En arrivant à ma voiture, j'étais trempé jusqu'à mon boxer. Prendre des vêtements de rechange aurait été sage de ma part mais dans la folie de mon départ, je n'ai attrapé que mon téléphone, mon chargeur et les clés de ma voiture. Je n'ai même pas prévenu Elizabeth de mon départ. En frappant chez moi ce soir, elle pensera sans doute que je suis mort. J'imagine d'ici son inquiétude devant mon absence de réponse. Je décide donc de lui envoyer un message pour la prévenir.
Lorsque quelqu'un frappe à ma vitre, je sursaute. Ça ne pouvait pas être possible. Tout cela ne devait être que le fruit de mon imagination. Adaliah.—Ouvre-moi cette fichue porte, il pleut au cas où tu serais devenu aveugle.
Je lui ouvris.
—Il faute que je te parle.
—Je ne suis pas d'humeur, Ada. Rentre chez toi auprès de ton mari. J'ai déjà eu mon trop-plein d'émotions pour la semaine à venir.
—Non. Je ne rentrerai pas avant de t'avoir dit ce que j'ai à te dire. La dernière fois que je t'ai vu, tu m'as dit que tu m'avais peint. Minho m'a montré ces tableaux. Ils sont magnifiques et j'ai été surprise de voir à quel point tu étais doué.
—Viens en aux faits, Ada, dis-je en passant une main sur mon visage.
—Jamais je n'avais pensé avoir eu un tel impact dans ta vie. Je n'ai jamais envisagé que je puisse avoir compté pour toi à l'époque. Nous n'étions que des adolescents.
—Je savais déjà que tu étais la seule femme que je n'aimerai jamais.
—La dernière fois que je t'ai vu, tu m'as demandé de te dire que les choses auraient été différentes si tu étais resté.
—Tu m'as dit que non, lui fis-je remarquer.
—Je sais, répond-elle avec un sourire triste. Rien n'aurait été différent. Je voulais rester ici et devenir professeur des écoles, et toi rêvais de grandes villes et d'évasion. Nous n'avons jamais envisagé le futur sous le même angle, ça n'aurait jamais fonctionné entre nous.
—Ce village n'est un enfer que parce que j'ai dû le quitter. Si j'étais resté, j'aurais appris à l'apprécier autant que toi.
—Non, souffla-t-elle. Ton père n'était jamais là et ta mère n'a jamais voulu de toi. Resté dans ce village t'aurais rendu fou. Remettre tes rêves en cause pour moi n'aurait fait que me rendre malheureuse et coupable. Partir a été la meilleure chose qui ait pu t'arriver. Tu es devenu un homme nouveau.
—Je suis devenu un homme nouveau pour toi, pour te plaire.
—Liam.Je ne comprenais pas le sens de ses mots, le but de sa présence ici. Son ton était doux, empli d'une gentillesse qui n'avait pour but que de me réconforter. Pourtant, ce n'était en rien le cas. Adaliah ne faisait que rouvrir une blessure dont elle était à l'origine et je n'avais pas la force de l'arrêté. Je l'écoutais me dire à quel point notre histoire n'a toujours été et sera à jamais fictive, à quel point elle n'a jamais existé que dans ma tête. Je l'écoute sans même la regardé, comme si tout cela n'était que le pur produit de mon imagination.
—Je sais que tu étais avec Stanislas le soir du mariage, finit-elle par dire.
Je tourne enfin ma tête vers elle. Il avait sans doute dû en parler à Minho.
—Est-ce que tu veux m'en parler ?
Son ton se voulait amical et ses yeux étaient remplis d'espoir. En la voyant ainsi, je ne pus retenir mon rire. Je devais être au cœur d'un film ou le personnage principal d'un film pour que tout me semble aussi insensé. Adaliah, Ada, l'amour de ma vie, qui me demande de lui parler de Stanislas, l'homme avec lequel je me suis envoyé en l'air dans le but premier de l'oublier elle ? Ça ne peut pas être possible.
Mon rire était cinglant et Adaliah, elle, semblait désespérée et presque vexée de ma réaction. Lorsque j'arrive enfin à retrouver mes esprits, je lui réponds d'un ton plus tranchant que je ne l'aurais voulu.—Je ne vois pas en quoi le fait de savoir avec qui je couche est important à tes yeux.
—Stan semble t'apprécier. Je voulais simplement savoir si c'était...
—Réciproque ? la coupais-je. J'ai passé les dix dernières années de ma vie à espérer une histoire entre toi et moi. Stanislas est quelqu'un de bien, de bien mieux que moi. Il mérite quelqu'un qui l'aime autant que je t'aie aimé toi, alors non. Non, Adaliah, ça ne peut pas être réciproque. Je ne peux pas l'aimer. Je ne dois pas l'aimer.Elle n'ajoute rien. Que pourrait-elle bien dire de toute façon ? Ses mots n'auraient aucune valeur, de même que sa présence ici. Je ne cherche même pas à savoir comment elle m'a trouvé, ni même les vraies raisons qui l'ont poussé à venir. Tout ça ne m'intéresse pas. Je ne suis pas venu ici pour elle. Elle ne devrait pas être là. Sa présence ne rend ma vie qu'encore plus compliquée et je n'avais pas besoin de ça. Encore moins aujourd'hui.
—Rentre chez toi, Ada, soupirais-je. Je ne plaisante pas. Je vais reprendre la route.
—Tu ne veux pas qu'on aille dîner ou que je t'apporte des vêtements ?
—Quoi, les vêtements de ton mari ? dis-je d'un ton moqueur. Sors d'ici, je n'ai plus rien à te dire.
—Liam, je suis...
—Ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà. Sors d'ici Adaliah. Tu n'aurais jamais dû venir.Elle ouvrit la porte et me lança un dernier regard. Elle n'avait pas besoin de le dire, je savais qu'elle était désolée. Seulement, je ne l'excusais pas. Peut-être que c'est ce que Stan ressent lui aussi. Peut-être qu'il aimerait me pardonner mais qu'il n'a tout simplement pas la force de le faire.
En arrivant chez moi, je me sens délivré. La douche détend mes muscles et mes pensées se vident. J'ai fait et dit tout ce qui m'empêchait de dormir la nuit. Je n'ai plus de raison de faire les cent pas dans mon appartement, je n'ai plus de raison de passer des heures à chercher comment m'excuser, je n'ai plus de raison de destinée mes pensées à Adaliah ou à Stanislas. Pour la première fois depuis des mois, je n'ai personne en tête. Je retrouve cette solitude qui m'avait tant manqué et dont j'ignorais avoir besoin.
Une fois allongé dans mon lit, mes yeux se fermèrent rapidement et je ne vis rien d'autres que quelques moutons sautant par-dessus une clôture.
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ADALIAH [bxb]
RomanceLiam Leclerc, artiste peintre reconnu à seulement 27 ans, n'a jamais cessé de rêver d'Adaliah, sa muse insaisissable, bien qu'il ne l'ait vue que dans ses visions nocturnes. Mais lorsqu'il apprend la mort de son père, il se voit contraint de revenir...