Chapitre 13

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Lorsqu'il m'aperçoit, il sourit d'un air satisfait. L'état minable dans lequel je me trouve ne doit être que magnifique à savouré, et je le lui fournis sur un plateau. Pour seule réponse, il a le droit à un rire sincère et cinglant, suivi d'un vomissement sur ses chaussures parfaites. Sa satisfaction disparaît aussitôt alors que la mienne ne fait que naître.

    —Adaliah voulait te revoir avant que nous ne partions en lune de miel, finit-il par dire.
    —Crève, balbutiais-je d'un ton amer.
    —Je savais que c'était une mauvaise idée de venir mais elle a insisté. Tu te doutes bien que ce ne fût en rien mon idée que de...

    Peu importe ce qu'il aurait pu dire, je ne l'aurais pas laissé finir. Mon poing trouve le chemin jusqu'à son visage si naturellement que j'en suis moi-même surpris. Je ne suis même pas satisfait de ce coup, alors j'en envoie un autre. Et encore un autre. Une fois le troisième envoyé, il finit finalement par riposter et m'envoie directement sur le sol. Je ne ressens aucune douleur. L'alcool fait effet de barrière, si je puis dire. Je souris en tentant de me relever sans tituber. Contre toute attente, je le frappe encore une fois. Ses yeux sont noirs de colère.

    —Tu me l'as volé, crachais-je. Tu m'as menti dans le seul but d'arriver à tes fins.
    —Adaliah n'a jamais été à toi. Pas à une seule fois dans ta vie.
    —Je l'aime. Je l'aime bien plus que tu ne l'aimeras jamais. Je suis celui dont elle devrait porter le nom.
    —Alors pourquoi tu n'as rien fait pour arrêté la cérémonie ?

    Son ton est tranchant comme une lame. Son air dédaigneux me répugne. C'est à ce moment précis que je regrette le plus d'être sorti, d'avoir bu. Sobre, je l'aurais affronté du tac au tac et mes mots auraient eu bien plus de poids, de sens. Je me ridicule rien qu'en lui adressant la parole. Seulement, je sens le feu naître en moi. Ce feu dévorant qui ruine tout sur son passage et qui semble faire disparaître des effluves d'alcool, juste assez pour que mon poing ne s'écrase contre le nez de Minho.

    —Mais qu'est-ce que tu fais ? T'es complètement malade !

Adaliah.

    —Je t'aime, criais-je d'un ton désespéré. Je t'ai toujours aimé et je t'aimerai toujours.
    —C'est ça ton excuse pour l'avoir frappé ? Regarde dans quel état il est.

Premier pic.

    —Je t'ai peint. Encore et encore. Chaque partie de ton visage, dis-je en m'empêchant de vomir. Ton mari. Choi. Il a acheté tous mes tableaux. Je n'ai plus rien te concernant, à part mes souvenirs.
    —Ce que tu dis n'a aucun sens. Regardes-toi, tu es ivre, complètement misérable.

Deuxième pic.

    —Dis-moi que les choses se seraient passées différemment si j'étais resté, si on ne m'avait jamais envoyé dans cet établissement maudit. Dis-moi qu tu porterais mon nom aujourd'hui et pas le sien.
    —Non ! Non, répète-t-elle en attrapant le bras de son mari. Pourquoi est-ce que tu veux que je dise de telles choses ? J'aime Minho, et je n'aimerai personne comme je l'aime lui. Tu ne...

Elle s'arrête. Troisième pic.

    —Dans ce cas, dis-moi que tu ne m'aimes pas. J'ai besoin de te l'entendre dire. Je dois passer à autre chose. Regarde-moi dans les yeux et dis moi que tu me détestes.
    —Je ne peux pas faire ça.
    —Pourquoi pas ? Je ne suis rien pour toi. J'ai manqué ton mariage pour m'envoyer en l'air avec un inconnu, avouais-je. Je t'aime Adaliah mais je veux être capable d'aimer à nouveau. Je veux aimer quelqu'un d'autre que toi, quelqu'un qui est fait pour moi. Je veux aimer quelqu'un autant que tu aimes Minho. Si je ne peux pas t'avoir en tant que femme, alors je ne te veux pas du tout.
    —On vient à peine de se retrouver et tu veux déjà que je parte ? Je croyais que... je croyais que tu étais heureux de m'avoir retrouvé.
    —C'est la pire chose qui me soit arrivé. J'aurais préféré ne jamais te revoir, mentis-je.

    Ses pleurs me brisent encore un peu plus à chaque seconde. Je ne prends même pas la peine de lancer un regard à Minho. Tout cela doit se finir au plus vite, je sens les larmes perlaient au coin de mes yeux.

    —Maintenant, dis-le. Dis-le et pars. Tu as un mariage a consumé.
    —Que veux-tu que je te dise ? Je ne veux pas que tu partes. Je ne veux pas te perdre à nouveau.
    —Il le faut. Je ne reviendrai pas.
    —Tu avais déjà dit ça mais tu es revenu. Tu es revenu chez toi et...
    —Ton village n'est plus le mien depuis des années déjà. Je suis revenu uniquement pour le testament de mon père, dis-je d'un ton froid. Je ne suis pas revenu pour te voir, pour avoir ton bonheur qui m'éclate au visage. Te revoir n'a fait que brisé mes espoirs et c'est peut-être mieux ainsi. Maintenant, s'il te plaît, dis-le. Achève-moi.
    —Je ne peux pas.
    —DIS-LE !

    Le monde semble s'être arrêter de tourner. Je dois me concentrer pour resté éveillé, pour comprendre ce qui va se passer. Je ne dois pas oublier ses mots. Je dois les retenir, les passer en boucle dans ma tête. C'est la fin d'une histoire qui n'a jamais commencée. Je n'avais imaginé que ce serait aussi douloureux que si elle était vraiment arrivée.

    —Pourquoi t'infliges-tu ça ?

Sa voix n'est plus qu'un murmure presque recouvert par ses reniflements.

    —Je me suis infligé bien pire en croyant en nous. À l'heure actuelle, je te demande simplement d'abréger cette souffrance. Laisse-moi partir, laisse moi t'oublier, la suppliais-je.
    —Je serais toujours là pour toi.
    —J'espère que non, réponds-je simplement.
    —Je te déteste.

Ses mots n'ont jamais sonné aussi faux, ce qui m'aurait presque fait sourire si la colère mélangée à la douleur ne déformait pas déjà mes traits.

    —Dis-le encore.

    Elle lâche le bras de Minho, l'air plus confiante. Son visage est couvert de larmes alors qu'elle ferme ses poings. Je songe un instant au fait qu'elle veuille me frapper, mais lorsqu'elle prend une grande inspiration, je comprends alors qu'elle s'arme de courage pour prononcer les mots qui vont suivre.

ADALIAH [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant