Chapitre 30

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Finalement, le sommeil m'avait gagné à nouveau et ce n'est pas le soleil qui me réveille. Ce sont les lèvres chaudes de Stanislas contre mon cou. En voilà un qui semble être de bonne humeur. Je me tourne pour lui faire face et il me sourit. Il embrasse d'abord mon nez, puis chacune de mes joues, et il termine par embrasser mon front. Je suis à la fois surpris et déçu qu'il ne m'embrasse pas sur les lèvres, alors que j'en ai plus qu'envie. Toutefois, je ne dis rien et me contente de lui sourire. Son corps est chaud contre le mien. Plus je le regarde, moins je veux sortir de ce lit, de cette chambre. Je pourrais y rester la journée entière du moment qu'il est ici, avec moi.

    —Je ne veux pas sortir du lit, avoue-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.

    Il pose sa tête dans le creux de mon cou et ses boucles brunes me chatouillent le visage, ce qui me fait rire. Lorsqu'il relève la tête pour comprendre pourquoi je ris de si bon matin, il sourit sincèrement. Ses yeux brillent d'une lueur que je n'avais encore jamais vue et l'instant suivant, je sens mes joues me brûlaient.

    —Tu es tellement beau, Liam. C'est toi l'artiste mais c'est toi, mon œuvre préférée.
    —Je ne te savais pas poète.
    —Je suis tout ce que tu veux que je sois.

Je ne réponds pas et me contente de le regarder. Il reprend.

    —Tu sais, ça, tout ça, dit-il en nous désignant dans le lit, ça pourrait être ça chaque matin pendant au moins une semaine.
    —Te revoilà avec ton histoire de vacances à la montagne, dis-je en me tournant pour regarder le plafond. Je t'ai déjà répondu Stan. Je ne viendrai pas.
    —S'il te plaît, prends le temps d'y réfléchir.
    —C'est déjà fait. Je ne viendrais pas à la montagne avec toi.
    —Oh, pourquoi pas ? Tu sais que toi et moi on ne sera jamais que de simples amis.

    Cette lueur nouvelle disparaît de son regard pour laissé place à une sorte de désir. Il se positionne au-dessus de moi et retient la majorité de son poids avec ses mains. Comment en arrive-t-on déjà là ? Nous ne sommes réveillés que depuis dix minutes, à peine. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi : s'il faut que je bouge, que je dise quoi que ce soit. Je place mes mains derrière ma tête et ne le lâche pas du regard. J'esquisse un sourire lorsqu'il se penche pour un baiser. Toutefois, avant que nos lèvres ne se touchent, il se laisse tomber sur le côté.

    —Pas de baisers avant que tu n'acceptes de venir avec moi, déclare-t-il fièrement.
    —Pas de sexe non plus, réponds-je avec un sourire diabolique.
    —Tu ne me résisteras pas.
    —Tu penses ? Je ne suis pourtant pas celui qui a une érection en ce moment même.

    Nos regards se posent sur son entrejambe et le rose lui monte aux joues. J'aime lorsque ses propos se retournent contre lui. Son air confiant m'attire. J'aime à la fois lui être soumis, mais je ne me lasse pas de la joie de le voir se soumettre à moi. Lorsque je sors enfin du lit pour rejoindre la salle de bain, Stanislas me suit de près avec un grand sourire aux lèvres. Sans doute n'a-t-il pas dû bien comprendre les termes de notre arrangement.

    —Est-ce que tu peux me dire où tu t'en vas tout souriant comme un idiot ? lui demandais-je.
    —Prendre une douche.
    —Non, j'y vais.
    —Oui, je le sais. C'est le but. Je vais prendre une douche avec toi.
    —Je croyais qu'on avait dit pas de baisers ni de sexe avant que je n'accepte de partir avec toi ?
    —Oh, mais quel obsédé tu fais ! Tu ne peux donc pas me regarder sans vouloir me sauter dessus ? Coquin, dit-il avec un clin d'œil.

    Il me passe devant alors que je ris. Je sais que ses propos ne sont pas sérieux mais ses gestes le sont pourtant. Il retire son caleçon et libère son érection, que je ne peux m'empêcher de fixer pendant ce qui me semble être une longue minute. L'eau chaude ruisselle sur son corps et il me regarde en balançant ses mains sur son corps, alors que je reste bloqué dans l'embrasure de la porte. Il sait que je voudrais que ce soient mes mains glissant sur son corps, là, maintenant. Il tente de me faire céder mais je ne céderai pas. Je le rejoins et ses pupilles se dilatent plus qu'elles ne le sont déjà. Je veux qu'il perde pied, qu'il perde tous ses moyens.
    Je rêve qu'il me plaque sur le mur, contre la paroi de la douche. Je veux sentir son corps pressé contre le mien, ses yeux me désirant plus que jamais. Il ne se passe rien de tout cela. Je le regarde simplement se savonner sans même que ses mains ne touchent mon corps, sans même que nos corps se frôlent un minimum, sans même dire quoi que ce soit, en fait. Mes fantasmes ne sont en rien le reflet de la réalité et ça me consume de l'intérieur. Une serviette autour des hanches, nous nous rendons tous les deux dans la cuisine. Ses cheveux gouttent sur son visage lorsqu'il attend son café derrière le comptoir. Je me mords l'intérieur de la bouche pour m'empêcher de dire quoi que ce soit. Lui ne résiste pas.

    —Pas de baisers ni de sexe ne signifie pas que tu ne peux pas me parler, tu sais, dit-il en buvant une gorgée.
    —Je sais.
    —Alors parle-moi.
    —Qu'as-tu prévu de faire aujourd'hui ?
    —J'aimerais venir avec toi. Dans ton atelier. La dernière fois, je n'ai pas vraiment pu te voir à l'œuvre.
    —Tu vas t'ennuyer. Tu devrais faire quelque chose de plus stimulant.
    —Tout ce qui me stimule vraiment m'est désormais interdit. Tu n'as qu'un mot à dire pour que je sois stimulé, tu le sais bien.

    Il lève ses sourcils, un sourire sur le visage. Je ne céderai pas. Du moins, pas aussi facilement. S'il veut m'accompagner et essayer de m'avoir, qu'il en soit ainsi. Je peux être plein de surprises moi aussi.

    —Et si tu me peignais nu ? Tu pourrais me prendre en photos comme tu l'as fait la dernière fois.

    Je recrache mon café sur la table alors qu'il ne cache pas son sourire diabolique. Je suppose que s'il veut jouer à ce petit jeu, alors je me dois de riposter. J'accepte et le rouge lui monte instantanément aux joues. Il finit par se raviser avant que nous n'arrivions au studio.

    —J'aimerais qu'on parle toi et moi, me dit-il une fois que nous sommes dans mon atelier.

    Mon cœur s'emballe devant son air sérieux.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant