Chapitre 29

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Un jour ou l'autre, on s'aimera. Cette phrase continue de me hanter, même lorsque je suis rentré et sous mes draps. Je n'en ai pas parlé avec Elizabeth, qui était je ne sais où lorsque Stan est arriver pour me parlé des vacances au chalet. Pendant tout le trajet, elle n'a fait que me porter des louanges auprès de Charlie, qui n'en revenait pas. Elizabeth et lui ont discuté tout le trajet.
    Mon téléphone sonne. Stanislas. Mon rythme cardiaque s'accélère. Je ne réponds pas. Il appelle une deuxième fois. Puis une troisième. Je ne donne toujours aucune réponse. Lorsque je pensais qu'il avait abandonné, on frappe à la porte d'entrée. C'est impossible, ça ne peut pas être lui. J'aimerais dire avec certitude qu'il n'oserait pas mais je sais pertinemment qu'il est capable de venir ici. Si c'est lui, alors il était déjà en bas de chez moi lorsqu'il a téléphoné. Lorsque je me lève, aussi silencieusement que possible, j'ai l'impression d'avoir les jambes faites de cotons. Je me suis rarement senti aussi faible.
En regardant dans le judas, mon cœur s'emballe.

    —Stanislas, dis-je en ouvrant la porte.
    —Oscar n'est personne. Il n'a aucune importance.

    Il entre dans mon appartement en deux grandes enjambées et fait les cent pas dans mon salon. Quelque chose le perturbe, visiblement.

    —Je ne plaisante pas, reprend-il. Il n'est personne à mes yeux. Je veux que ce soit toi qui viennes dans ce chalet avec moi. Pas lui. Pas quelqu'un d'autre. Toi.
    —Tu connais déjà ma réponse.
    —Liam, s'il te plaît, geint-il en se rapprochant de moi.
    —Non.
    —Bébé, je t'en supplie.

    Ses mots sont doux à mon oreille, plaisants, séduisants. Malheureusement, ses yeux injectés de sang m'indiquent qu'il ne s'agit pas du Stan que je connais. L'homme que j'ai en face de moi est un homme qui a trop bu et qui ne savait simplement pas où aller. Il n'est pas ici pour me convaincre de partir avec lui en vacances, il est ici pour le sexe. Il me veut moi. Ici, et maintenant. Seulement, je ne suis pas d'humeur à faire quoi que ce soit, pas même le strict minimum.

    —Tu es soûl, affirmais-je. Allonge-toi dans le canapé. Tu repartiras lorsque tu seras sobre.
    —Oh, aller. Bébé, me fait pas ça, dit-il en m'attrapant par la taille.

Je le repousse.

    —Bonne nuit Stanislas.

    Il soupire de frustration mais ne proteste pas. Il retire la veste de son costume en se débattant dans tous les sens, ce qui me fait rire. Il retire ses chaussures avec beaucoup de mal et je dois l'aider à défaire les boutons de sa chemise si je ne veux pas qu'il l'arrache. Non pas que ça ne plairait pas de le voir faire. Lorsque je lui apporte une couverture, ses yeux sont déjà fermés et sa respiration régulière, comme s'il dormait. Ce n'est pas le cas puisqu'il tend son bras vers moi.

    —Dors avec moi.
    —Non, lui dis-je.
    —S'il te plaît Liam. Je veux te serrer contre moi. Juste ça. Rien de plus.

    Je m'accroupis à ses côtés et passe mon pouce sur sa joue. Ses paupières ne s'ouvrent pas. Ses cernes sont si dessinés qu'on pourrait croire qu'il n'a pas dormi depuis des jours. Je n'aime pas cet air épuisé. Je sais cependant que ses paroles sont sincères mais je refuse de le laisser m'attendrir. Si je ne dors pas avec lui, rien ne m'empêche de rester à ses côtés. Je m'enroule donc dans une couverture et m'assois sur le sol à ses côtés. Il marmonne quelque chose que je ne comprends pas. Au fil du temps, je sens mes paupières devenir lourdes, elles aussi. Le bruit de sa respiration me berce et je finis par m'endormir.
    Lorsque je me réveille, la tête de Stan est posée sur mes genoux et son corps est recroquevillé sur le sol. J'ose croire qu'il n'a pas dormi sur le sol, sans couverture ou coussin. Enfin, il est clair qu'il s'en est trouvé un autre apparemment. Je passe une main dans ses cheveux en bataille. Un frisson me parcourt l'échine. Je ne sais pas quelle heure il est, ni même combien de temps j'ai dormi ainsi mais il ne semble pas encore faire jour. La lune est toujours haute et le ciel est toujours sombre.

    —Rendors-toi, il n'est que cinq heure et demi, bafouille Stan.
    —Va dormir dans mon lit. Tu dois être gelé.

    Il se lève tant bien que mal et j'entends ses articulations craquées. Ses cheveux lui tombant sur le visage et ce dernier encore plein de sommeil, me font sourire. Ce n'était encore jamais arrivé. Je ne l'avais jamais vu au réveil. La première fois que nous avons dormi ensemble, il s'était levé bien avant moi pour préparer le repas, que j'avais dû rattraper.
    Il me rend sa main, tel un enfant ayant l'envie d'être bercé. J'hésite avant de la prendre, en me disant que je pourrais aller courir ou commencer une toile. Je n'ai plus sommeil. Seulement, n'importe quel plan me paraît fade à côté de ce qu'il me propose. Sentir son corps contre le mien me fait à nouveau frissonner. Il est gelé. Ses mains sont froides contre mes reins mais son souffle chaud contre mon cou, qu'il embrasse tendrement avant de me souhaiter à nouveau une bonne nuit. Quelques minutes plus tard, je l'entends ronfler très légèrement. Je souris sans même le vouloir.
    Comme je m'y attendais, le sommeil ne me gagne pas. Je suis contraint de regarder Stan endormi contre mon torse. Sa beauté est presque agaçante. Je pense que je ne me lasserai jamais de la manière dont les choses sont soudaines entre nous. Rien n'est jamais prévu à l'avance. L'entièreté de notre relation, quoi qu'elle puisse être, ne se fonde que sur la suite d'imprévus. Lorsque je l'ai rencontré, je n'avais jamais envisagé le fait que nous puissions dormir ensemble comme si c'était chose courante, comme si c'était normal et naturel. Pourtant, c'est exactement comme ça que je le perçois. Tout est toujours normal et naturel lorsqu'il s'agit de lui. Je n'aurais jamais accepté de dormir sur le sol pour qui que ce soit d'autre. Il a un effet sur moi que je ne parviens pas à définir, ni même à contrôler.
    Lorsque je me retourne pour être dos à lui, je l'entends grommeler. Il passe un bras sous ma tête et l'autre autour de ma taille pour m'attirer plus à lui. Normal et naturel, me répétais-je en fermant les yeux. Pour être dans le vrai, je n'avais même plus besoin de les fermer pour rêver.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant