m'empêchent d'avoir de quelconques pensées salaces. Ma première et seule préoccupation est la manière dont il se sent. J'en viens presque à regretté qu'il ne dise rien. Sa respiration ne s'accélère pas lorsque j'attrape son membre dans ma main. Je ne m'y attarde pas comme je l'aurais fait d'ordinaire et me met à genoux pour nettoyer chacune de ses jambes, puis ses pieds. Lorsque je passe derrière lui pour faire son dos, il pose ses deux mains contre le mur et expire fortement.
Me surprenant moi-même, je dépose un baiser sur le haut de son dos. Puis un autre, et encore un autre. A chaque coup de main et après la disparition du savon, je l'embrasse. Encore et encore, jusqu'à ce qu'il finisse par se retourner pour me faire face. Il pose sa main sur ma joue et m'attire à lui. Ses lèvres sont chaudes, douces contre les miennes. L'eau m'empêche d'avoir un goût de sang et de métal dans la bouche. Notre baiser est langoureux, lent et agréable. Rien avoir avec tous ceux que nous avons échangés hier ou ce matin-même. Dans celui-ci réside beaucoup de sentiments : de la douleur, de l'envie, de la tristesse et du désespoir mêlé à un brin d'amour.
Une fois séparé, je lui souris avec mes yeux et coupe l'eau. Contre toute attente, il finit enfin par dire quelque chose.

—Attends, je ne t'ai pas lavé.
—J'ai déjà pris une douche. On devrait plutôt trouver quelque chose de froid à mettre sur ton visage.
—Laisse-moi te laver. S'il te plaît, demande-t-il d'un ton désespéré. Je veux que mes mains se souviennent de ton corps pour quand tu seras parti.

J'acquiesce d'un sourire triste avant de lui tendre le shampoing. Cette fois, c'est à mon tour de ne pas détacher mon regard de lui. Si lui veut que ses mains se souviennent de mon corps, je cherche personnellement à me souvenir de chaque trait de son visage, qu'ils soient déformé ou non. Son visage doit rester dans ma mémoire, il ne peut pas en être autrement. Je ne veux rien avoir d'autres en mémoire que sa beauté, la douceur ses gestes, de la chaleur de ses mains contre ma peau. Il me donnerait presque envie de rester. Pas dans cette ville, ni même dans cette chambre mais ici même, sous l'eau chaude et entouré de ses bras forts.
Stan n'embrasse pas mes bras, mon torse, mon dos, ni même mes jambes. Contre toute attente, ses lèvres embrassent mes mains. La paume, mes phalanges et chacun de mes dix doigts. Je le regarde avec de grands yeux, ne comprenant pas pourquoi il s'attarde sur une telle partie du corps. Ses doigts s'enroulent autour des miens alors qu'il s'attaque désormais à mon visage. Mes lèvres,  puis mon nez, chacune de mes joues et il termine pas mon front, ce que je trouve particulièrement touchant. Bercé par la douceur de ses gestes, je m'endormirai presque debout. Seulement, j'ai toujours cette colère bouillonnante en moi que chacun de sas baisers tend à apaiser sans même qu'il ne s'en aperçoive.
Finalement, Stan est bien plus qu'un simple coup d'un soir. Je n'ai jamais fait ça avec aucun d'eux. Chaque moment est plaisant et unique avec lui. Il n'y a pas la gêne de se voir nus le matin même, ni même celle de savoir qui partira en courant le premier. Certes, il n'est pas assez pour que je reste. Mais ça ne signifie pas que j'ai envie de le laissé.

—Pars avec moi, murmurais-je.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant