J'ai demandé à Stanislas de m'épouser le jour de nos trois ans de relation. Encore une fois. Je voulais qu'il porte mon nom, et mieux encore, je voulais une lune de miel à ses côtés. Fort heureusement pour moi, cette fois, il a bel et bien accepter et nous nous sommes mariés en comité restreint : ses parents, Elizabeth et son conjoint, Minho. Ça n'a pas été étrange entre nous, au contraire. Lui et moi nous sommes retrouvés comme deux bons vieux amis, sans aucune animosité, même si aucun de nous n'avait fait le deuil d'Adaliah. Comment aurions-pu ? Elle est inoubliable, et notre entourage le sait. Minho a été veuf à un âge où certaines personnes n'ont pas connu leur grand amour. Son cœur, ou plutôt chacun de ses morceaux, est à prendre. Ma mère, quant à elle, est morte l'année qui a suivi mon départ et ne saura jamais que je me suis marié. Comme elle l'a souhaitée, je ne suis pas venue la voir. Je me suis contenté de faire envoyer des fleurs, sans un mot.
Je dois reconnaître que les Etats-Unis ne sont pas le pays dont je rêvais le plus. J'aurais nettement préféré vivre en Europe, ne serait-ce que pour mon art. Si mes tableaux se vendent correctement sur le marché américain, il y a quelque chose que je ne saurais expliqué qui fait que le marché européen était nettement plus intéressant, plus passionnant. Ou bien, peut-être est-ce simplement moi qui suis nostalgique, encore une fois. Quant à Stanislas, il a décidé de continuer ses affaires avec Minho. Seulement, ces derniers sont devenus associés. De ce fait, il arrive que Minho vienne quelques jours, par-ci, par-là. Lorsque je sais qu'il vient, je m'arrange pour qu'Elizabeth vienne, elle aussi. Ainsi, nous sommes tous plongés dans le travail et rien n'est sujet à conflits.
J'ai longtemps cru que mon art était la chose que j'avais accomplie de mieux dans ma vie. Désormais, si vous me demandez la chose dont je suis le plus fier, eh bien, je n'aurais aucun doute à vous répondre : ma famille. Stanislas. Milo. Jeanne. Et moi. Nous ne sommes que quatre, pour l'instant.
Nous avons d'abord adopté Milo dans l'Etat de New-York, qui n'était âgé que de deux ans. Puis, lorsque Milo a eu quatre ans, nous avons décidé d'avoir recours à la gestation pour autrui ici-même, en Floride. C'est de cette façon que Milo est devenu le grand frère d'une merveilleuse petite fille, Jeanne. L'idée d'être parents nous a fait plus peur que nous l'aurions pensé, mais nous savions qu'être deux ou trois ne serait pas suffisant. Stanislas et moi avons de l'amour à donner, et c'est un sentiment indescriptible que de le donner à des enfants, à nos enfants.—Tu es sûr que tu en veux un troisième ? soupire Stan en s'asseyant dans le canapé à mes côtés.
—Il est déjà trop tard, tu sais. Que se passe-t-il, cette fois ? Milo a encore tiré sur les cheveux de Jeanne ? dis-je en me moquant.
—Non, sur les miens cette fois. Il voulait vérifier que je ne portais pas de perruque. Pourquoi diable porterais-je une perruque, Liam ?
—C'est étrange que ce ne soit pas Jeanne qui ait tiré sur tes cheveux. Après tout, c'est elle qui a certains de tes gênes et on sait tous les deux à quel point tu aimes tirer les cheveux des autres.Il me regarde avec un sourire en coin, les yeux déjà plein de désir. Il attrape ma main et laisse retomber sa tête contre le canapé. Il semble épuisé. Je reconnais qu'être parents n'a rien de réellement reposant. Toutefois, je n'échangerai ma place pour rien au monde. J'ai construit de nouveaux rêves autour d'eux, autour de ma famille, et j'ai l'envie de tout faire pour qu'ils se réalisent. Ils m'ont donné une raison de vivre, de me battre. Stanislas, quant à lui, est un père absolument merveilleux. Il lit aux enfants une histoire avant qu'ils ne dorment, il tente vainement de faire des gâteaux avec eux, et leur fait régulièrement écouter des histoires pour enfants en français.
—Je suis sûr qu'il aura tes yeux. Je veux que cet enfant ait tes yeux, se reprend-il. Tu es sûr que tu ne veux pas savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon ?
—Certain, Stan. Il faut garder un petit peu de mystère.
—Bien. Léon, si c'est un garçon.
—Roxane, si c'est une fille.Il y a quelques années de cela, jamais je n'aurais pensé que ma vie serait ainsi : une jolie maison aux Etats-Unis, bientôt père de trois enfants, marié avec un homme tout à fait charmant. Rien de ma vie actuelle ne correspond pleinement aux rêves que j'avais et pourtant, c'est tout ce dont j'ai envie, tout ce dont j'ai besoin.
Avant d'aller dormir, Stan et moi regardons dans les chambres des enfants. Milo n'est pas dans son lit, mais est couché devant le lit de sa petite sœur, comme s'il cherchait à la protéger de quelque chose. Son visage innocent me fait sourire. Je pose ma tête contre l'épaule de Stanislas. Ces enfants sont tout ce que nous avons de plus précieux. Si je ne les avais pas eus avec lui, alors je n'en aurais pas eu. C'est certain.—Est-ce que tu m'aurais tendu la main si tu avais su qu'on arriverait là ? demandais-je.
—Je t'aurais tendu les deux si ça avait pour but de nous conduire plus rapidement jusqu'ici.Il m'embrasse sur le front et s'avance pour prendre Milo dans ses bras. Il râle lorsque nous le remettons dans son lit mais se rendort rapidement, pour notre plus grand bonheur. Une fois dans notre lit, Stanislas ne perd pas un instant et m'embrasse dans le cou, partout sur le visage. Il glisse ses mains sous mon tee-shirt et me murmure des mots crus à l'oreille.
Son corps au-dessus du mien et son regard plongeant dans le mien, je sais que mon cœur ne cessera jamais de s'éprendre du sien : à chaque regard, à chaque toucher, à chaque baiser. Je suis condamné à l'aimer, et je dois reconnaître que c'est la sentence dont j'ai toujours rêvé.FIN.

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ADALIAH [bxb]
RomantizmLiam Leclerc, artiste peintre reconnu à seulement 27 ans, n'a jamais cessé de rêver d'Adaliah, sa muse insaisissable, bien qu'il ne l'ait vue que dans ses visions nocturnes. Mais lorsqu'il apprend la mort de son père, il se voit contraint de revenir...