Chapitre 28

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Elizabeth est ma seule employée, la seule personne sur laquelle je peux compter et la seule qui se soucie de moi en tant que personne. Elle s'occupe de moi comme une amie et prends régulièrement de mes nouvelles, allant même jusqu'à passé chez moi tard le soir pour vérifier que je vais bien lorsque je ne donne plus aucune nouvelle. À l'inverse, je ne m'immisce jamais dans sa vie privée. Je ne sais pas si elle est fille unique, si elle a un ou une partenaire, ce qu'elle aime faire de son temps libre. La seule chose que j'ai réellement retenue est qu'elle n'aime pas que l'on l'appelle Lilibeth, et sa date de naissance. Bien que ce dernier soit dans deux jours, son cadeau est plus que mérité. Sans elle, je ne serais pas l'artiste que je suis aujourd'hui.
    Ses yeux se remplissent de larmes alors qu'elle me serre dans ses bras. Elle me supplie de ne pas le lui donner, clamant qu'elle ne mérite pas un tel cadeau et que je n'aurais jamais dû dépenser mon argent pour elle, pour quelque chose qui ne m'est pas destiné. Je prends son visage entre mes mains et lui embrasse tendrement le front.

    —Tu mérites ce cadeau plus que n'importe qui dans cette pièce. J'aurais payé n'importe quel prix pour qu'il soit à toi.

    Elle renifle en me souriant, les joues rouges. Les enchères continuent et je suis contraint de regarder Minho gagné le voyage en Italie, puis de me lancer dans une guerre avec Stanislas pour obtenir une semaine de vacances dans un chalet à la montagne. L'air frais ne me ferait aucun mal et découvrir de nouveaux paysages pourrait me faire avoir de l'inspiration, dont j'ai bien besoin. Finalement, c'est lui qui la remporte et je lève mon verre en sa direction, un sourire aux lèvres. En retour, je n'ai le droit à aucune réaction, comme s'il ne savait même pas qui j'étais.
Une fois les enchères terminées, il vient vers moi.

    —Félicitations pour le chalet. J'espère qu'Oscar aime l'air de la montagne, lui dis-je.
    —Qui ça ?

    Je le regarde intensément, cherchant une once de moquerie ou de mensonge dans son regard. Cependant, son air tout à fait sérieux me rend dubitatif. Peut-être que j'ai donné une importance à Oscar qui n'avait nullement lieu d'être. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un coup d'un soir, ou d'un homme avec lequel il couche de temps en temps. Rien de plus.

    —Toi qui aimes tant la campagne. La montagne ne pourra que te plaire.
    —Je ne t'ai toujours pas pardonné, répond-il.
    —Bien. Dans ce cas, je te laisse.
    —Je déteste... commence-t-il lorsque je lui tourne le dos. Je déteste la manière dont tu m'as fait me sentir ce soir-là. Je déteste l'idée même de penser à toi. Mais ce que je déteste le plus, oui le plus, c'est que je veux que tu viennes avec moi. Je veux qu'on aille dans ce chalet à la montagne tous les deux.

    Toujours dos à lui, sa réponse me surprend. Pour une raison qui m'échappe encore, je suis incapable de lui répondre quoi que ce soit. Partir en vacances avec lui s'avère être à la fois insensé et attirant. Seulement, lui et moi n'avons jamais été dans une même pièce sans que nous ne soyons animés d'un désir insoutenable. Qui plus est, chacun de nos rendez-vous s'est terminé en une déception ou en une dispute. Je ne veux pas en faire à nouveau les frais.

    —Si c'était à revivre, est-ce que tu le revivrais ? me demande-t-il simplement.
    —Si quoi était à revivre ?
    —Tout. Le mariage d'Adaliah, notre rencontre, nos soirées sexe, cette soirée.
    —Je ne sais pas, avouais-je.
    —Même en sachant comment ça va se finir ?
    —On ne peut jamais savoir comment une chose va se finir avant même qu'elle ne commence.
    —Je ne suis pas d'accord. Lorsque je t'ai vu, avant même que tu ne dises quoi que ce soit, je savais que je t'aimerai, d'une certaine manière.
    —Ce n'est pas possible et tu le sais, réponds-je en me tournant vers lui.
    —Bien sûr que si. J'aurais dû te le dire ce jour-là.
    —Me dire quoi exactement ?
    —Qu'un jour ou l'autre, on s'aimera.

    Son air sûr de lui apparaît sur son visage et c'est là que je le reconnais vraiment. Je ne sais pas pourquoi il attendu si longtemps avant d'être lui-même, mais pour être honnête, j'aurais préféré faire face à son indifférence. J'aurais préféré qu'il ne vienne pas me voir, qu'il ne m'adresse que de simples regards et qu'ils ne prononcent jamais ces mots.

    —Que je le veuille ou non, j'aime passer du temps à tes côtés. Bien que tu puisses être un connard quelques fois, tu n'es pas quelqu'un de mauvais.
    —Tu m'aimes, dis-je dans un murmure.
    —Ça n'a rien de romantique, ne te méprend pas. Tu n'es pas l'amour de ma vie, si c'est ce que tu as besoin d'entendre. Tu es simplement de bonne compagnie et c'est ce dont j'ai besoin pour le moment. De plus, une semaine de vacances ne nous fera aucun mal.

    Il avait tort. Une semaine de vacances, rien que lui et moi, est tout ce qu'il y a de plus toxique. Je ne suis pas de ceux qui deviennent amis avec ceux avec lesquels ils ont eu des rapports plus qu'intimes. Je ne peux pas regarder Stan sans l'imaginer nu par la suite, sans l'entendre gémir mon nom dans un coin de ma tête. J'ai des sentiments forts à son égard, des sentiments qui ne sont en rien comparables avec ceux que j'ai envers Adaliah. Stanislas me plaît, je dois le reconnaître. C'est un bel homme, sûr de lui, posé et ambitieux. Il n'est rien de ce que je suis, de mon point de vue. C'est sans doute la raison pour laquelle il me plaît autant.

    —Je n'ai jamais aimé la montagne.
    —Alors n'y va pas pour la montagne, répond-il comme si c'était évident.
    —Non. Ce voyage n'est pas le mien.
    —Si tu ne viens pas, je n'y vais pas.
    —C'est ridicule. Tu as payé pour ce chalet, tu dois y aller.
    —Mes parents seront ravis d'avoir une semaine de vacances, tous frais payés, dans un chalet à la montagne. Si tu ne viens pas, je n'y vais pas, répète-t-il.

    Son corps est chaud contre le mien et ma tête me fait mal à force de lever ma tête pour affronter son regard. Il ne cédera pas.

    —Tu voulais ces vacances autant que moi, mais tu n'avais jamais prévu de me demander de t'accompagner, n'est-ce pas, Liam ?
    —Peut-être qu'un jour ou l'autre on s'aimera.
    —Mais pas maintenant ?
    —Pas maintenant.

    Mon cœur se serre dans ma poitrine alors qu'il me sourit tendrement. Lorsqu'il tourne les talons, je suis incapable de bouger. Que venait-il de se passer ?

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant